500ème de mon blog Exploration spatiale et victoire politique d’Elon Musk

Ce Samedi je veux célébrer le 500ème article de mon Blog « Exploration spatiale ». Je suis très heureux de pouvoir le faire au moment où Elon Musk acquière une force d’influence considérable aux Etats-Unis et peu après la diffusion de mon livre « Franchir sur Mars les Portes de l’Espace ».

Ce blog a commencé le 4 Septembre 2015* grâce au journal Le Temps (Genève, Lausanne) qui ouvrait ce même jour une plateforme « www.letemps.ch », dédiée à des bloggeurs choisis par leurs journalistes. Le journaliste qui m’a invité à y participer est Emmanuel Gehrig, dont les lecteurs du Temps se souviendront (il est aujourd’hui porte-parole du Service de la communication de la ville de Neuchâtel). Je lui en suis toujours infiniment reconnaissant, ainsi qu’au Temps bien sûr puisqu’ils m’ont ouvert cette longue « carrière » journalistique dans laquelle je suis toujours, ayant continué mon blog à titre personnel après que Le Temps a fermé sa plateforme fin juin 2023.

*Voir lien ci-dessous.

Le rythme a toujours été d’au moins un article par semaine. Mes lecteurs fidèles en connaissent le thème mais je profite de la présente occasion pour le rappeler.

Il s’agit de vous parler d’Espace et d’en discuter avec ceux qui le veulent bien et qui de ce fait contribuent au Blog*. L’« Espace » pour moi, ce n’est pas l’Espace proche, la Station spatiale et les satellites de télécommunications ou plus généralement « l’Espace pour la Terre ». L’Espace pour moi, c’est l’Espace profond, c’est l’Espace des navigateurs et des aventuriers, c’est l’Espace de ceux qui veulent essaimer « ailleurs » pour créer une nouvelle branche de notre civilisation humaine, avec tout ce qu’elle a de meilleur dans ses différentes versions.

*Ces échanges sont un enrichissement pour tous et c’est le grand mérite de ce nouveau type de média. Je n’oublie pas par ailleurs qu’en quelques occasions j’ai eu le plaisir de laisser la plume à certains d’entre vous (Christophe de Reyff, Pierre-André Haldi) en raison de leur expertise particulière.

Notre regard se tourne naturellement vers l’« Ailleurs », au-delà de l’horizon, car c’est là que se joue le destin de l’homme, depuis toujours, plus précisément depuis que quelques individus, homo sapiens comme nous, ont décidé il y a près de 200.000 ans de quitter leur berceau d’Afrique Orientale pour réaliser leur rêve de découverte et d’abondance, ou encore à nouveau, dans la 2nde partie du 15ème siècle, lorsque Henri le Navigateur se posa tout au bout des terres les plus occidentales d’Europe, dominant l’Océan du haut de son château du Cap Sagres pour mieux en ressentir l’immensité tout en rêvant de pouvoir un jour le traverser et aborder de « l’autre côté ».

Aujourd’hui « ailleurs » c’est d’abord Mars, la planète accessible la moins différente de la Terre et où nous pouvons penser pouvoir vivre grâce à nos technologies dont le développement nous a toujours portés. Comme au 15ème siècle, beaucoup de nos contemporains ne voudront pas quitter leur petit confort, leurs petites habitudes, le cercle social dans lequel ils sont nés, où ils se sont épanouis, où ils se sont fait connaître, où ils ont « réussi ». Mais pour d’autres, la tentation du grand large, de l’aventure, sera trop forte et malgré les dangers, malgré l’inconfort, malgré les contraintes, ils partiront.  

Pour concrétiser ce rêve, il faut d’abord le situer, le préciser. Quel est notre environnement spatial ? Que peut-on espérer découvrir au moyen de nos observatoires ? Que peut-on, à l’intérieur de cet Univers extraordinairement vaste, espérer atteindre physiquement, que ce soit par nos sondes robotiques ou par nos vols habités ?

Il faut ensuite, savoir de quels moyens on dispose, en astronomie, en astrophysique, en astronautique, mais aussi en techniques de support-vie, en robotique, en techniques agricoles, en biologie, en médecine, et bien sûr en informatique et en télécommunications.

