EXPLORATION SPATIALE - LE BLOG DE PIERRE BRISSON

Ce 21 Juillet 2024 le rover Perseverance a découvert une roche inhabituelle dans le cratère Jezero qu’il explore depuis février 2021. La NASA l’a nommée « Chevaya Falls rock », d’après un site dans le Grand Canyon où coule, à partir d’une source dans la falaise, la chute d’eau la plus spectaculaire de la région. Les détails les plus intéressants de l’observation (voir illustration de titre) sont encadrés par des veines de sulfate de calcium de couleur blanchâtre. Entre ces bandes, une surface de matériau rougeâtre (ce qui ne surprendra personne concernant une roche martienne riche en fer) exprime la présence d’hématite. Ce matériau doit avoir pour origine la boue déposée par la rivière Neretva qui coulait dans le cratère à l’époque la plus ancienne et la plus humide de Mars. Le sulfate de calcium se serait déposé ensuite dans les failles de la boue séchée et pétrifiée par diagénèse.

Les points suivants posent questions : (1) La roche rougeâtre est riche en composés organiques (atome de carbone structurant des molécules comprenant des atomes d’hydrogène). (2) A la surface de la roche rougeâtre on voit tout un tapissage de taches jaunâtres cernées d’une ligne noire (décrites par la NASA comme « taches de léopard »). Elles sont arrondies mais irrégulières et d’une taille variable autour de 1 mm de diamètre. (3) L’ensemble est parsemé de cailloux d’olivine.

Dans le cadre de la mission Mars Sample Return, la roche a fait l’objet d’un prélèvement le 21 juillet (le 25ème et non le 22ème comme indiqué dans le texte de la NASA).

C’est l’instrument SHERLOC (Scanning Habitable Environments with Raman & Luminescence for Organics & Chemicals) embarqué à bord du rover qui a examiné le prélèvement et indiqué la présence de composés organiques. Ils sont donc incontestables mais on n’a pu identifier que leur nature atomique, non leur organisation en molécule(s) identifiable(s).

Par ailleurs, les « taches de léopard » ont été examinées aux rayons X par PIXL (Planetary Instrument for X-ray Lithochemistry) un autre instrument embarqué sur Perseverance. PIXL a constaté que la ligne noire qui entoure les taches est composée de fer et de phosphate. Or cette configuration résulte d’un processus chimique qui se produit « naturellement » dans ce type de boue séchée. Sous forme d’hématite et en présence d’eau, le fer est rejeté en périphérie par le phosphate, d’où la couleur jaunâtre, sans fer, au centre, et le fer concentré sous forme de halo noir en périphérie. Sur Terre, les réactions de ce type ont constitué une source d’énergie pour une population microbienne endolithique aujourd’hui fossilisée. Les halos sont donc associés à la vie, d’où l’intérêt de la présence de composés organiques constatés dans le même matériau.

On peut donc se (re)poser à cette occasion la question de la présence passée et peut-être encore actuelle d’une vie sur Mars. Mais il ne faut pas aller trop vite pour y répondre comme beaucoup de media, toujours à la recherche de sensationnel, ont tendance à le faire, car (1) on n’a identifié encore aucune forme de vie passée ou présente ; (2) les taches que l’on voit peuvent être les témoins d’un phénomène très ancien qui s’est développé il y a des milliards d’années et qui n’a pas eu de suite, du moins en surface, jusqu’à nos jours (aridification de la planète lors du passage de l’éon Sidérikien à l’éon Phyllosien il y a 3,5 milliards d’années) ; (3) une « source d’énergie » n’est pas forcément exploitée ; (4) les composés organiques observés peuvent avoir aussi été produits par des processus non-biologiques.

La NASA elle-même exprime une autre réserve qui repose sur la présence de cailloux d’olivine fichés dans la roche. L’olivine provient de la cristallisation d’un magma (ce qui implique un milieu particulièrement chaud). Son hypothèse, alternative, serait que l’olivine et le sulfate auraient pu, lors d’un épisode magmatique, être introduits dans les fissures de la roche à des températures incompatibles avec la vie (ce qui limiterait évidemment la possibilité de développement des molécules organiques observées, en système biologique).

