La NASA a intrigué le monde entier il y a quelques jours, en annonçant qu’elle avait une déclaration extraordinaire à faire concernant les résultats de son exploration de Mars.
L’information annoncée est arrivée cet après midi à 17h30 et c’est un « flop » total car elle n’apporte rien de nouveau. Il s’agissait simplement de dire que le spectromètre CRISM embarqué à bord de l’orbiteur MRO (NASA), avait confirmé la présence d’eau liquide dans les « Recurring Slope Lineae » (« RSL »), ces lignes sombres qui apparaissent à la saison chaude sur les pentes des cratères martiens exposées au soleil.
Les RSL ont été observées en 2011 et, en février 2014, une recherche publiée dans la revue scientifique Icarus, de David Stillman et al. établissait que leur cause ne pouvait être que des écoulements d’eau très salée (pour accroître la plage de liquidité), donc a priori sursaturée en perchlorates (anion ClO4–), sels omniprésents en surface et très hydrophiles.
On n’est donc pas plus avancé! Ceci dit, il est vrai que cela confirme l’intérêt qu’il y aurait à aller étudier le sol à la source de ces RSL et de forer au dessus pour atteindre des nappes phréatiques proches de la surface (ou du moins un sous sol à forte humidité). Quand on parle d’eau, on pense évidemment à la vie. La difficulté, pour la vie martienne, peut venir de ce que les perchlorates sont extrêmement agressifs pour les molécules organiques. Il faudrait donc que les éventuelles formes de vie martiennes se soient adaptées. Ce n’est pas impossible (il y a sur Terre une archée qui y est parvenu!). La difficulté pour la vie terrestre (les astronautes) serait la même. Il faudrait donc purifier parfaitement cette eau avant de pouvoir la consommer.
Cette dernière remarque suggère un problème qu’Andy Weir, l’auteur du roman The Martian (dont s’inspire le film Seul sur Mars sur le point de sortir en salles), ne traite pas du tout. Le héros du film est plus qu’imprudent de ne pas « nettoyer » le sol qu’il utilise avant d’y faire pousser ses pommes de terre!
NB (février 2017): Il est apparu, par la suite, que les écoulements d’eau pourraient résulter d’un phénomène de « déliquescence » et qu’en conséquence l’eau ne viendrait pas du sous-sol mais d’une rupture d’équilibre entre les conditions extérieures (hausse de la température car les pentes sont exposées au soleil) et concentration de l’humidité atmosphérique par les sels de perchlorates recouvrant le sol. Cela ne change rien à l’intérêt d’examiner l’environnement de ces écoulements pour voir s’il pourrait provoquer des réactions prébiotiques…et bien sûr pour la culture des pommes de terre!
Photo: Recurring Slope Lineae sur le bord du cratère Newton (août 2011). NASA/JPL-CalTech/Uni Arizona