Ce sont tous ces sujets que je m’efforce de traiter depuis près de 10 ans, pour mieux comprendre moi-même, faire comprendre aux autres et partager. Je reconnais que c’est très ambitieux mais comment faire autrement quand on est dévoré par cette passion de comprendre et que l’on n’a qu’une seule vie et qu’une seule tête.

Lisez mon blog. Lisez les articles déjà publiés. Lisez aussi mon livre, « Franchir sur Mars les Portes de l’Espace » qui exprime la quintessence de ce que je sais et ce que je pense, bien exprimé dans ce titre que j’ai choisi. Accompagnez-moi dans ce voyage fabuleux, par la pensée avant de pouvoir le faire concrètement si vous êtes suffisamment jeunes pour pouvoir l’espérer.

La victoire de Donald Trump aux élections présidentielles américaines ce mercredi, est une heureuse coïncidence avec ce moment charnière pour moi, car son ami Elon Musk va avoir un rôle à jouer en politique, donc au niveau décisionnel. Aujourd’hui, la porte est ouverte pour la conquête martienne et je m’en réjouis. Je sais que le Starship présente des défauts, son monolithisme, son atterrissage vertical, l’incertitude sur la source de son énergie interne. Mais enfin il vole et c’est l’essentiel. L’évolution biologique fait la même chose avec les diverses formes de vie, que ce que nous devons faire avec ce vaisseau : faire avec ce que l’on a et l’adapter pour que « ça marche ».

Congrats Elon, and On to Mars!

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Illustration de titre : couverture de mon livre, « Franchir sur Mars les Portes de l’Espace ».

Liens :

Premier article de mon blog (04/09/2015) : Ouverture

Index des 500 articles : Index L’appel de Mars 24 11 06

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Mon livre, Franchir sur Mars les portes de l’Espace, est disponible chez amazon.fr, chez payot.ch sur le site fnac.com, chez Google books (en e-book), sur le site de mon éditeur, le Lys Bleu éditions.

Vous pouvez aussi le commander chez votre libraire. Si vous rencontrez un problème, n’hésitez pas à m’en faire part (voir plus bas).

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28 réponses

  1. Sincères félicitations tour d’abord pour ce « 500ème » (comme le temps passe) et meilleurs vœux pour la suite de cette odyssée éditoriale!
    Dommage seulement d’y mêler une nouvelle fois encore des considérations politiques que l’on n’est, de loin pas, pas obligé de partager. « La victoire de Donald Trump aux élections présidentielles américaines ce mercredi, est une heureuse coïncidence », Hum, « heureuse » vraiment? Être passionné par l’aventure spatiale n’empêche pas de garder un esprit critique sur les affaires de ce monde, qui semble de plus en plus partir à la dérive malheureusement. Voir un homme politique grossier et vulgaire, menteur et affabulateur invétéré, narcissique pathologique, condamné par ailleurs par la justice pénale de son pays (même s’il va maintenant échapper pendant 4 ans au moins aux poursuites les plus graves, en particulier celles liées à sa tentative de renverser les résultats de l’élection de 2020, violant ainsi son serment solennel de défendre la Constitution des Etats-Unis) est tout sauf une « heureuse » nouvelle.
    Je ne comprends pas d’ailleurs le soutien appuyé que lui apporte Elon Musk. Serait-ce parce qu’il en attend un retour pour ses projets? Il pourrait vite déchanter. Trump n’est nullement intéressé par l’exploration spatiale, sauf si cela peut servir son ego, il ne faut pas être naïf. Ce n’est pas pour rien qu’il avait redirigé le programme Artémis vers la Lune en fixant l’objectif d’un retour des « Américains » sur notre satellite naturel en 2024 … soit juste avant la fin de ce qu’il espérait être son deuxième mandat (!); heureusement pour lui finalement que Biden l’a battu dans l’élection de 2020, ce qui lui laisse maintenant encore une chance de répéter, avant 2028 cette fois, le coup de fil historique de Richard Nixon depuis le Bureau Ovale, comme il l’espérait. Trump ne connait rien aux affaires spatiales, bien moins en tout cas que Kamala Harris («As chair of the National Space Council, Harris has been a leading advocate of getting astronauts back to the moon to build a lunar base ). Son “intérêt” pour les affaires spatiales a bien été illustré par le coup de fil de félicitation qu’il a passé à Elon Musk après le 5ème test du Super Heavy/Starship; non seulement il a dû faire préciser à Musk qu’il n’y avait pas d’équivalent au Staship ailleurs dans le monde, mais encore, lorsque le programme « Starlink » a été évoqué dans le cours de la conversation, il a dû demander de quoi il s’agissait! Outre que le clash entre deux personnages à l’égo démesuré est quasi programmé à terme, Musk devrait se méfier: si le programme Artémis prend du retard, et en plus que le Starship y soit pour quelque chose, Trump « tirera la prise » sans aucun état d’âme s’il ne voit plus la possibilité d’en tirer une gloriole personnelle. Pour la même raison, Trump ne s’intéressera et ne soutiendra en aucun cas à un programme martien, dont l’aboutissement se produirait bien après qu’il ait quitté le Présidence US!