Il est également intéressant de noter que l’olivine est une cristallisation de silicates qui ne se forme qu’en l’absence d’eau, eau qui par ailleurs est indispensable à la vie. Par ailleurs l’olivine une fois constituée ne résiste pas à l’eau surtout en présence de gaz carbonique (dont est essentiellement composée l’atmosphère martienne). NB : hydratée, elle se transforme en serpentinite si le rapport fer/silicium est supérieur à 0,5 (incontestablement le cas sur Mars).

Les instruments embarqués sur Perseverance ne permettent pas d’aller plus loin. Et la NASA reste très prudente sur les résultats puisque sur une échelle de « 7 » montant vers la preuve de la vie, elle ne classe son observation de Chevaya Falls, qu’au niveau « 1 ».

Nous sommes donc dans le brouillard concernant l’origine de ces taches et leur association à la vie. Mais en même temps nous n’avons pas non plus suffisamment d’éléments pour estimer que le risque pour l’homme d’aller sur Mars serait accru du fait qu’il puisse se trouver en présence d’une vie martienne constituée et toujours active donc peut-être contaminante. Ce risque ne me semble personnellement pas sensiblement aggravé. Mes hypothèses sur les possibilités sont les suivantes :

1) Le processus prébiotique martien ne s’est pas poursuivi jusqu’à la vie. NB : nous n’avons trouvé aucune trace de microbe martien dans les météorites martiennes « SNC » identifiées sur Terre.

2) Le processus prébiotique martien s’est poursuivi jusqu’à la vie mais après la perte massive d’atmosphère et la désertification de la surface de la planète, elle a persisté dans le sous-sol, à une profondeur qu’on estime d’au moins 2 mètres pour échapper aux radiations (c’est la profondeur à laquelle le rover Rosalind Franklin de l’ESA de la mission ExoMars projette de forer).

3) Le processus prébiotique martien s’est poursuivi jusqu’à la vie dans de très rares « oasis » mais il a évolué depuis ses fondements séparément de celle de la vie terrestre (même s’ils étaient communs au niveau prébiotique) et sans éléments communs puisqu’il a dû s’ajuster à un environnement différent et qu’il n’a eu aucun contact à un niveau biologique abouti avec la vie terrestre. Les formes de vie martiennes (s’il en existent) doivent donc différer des formes de vies terrestres encore plus que nos bactéries des archées.

Mes déductions :

Compte tenu de la différence probable (sinon certaine) de l’hypothétique vie martienne avec la vie terrestre, une telle vie martienne devrait se trouver face à la vie terrestre « comme une poule qui a trouvé un couteau ». La vie martienne, si elle existe, doit avoir un métabolisme propre et en particulier utiliser des sources d’énergies qui lui conviennent en fonction de sa nature, de son environnement et de son degré de développement. Elle devrait être autotrophe (se nourrissant à partir de son environnement minéral) plutôt qu’hétérotrophe (se nourrissant d’autres êtres vivants) compte tenu du fait que l’évolution de la planète n’a pas favorisé son développement en quantité et en diversité depuis environ 3,5 milliards d’années (précisément l’époque des premières traces de vie sur Terre) et qu’elle a forcément commencé par être autotrophe.

Si elle existe, la vie martienne a dû chercher pour prospérer et proliférer, l’environnement le moins difficile pour elle, c’est-à-dire le moins aride (recherche de l’eau) et le moins exposé aux radiations (notamment UV mais aussi proton ou rayons gamma), donc pas la surface. Si c’est bien le cas, il serait toujours possible à une première mission habitée de s’établir en surface et d’étudier sans danger dans la profondeur du sol le problème de vie et de risque de contamination possible pour l’homme.

Le rover Rosalind Franklin pourrait au préalable à toute mission habitée nous apprendre beaucoup sur les risques à plus de 2 mètres de profondeur (ce serait particulièrement utile si nous pensons ultérieurement vivre dans des cavernes que nous creuserions !).

Depuis qu’on explore Mars on n’a observé que très peu de présence dans l’atmosphère, de gaz qui pourrait traduire un rejet métabolique biologique quelconque. Il y a bien eu quelques émissions de méthane constatées depuis la Terre puis plus clairement depuis l’orbiteur Mars Express et ensuite avec le rover Curiosity, mais ce fut pour des valeurs extrêmement faibles. Ces émissions pourraient être de nature géologique (sur Terre où la vie est un contributeur très puissant aux émissions de ce gaz, 20% ont des causes géologiques, ce qui n’est pas négligeable). En Juin 2018 (lire mon article du 7 juin de cette année-là) la NASA concluait ses observations sur le sujet, via les dernières données recueillies par Curiosity, en concédant des émissions très faibles avec une forte variabilité saisonnière*, ce qui renforçait l’hypothèse géologique. Par ailleurs, on n’a pas observé sur Mars d’autres émissions gazeuses qui pourrait résulter d’une activité biologique. En particulier personne ne soupçonne qu’une fraction du gaz carbonique atmosphérique puisse en provenir, ce gaz étant ce qui reste de l’atmosphère primitive de la planète, le stock en ayant été épisodiquement renforcé par un volcanisme résiduel.

*0,6 / 0,7 ppbv (parties par milliard en volume) quand la température moyenne remonte à la fin de l’été boréal, et jusqu’à de très bas niveaux (0,2 ppbv) à la fin de l’automne. En dehors de ce cycle de “fond” on a enregistré quelques “pics” spectaculaires, pour Mars, par exemple 7 ppbv dans le cratère Gale peu après l’arrivée de Curiosity (mais ils ont été constatés également pendant la saison chaude). Ce n’est évidemment rien par rapport aux 1800 ppbv enregistrés en moyenne sur Terre.

Quoi qu’il en soit, si une première mission habitée partait pour Mars avant qu’on ait résolu le mystère de la vie martienne, le fait que le séjour sur Mars devrait être de 18 mois (compte tenu de l’évolution sur leur orbite des planètes l’une par rapport à l’autre) et le fait que le voyage de retour durerait comme celui de l’aller, environ 6 mois, nous aurions le temps de constater d’éventuelles contaminations et leurs effets sur l’équipage. C’est pour cela, comme je l’écrivais récemment, qu’il est très important que des médecins biologistes fassent partie de ce premier voyage, ne serait-ce que pour identifier les problèmes. Au cas où il y aurait contamination d’un membre de l’équipage par un microbe martien et donc possibilité de propagation au reste de la population terrestre, il faudrait à l’issue de la période de quarantaine que constituerait les 6 mois de voyage de retour, que les astronautes contaminés (et aussi, par sécurité, ceux susceptibles de l’être !) puissent être hébergés dans une station spatiale en orbite terrestre où leurs problèmes médicaux résiduels seraient étudiés de façon plus approfondie et traités avec les moyens terrestres. Ce pourrait aussi être le Lunar Gateway s’il était construit, d’autant qu’il ne serait pas indispensable pour les missions lunaires si le Starship HLS était finalisé.

En attendant, la NASA profite de cette découverte pour mettre en évidence combien il est regrettable que la mission de retour d’échantillons collectés (« Mars Sample Return ») soit au point mort. Certains en déduisent qu’elle utilise ses taches de léopard pour insister auprès du Congrès américain (qui vote les budgets) afin d’obtenir une solution financière (il faut « trouver » 11 milliards de dollars !).

Chevaya Falls est la roche de gauche ; le forage est le trou noir à gauche, la tache de droite, une zone d’abrasion permettant de débarrasser la roche de la poussière (omniprésente sur Mars) pour l’utilisation de PIXL.

Illustrations : Photo NASA/JPL-CalTech/MSSS

Lien :

https://www.jpl.nasa.gov/news/nasas-perseverance-rover-scientists-find-intriguing-mars-rock

https://www.sciencealert.com/weird-rock-on-mars-may-actually-show-signs-of-ancient-life