    1. Je ne suis évidemment pas aussi pessimiste, comme je l’ai déjà souvent exposé.
      Une seule précision/ajustement que je voudrais faire. Cela concerne le fameux « blitz » au cours duquel le Capitole a été saccagé.
      Pour moi, il résulte d’un débordement imprévu d’une pratique qui était commune aux États-Unis jusqu’alors. Pendant des années, tous les ans, Robert Zubrin lui-même a organisé ce qu’il appelait lui même des blitz contre le Capitol. Il s’agissait de réunir un groupe de membres de la MarsSociety à l’extérieur du bâtiment et de partir ensemble pour contacter le maximum de représentants ou sénateurs pour leur parler de Mars (NB Robert Zubrin n’a pas organisé de nouveaux blitz depuis 2020) dans le minimum de temps.
      C’était ça le Blitz, c’est du lobbying.
      La seule chose qui s’est passée lors du blitz post électoral de 2020, c’est qu’on a eu affaire à une orde d’exités qui étaient furieux parce qu’ils étaient convaincus qu’il y avait eu fraude (ce qui n’est pas invraisemblable vues les conditions dans lesquelles se passe le vote dans certains états). Le saccage n’a pas été ordonné par D.Trump, il s’est produit hors de contrôle (NB: je ne dis pas que ceux qui l’ont commis n’étaient pas de vrais sauvages).

      1. Le « blitz » (!!) en question a bel et bien été initié par Trump, qui n’a rien fait pour l’arrêter avant la fin de l’après-midi malgré les injonctions de plusieurs de ses proches, comme cela a été reconnu par la justice « américaine » après une longue instruction (inculpé de «complot contre les institutions américaines» et d’«atteinte au droit de vote» des électeurs). Et qui donc autre que Trump a propagé le mensonge de fraude électorale (même dans les Etats tenus alors par les Républicains, il été reconnu que les élections avaient étés « fair » et honnêtes), mensonge qui a enragé les attaquants du lieu sacré entre tous aux Etats-Unis qu’est le Capitole? Rappelons que ce « blitz » a causé des morts et aurait bien pu en provoquer d’autres, certains élus ayant été très directement menacés de mort (dont le Vice-Président Pence!)! Il faut arrêter de minimiser des événements d’une extrême gravité; à ma connaissance, Trump a été le seul Président US à tenter de se maintenir au pouvoir par la force, violant ainsi le serment prononcé lors de son investiture.
        Mais l’important dans le contexte de ce blog était de relever que Trump n’est PAS passionné par l’espace contrairement à l’illusion que certains se font, un domaine (entre autres!) qu’il ne connaît absolument pas comme il l’a démontré (de nouveau, Kamala Harris était bien mieux qualifiée sur ce plan) et pour lequel il n’a absolument aucun intérêt si cela ne lui apporte rien sur le plan personnel.