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22 Responses

  1. Je doute en effet que cette « découverte » ait de quoi décourager une future exploration humaine de la planète Mars, pour toutes les raisons évoquées par Monsieur Brisson auxquelles j’ajouterais que si contre toute vraisemblance une forme de vie s’était développée sur la planète rouge, c’est celle-ci qui devrait craindre l’arrivée d’êtres humains plutôt que l’inverse (H. G. Wells l’avait bien compris d’ailleurs, au XIXème siècle déjà 🙂 !)). Non pas en réalité par une quelconque contamination microbienne ou bactérienne, très peu vraisemblable pour les raisons exprimées en sens inverse dans le blog de ce jour, mais par le bouleversement des conditions environnementales qu’une arrivée de l’Homme sur Mars impliquerait inévitablement pour une vie autochtone forcément très fragile.
    Ce n’est peut-être pas totalement fortuit non plus que cette découverte soit montée en épingle en ce moment: « En attendant, la NASA profite de cette découverte pour mettre en évidence combien il est regrettable que la mission de retour d’échantillons collectés (« Mars Sample Return ») soit au point mort ». Je l’ai déjà mentionné à plusieurs reprises ici, je trouve qu’on se focalise beaucoup trop sur la TRES hypothétique découverte de traces de vie extraterrestre pour motiver les investissements dans le domaine de l’exploration spatiale (automatique ou habitée) d’autres corps célestes, Mars en particulier. Comme par hasard, presque en même temps qu’était annoncée cette découverte martienne, d’autres articles parlaient de la possibilité d’une vie sur Vénus (https://www.space.com/venus-atmosphere-phosphine-ammonia-possibility-of-life?utm_term=CE5C308F-2D90-4E25-9CF6-7E392E5F837D&lrh=926ab914f9dc8d7e5f7c79886c6d67ad5c99c6ac41a8a8c8a11dfc9bf56c811d&utm_campaign=58E4DE65-C57F-4CD3-9A5A-609994E2C5A9&utm_medium=email&utm_content=9D238BC5-4220-4B01-A20B-0DD121B29D00&utm_source=SmartBrief)! Cette focalisation excessive sur une recherche n’ayant qu’une probabilité infinitésimale d’aboutir est dangereuse à terme, le grand public va finir par estimer qu’on dépense à tort des milliards pour au final ne jamais « rien » trouver et qu’il faut donc « arrêter là les frais »!
    Quand est-ce qu’on comprendra par ailleurs que même si toutes les « briques » nécessaires à la construction d’une cathédrale sont réunies en un endroit, cela ne veut pas dire pour autant qu’un tel édifice verra jamais le jour! L’apparition de la vie sur Terre, une fois les « briques » nécessaires réunies, a résulté d’une telle conjonction de nombreuses circonstances aussi improbables les unes que les autres qu’il est loin d’être certain que ce phénomène ait pu se produire également ailleurs, même en tenant compte de la taille immense de l’univers. Il se pourrait bien que nous soyons seuls (en tout cas dans un espace-temps permettant une éventuelle entrée en contact), il faut s’y faire!

    1. « en tout cas dans un espace-temps permettant une éventuelle entrée en contact » apporte un bémol considérable à la phrase qui précède (« il se pourrait que » etc). On peut même dire que ce sont deux assertions différentes, selon qu’on inclue ou non cette condition restrictive fondamentale.

      Si on l’inclut, et a fortiori pour Mars et le système solaire, on ne peut qu’être d’accord.

      Sur le fond, la NASA (et d’autres) ont donc en effet tort de mettre la recherche de la vie en tête des objectifs martiens. Reste à savoir quelle serait la réaction de l’opinion et quels budgets leur resteraient si, pour simplifier, ils annonçaient de but en blanc ne vouloir faire en fin de compte que de la géologie.

      1. « en tout cas » ne signifie nullement que l’on considère nécessairement comme plus plausible ce qui tombe en dehors de celui-ci (personnellement, je ne le pense pas, mais c’est juste mon opinion). Simplement, si on ne considère pas un espace-temps permettant d’entrer le cas échéant en contact avec ces hypothétiques formes de vie, la discussion devient purement académique, et donc sans grand intérêt, puisqu’on ne saura jamais par définition ce qu’il en est réellement (« sculpter le Bon Dieu dans les nuages » 🙂 !)..
        En ce qui concerne l’opinion publique, mon opinion est qu’il faut précisément arrêter de la « mener en bateau » en lui faisant miroiter des perspectives totalement illusoires. Il y a suffisamment de choses passionnantes à découvrir sans cela dans l’espace et, particulièrement, sur d’autres corps célestes (Mars en premier); il faut juste présenter les choses honnêtement de la bonne manière, en faisant preuve d’un minimum de pédagogie. Après tout, il peut être plus intéressant d’explorer des mondes totalement différents du nôtre plutôt que de retomber sur une planète jumelle! Ma génération s’est passionnée pour la « conquête spatiale » sans qu’on ait dans l’idée qu’on allait y rencontrer des « petits hommes verts » :-).