        1. Bon, nous ne sommes pas d’accord sur le blitz de janvier 2021 et nous ne sommes pas d’accord non plus sur Kamala Harris.
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          Ceci dit je ne suis pas naïf et sur le plan astronautique je pense aussi qu’Elon Musk a intérêt à ne pas décevoir Donald Trump qui s’intéressera aux résultats (pour commencer, le succès d’Artemis 3) beaucoup plus qu’aux moyens. Il y a cependant une action parallèle qui pourrait lui etre confiée et l’aider à continuer son projet spatial malgré les difficultés, c’est la réforme de l’Etat américain qui sur le plan de la complexité administrative en a bien besoin. Elon Musk a démontré qu’il savait ce qu’efficacité voulait dire et il peut sur ce plan apporter une belle amélioration à la situation actuelle en simplifiant les réglementations et en maîtrisant la bureaucratie gouvernementale devenue folle (comme dans d’autres pays).
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          Restons en donc à l’astronautique et à la conquête de Mars qui aujourd’hui se présentent pour le Starship sous les meilleurs auspices.

    2. M. Haldi, je suis assez d’accord avec vous sur Trump, ses nombreux défauts et son désintérêt manifeste concernant l’exploration spatiale. Sauf, si titillé par l’avance chinoise en astronautique, il prenne Musk et ses projets plus au sérieux.

    1. Pour ma part je reste tres eloigne des considerations politiques: dans ce projet Martien je prefere ne considerer que l avancement des travaux et les resultats et il est vrai que la position des democratres aux USA m est apparue tres eloignee de la conquete spatiale dans un contexte de competition avec la Chine.
      je persiste a penser que la version actuelle de starship est trop petite sans tomber dans le qualificatif de gigantisme que me pretait Pierre Andre Hadli il y a quelques temps.
      Piere BRISSON : un grand bravo pour vos 500 ans!!!

      1. Merci Niogret.
        Puisqu’on parle d’années, songez donc que 500 ans c’est à peu près le temps qu’il faudrait pour rejoindre Betelgeuse, l’une des étoiles massives les plus proches du Soleil, à la vitesse de la lumière !

  2. 200000ans l homosapiens oui ! grace aux etudes portant sur le chromosome Y nous avons pu remonter tout l arbre dans les deux sens…nous sommes apparus probablement a la suite d une mutation…fortuite et imprevisible…ce qui repose le pb de l apparition de formes technologiques de vie dans l univers fruit du hazard .

  3. 500 ans pour atteindre Bételgeuse : sera-ce un jour possible ? Sans la cryogénisation je ne vois pas comment. Ceci dit, les recherches avancent pas à pas. Les chinois s’y intéressent et progressent (pas obligatoirement dans le cadre de la conquête spatiale) et une équipe franco-britannique a développé une protéine antigel évitant la formation de cristaux de glace lors de la congélation. Sans des avancées conséquentes dans ce domaine (entre autres), on ne peut que rêver de voir que l’Homme puisse un jour voyager « vers l’infini et au-delà ». Mars, une simple étape pour l’homme du futur ?
    Pierre Brisson, bravo pour votre 500ème.

    1. Merci Dominique,
      Je dirais plutôt au moins 2500 ans pour atteindre Betelgeuse. L’étoile se trouve bien à 500 années lumière mais on ne pourra jamais se déplacer à cette vitesse (cela supposerait n’avoir aucune masse). Au mieux on peut espérer atteindre 20% de cette vitesse, ce serait déjà beaucoup.
      .
      La cryogénisation, peut-être un jour. Mais si on voyageait dans ces conditions, il faudrait accepter de se couper totalement de la société d’où l’on vient.

      1. M. Brisson, « au moins 2500 ans pour atteindre Betelgeuse » à 500 années lumière, en effet, mais pratiquement, cela s’apparente toujours à de la science-fiction !
        Cela me donne un prétexte pour évoquer une récente et excellente bd de science-fiction, intitulée « L’héritage fossile », où l’auteur, Philippe Valette, raconte et dessine un voyage d’une durée de 20.000 mille ans vers une planète habitable à coloniser, par quatre astronautes, accompagnés d’embryons. Ces astronautes sont réveillés de leur biostase tous les 25 ans pendant 5 jours pour des travaux de maintenance du vaisseau. Après deux siècles, la Terre ne répond déjà plus. Malgré tout, 2 astronautes et un seul embryon, survivants à ces millénaires de voyage se posent en catastrophe sur la planète. Cependant, l’expédition oubliée a été dépassée, et « des hommes ont eu le temps de faire mieux, des millénaires pour prospérer et tout autant pour disparaître », en ne laissant que quelques vestiges sur une planète devenue quasi morte…

        1. « … cela s’apparente toujours à de la science-fiction », je dirais même plutôt à de la « fantaisie-fiction ». Que la durée du trajet soit de 2450 ans plutôt que 2500 (!) selon les hypothèses faites est donc totalement anecdotique ici, puisqu’un tel voyage est de toute façon absolument hors de portée. Dans le cadre d’un traité d’astronautique dont je suis en train de finaliser la rédaction, j’ai effectué différents calculs qui montrent que quel que soit le mode de propulsion envisagé, les énergies qui devraient être mis en oeuvre pour amener un véhicule spatial à des vitesses proches de vitesses relativistes seraient proprement … « astronomiques » :-)! Et comment assurer en plus l’alimentation en énergie (et autres) des systèmes vitaux d’un tel engin sur de si longues périodes? Où puiserait-on cette énergie dans le vide interstellaire? Mais ce n’est pas tout: il est complètement illusoire d’espérer qu’un quelconque système techniques, surtout complexe, puisse atteindre une durée de vie de plusieurs millénaires, sans possibilité de réparations importantes ou de remplacement par ailleurs. Enfin, sans parler des problèmes éthiques que soulèvent les « solutions » envisagées, il faut considérer encore une question que Monsieur Brisson a souvent évoquée sur ce blog, qui est que toute entreprise spatiale qui demande un financement important n’est envisageable que si les bailleurs de fonds potentiels, publics ou privés, sont assurés d’un « retour sur investissement » potentiellement intéressant. Or dans ce cas ni les investisseurs en question, ni même leurs descendants directs, ne verraient jamais l’aboutissement de l’entreprise qu’ils auraient contribué à financer, et ne sauraient même pas si elle n’aurait pas été simplement perdue corps et biens. Je doute qu’on trouve jamais beaucoup d’intéressés à financer une entreprise aussi coûteuse et aléatoire dans ces conditions!

  4. Mes chaleureuses félicitations pour ce cap passé avec 500 publications !
    Cela fait déjà un fort gros catalogue, sinon un beau palmarès, dont M. Brisson pourrait à juste titre s’enorgueillir. Mais je sais qu’il ne va pas en rester là et va « remettre la mise » pour les années qui viennent. On s’en réjouit déjà.
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    Concernant la relativité, implicitement évoquée ci-dessus, elle est un peu plus subtile que mentionnée.
    Chacun connaît les deux conséquences de la relativité restreinte : dilatation des durées et contraction des longueurs pour un mobile ayant une vitesse élevée, dite « relativiste ». Autrement dit, plus un objet se meut rapidement, plus la distance à parcourir vers le but se raccourcit pour lui et plus la durée de parcours se raccourcit aussi, son temps propre se dilatant, cela étant vu du mobile.
    Ainsi, pour tout objet massif, sa vitesse, si elle devient élevée proche de c − on la dira « relativiste » − fait que la grande distance à parcourir, vue de la Terre, se raccourcit pour lui et que la durée est longue pour nous qui l’observons, mais d’autant plus courte pour le voyageur qui a une grande vitesse. Par exemple, c’est le cas des fameux muons, détectés au sol et qui sont issus de collisions très énergétiques (plusieurs GeV) entre les rayons cosmiques et les molécules d’azote et d’oxygène de l’air dans la haute atmosphère, en moyenne à environ 35 km d’altitude. Sachant que leur durée de vie (mesurée au repos, et donc celle de leur temps propre) est de seulement 2,2 microsecondes, ils ne pourraient parcourir que 660 m à leur vitesse énorme de 99,98% de c, due à leur énergie cinétique de plusieurs GeV. Or, pour nous observateurs, ils parcourent bel et bien 35 km pour qu’on puisse les détecter sur Terre, et leur durée de vie pour nous observateurs semble être de 117 microsecondes au lieu des 2,2 microsecondes dans leur temps propre. Pour eux, dans leur référentiel, ils n’ont voyagé que durant 2,2 microsecondes et n’ont parcouru que 660 m, pour nous, dans notre référentiel, ce déplacement se fait durant 117 microsecondes et sur 35 km.
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    Ainsi, il n’est pas correct de dire qu’il faudrait 500 ans pour atteindre Bételgeuse quasiment à la vitesse de la lumière (cela est vrai, vu de la Terre, mais pas du tout pour le voyageur), ni qu’avec une vitesse à 20% de c, il faudra 2500 ans et que le parcours à faire sera de 500 AL. Ce sera un peu moins de 2500 ans et un parcours d’un peu moins de 500 AL pour le voyageur, car, pour toute vitesse relativiste, la distance à parcourir et le temps de vol se raccourcissent pour le référentiel du voyageur. À 20% de c, l’effet est encore minime, mais l’espace à parcourir n’est plus que de 98% de 500 AL, soit 490 AL, et le temps nécessaire non pas les 2500 ans vus de la Terre, mais 2450 ans vus du voyageur. Il faudrait aller encore bien plus vite pour ramener la durée du voyage à quelques années. La question cruciale est bien sûr de comment arriver à une telle vitesse. En accélérant continûment avec un poussée constante agréable de 1 g, on calcule qu’on peut atteindre déjà 33% de c en seulement 4 mois. On a naguère discuté ici cette question, en supposant qu’on disposerait d’un moteur « idéal » capable d’assurer dans la durée cette poussée qui accélérerait la fusée jusqu’à mi-parcours et, après retournement, décélérerait la fusée pour l’autre demi-parcours. Sans tenir compte des colossaux, et actuellement insurmontables, aspects de carburants et d’énergie à mettre en jeu, pour atteindre Bételgeuse, on peut calculer la vitesse maximale atteinte à mi-parcours qui serait de 99,9993% de c et la durée du voyage qui serait de seulement de deux fois 6 ans, soit 12 ans de voyage pour la fusée dans le temps propre du voyageur, mais de 502 ans, dans notre temps, soit vu de la Terre. Avec cette même « recette », Proxima Centauri notre plus proche voisine, à un peu moins de 4,3 AL d’ici, serait atteinte en 3 ans et demi pour le voyageur, mais en près de 6 ans vu de la Terre, la vitesse maximale atteinte à mi-parcours étant de 95% de c. Ce ne sont évidemment que des vues de l’esprit, du moins à l’heure actuelle.

    1. Merci Monsieur de Reyff pour vos félicitations et vos encouragements!
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      Vous avez raison de préciser ce qu’il faut savoir des effets de la vitesse sur le temps.
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      Sur Terre, nous partageons pratiquement le même temps mais il est important de savoir qu’en réalité il n’est pas le même pour toutes les vitesses.
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      La seule chose qui soit intangible, c’est la vitesse de la lumière. Mais ce qui est prodigieux c’est que, bien que sans masse, les photons peuvent être contrôlés par la force de gravité d’un trou noir.

  5. J’adresse à Messieurs Brisson, Haldi et De Reyff toute ma reconnaissance pour les connaissances avancées qu’ils mettent à notre disposition. Pour moi aucun voyage n’est une fin en soi (Bételgeuse!), il faut qu’il apporte un enrichissement matériel, de savoir, de sécurité. Bien sûr, on ne doit surtout pas s’interdire de rêver. Je n’oserais pas dire qu’il faut « garder les pieds sur terre »! Regardons ce que va faire réellement Elon Musk. Ce serait bien qu’il réalise ce qu’il a promis quoique la politique peut le conduire à se disperser. Notons quand même qu’il a un QI de plus de 150!

    1. Merci Martin pour votre « reconnaissance »!
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      Vous faites une réflexion intéressante sur le vocabulaire.
      Je crois bien qu’on peut dire qu' »il faut garder les pieds sur Terre ». Le mot Terre a acquis un sens nouveau avec les progrès de l’astronomie, la découverte des exoplanètes et en même temps les progrès de l’astronautique.
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      De même, on doit dire qu’on va « atterrir » sur la Lune ou sur Mars car on ne va pas changer de terme pour chacun des astres où l’on pourra se poser.
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      Pour le Soleil c’est la même chose, on sait aujourd’hui que chaque système planétaire a son « Soleil ». C’est vrai que cela peut être source de confusions, mais que faire?
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      Pour ce qui est d’Elon Musk. on peut seulement dire qu’il est maintenant dans une excellente position pour réaliser son projet. « Croisons les doigts », comme on dit aussi!

  6. La lumière peut avoir une vitesse bien inférieure à c dans tout milieu transparent réfringent (indice de réfraction : n = c / v). Et l’on a pu ralentir la vitesse de la lumière jusqu’à quelques mètres par seconde dans des condensats de Bose-Einstein à des températures proches du zéro absolu. On aurait ainsi, paraît-il, même pu l’arrêter complètement.
    .
    Il y a deux choses à distinguer sur l’action de la gravité sur les photons : d’une part, le redshift gravitationnel (ou redshift d’Einstein) qui est dû à la dilatation du temps gravitationnelle, prévue par la relativité générale, et, d’autre part, l’impossibilité pour des photons de quitter un trou noir, de franchir son horizon, qui est due à la ce que le trou noir est constitué d’un espace tellement courbé qu’il est fermé ; d’où la « noirceur » du trou noir ! Ce qu’on illustre autrement, en disant que la vitesse de libération dépasse la vitesse de la lumière dès l’horizon du trou noir. Cependant, le rayonnement de Hawking d’un trou noir n’est pas dû à une émission de photons de l’intérieur d’un trou noir, mais à l’action gravitationnelle sélective sur deux particules de matière et d’antimatière (particules virtuelles du vide) à l’extérieur immédiat d’un trou noir, ce dernier n’« avalant » que l’une des deux et laissant s’échapper l’autre.
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    Il n’y a donc pas d’action gravitationnelle proprement dite au sens habituel du terme sur les photons eux-mêmes puisque ce sont des particules sans masse. Mais, comme E = m c², et donc, par là, que l’énergie représente ou possède aussi une masse, on est aussi en droit de dire que c’est par leur contenu énergétique que les photons peuvent « ressentir » la gravitation.

      1. Certes, mais les moyens que Wernher von Braun envisageait pour réaliser ses projets étaient démesurés par rapport à ceux qu’on peut mobiliser aujourd’hui. Par ailleurs la réflexion de Robert Zubrin (ISRU, ISPP) et d’Elon Musk (réutilisation des lanceurs et vaisseaux) couplée avec le progrès technologique (informatique) et les connaissances de l’environnement spatial (limitations imposées par les radiations) font que les moyens envisagés par Wernher Von Braun sont aujourd’hui dépassés (ce qui n’enlève rien à ses mérites de visionnaire).

  7. OUI mais a y regarder de plus pres ces deux programmes ne presentent pas la meme philosophie:ELON MUSK monolithyque et installation sur Mars et VERNHER VON BRAUN assemblage en orbite propulsion nucleaire et conquete Mars ponctuelle .

    1. OUI moyens envisages par VERNHER VON BRAUN aujourd, hui depasses : construction du vaisseau martien en orbite fusee SATURNE 5 dotee de propulsion nucleaire : cela est depasse. Voyage combinant 2 vaisseaux de 12 personnes mais charges a 6 personnes (securite secours) equipages emmenes au vaisseaux avec navette spatiale module d atterrissage MEM (equivalent du LEM lunaire) voiture martienne etc…: cela est depasse grace a la creativite d ELON MUSK qui groupe l ensemble dans le meme vaisseau… Mais son projet etait genial!

      1. sauf le moteur nucleaire qui n est pas depasse: c etait a l epoque le projet Nerva si j ai bon souvenir; dommage que ce projet n ait pas ete poursuivi car aujourd hui nous serions equipes.

  8. Bonjour Christophe De Reyff savez vous où nous en sommes au sujet de la propulsion nucléaire ? Merci pour votre avis .

    1. Je crois que c’est une bonne question à adresser à M. Haldi qui a annoncé ci-dessus qu’il était justement en train d’écrire un traité d’astronautique.

  9. Bonjour Pierre Andre Haldi

    Est ce que la mise au point de la propulsion nucleaire fusees progresse ? merci pour votre reponse .

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À propos de ce blog

Pierre Brisson, président de la Mars Society Switzerland, membre du comité directeur de l’Association Planète Mars (France), économiste de formation (University of Virginia), ancien banquier d’entreprises de profession, planétologue depuis toujours

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