  2. Le problème avec les microbes ou virus martiens s’il en existe encore en vie, (cela serait quand même un peu étonnant) c’est qu’ils doivent être sacrément costauds et surtout complètement inconnus pour nous. Il seraient donc possiblement un danger difficile à combattre. Oui à la présence de médecins mais pour étudier les microbes il leur faudrait pas mal de matériel, réactifs voire plus. D’où nécessité d’une longue et sérieuse préparation robotisée à l’arrivée d’humains, laquelle permettrait avec un peu de chance de trouver à l’avance ces microbes, l’étudier leurs faiblesses et agressivité et, avec un peu de chance, de mettre au point à l’avance les techniques pour leur échapper ou guérir. Ou encore de les étudier depuis une station spatiale martio-stationnaire ou non. Et croisons les doigts pour que leur contagiosité ne soit pas trop grande parce que si tous les cosmonautes de la première mission meurent! Mais encore une fois je crois peu à l’existence de microbes vivants et nombreux sur mars. Peut-être même un premier abord dans une telle station hébergeant des hommes qui ne mettraient pas les pieds sur mars, serait-il préférable à un débarquement brutal et permettrait encore d’affiner notre connaissance de la planète? On pourrait de nouveau discuter de la première mission: il est souhaitable de prendre le moins de risque possible, donc ne pas envoyer un grand nombre d’hommes au premier voyage. Mille fois d’accord pour la nécessité de creuser à plus de deux mètres de profondeur: si on est enterré profondément on a plus de chances de survie (pour les microbes!) et surtout il va falloir justifier les voyages vers mars en y trouvant des richesses exploitables sinon il y aura un rejet des financiers, le tourisme ne suffit pas.

    1. « Peut-être même un premier abord dans une telle station hébergeant des hommes qui ne mettraient pas les pieds sur Mars, serait-il préférable à un débarquement brutal et permettrait encore d’affiner notre connaissance de la planète? ». L’exposition aux radiations comiques en particulier, particulièrement importante tant qu’on reste dans l’espace, mais qui peut être nettement réduite pendant le séjour sur une planète (déjà de moitié pour les GCRs, rien que par la simple protection du sol « sous ses pieds ») fait qu’une telle expédition sans « débarquement » ne serait pas raisonnable. D’autant plus que « l’affinement » des connaissances sur la planète rouge qu’on pourrait obtenir de cette manière serait très limité par rapport à des missions robotiques au sol (que rien, à part des considérations financières, n’empêche de multiplier).

  3. bacteries archees virus prions champignons lichens :veuillez choisir…a la carte ! certains organismes survivent presque 10 ans en surface des meteorites quand meme! en profondeur cela ne doit pas etre mal! surtout s il s y trouve de l eau ! desole de vous saper le moral…
    .
    pour Mars precautions obligatoires!
    la question est : quelles precautions.
    .
    et question subsidiaire: d ou viennent ces trucs qui se balladent dans l espace? probablement de l explosion d anciennes planetes…

  4. Votre point de vue Mars Society des ingénieurs de l’aérospatiale est celui contraint qui pousse à la réalisation du risque. Ce n’est pas parce que l’on croit que la vie est improbable sur Mars, qu’elle n’a jamais été présente sur la planète rouge, et qu’elle ne l’est pas encore présente. Absence de preuve n’est pas preuve de l’absence.

    Quand vous présentez que la vie martienne, si elle a existé, s’est réfugiée dans les profondeurs de la planète, votre point de vue anthropocentrique est limité.

    La vie où qu’elle soit colonise tout espace disponible. Sa plus grande concurrence est elle-même. Sur Terre, comme sur Mars si elle a existé, elle a colonisé tous les espaces diponibles.

    C’est grâce à cette stratégie que la vie sur Terre a survécu aux impacts de planétésimaux qui il y a 3,5 milliards d’années bombardaient les planètes du Système solaire. Dans ces moments chaotiques capables de stériliser en pronfondeur une planète comme la Terre, la vie terrestre a manifestement survécu, car présente dans des couches encore plus profonde.

    La vie sur Terre ne s’est pas réfugiée pour fuir un danger, elle était déjà présente dans des couches inaccessibles à la stérilisation engendrée par les planétésimaux comme le révèle la surface de la Lune qui a conservé la trace des impacts à sa surface et les roches terrestres de cette époque qui contiennent les traces du vivant: rapports isotopiques, fossiles…

    Alors ce qui a existé sur Terre, n’a pas existé sur Mars? Il me semble qu’à lire les commentaires de la Mars Society suisse, une révolution copernicienne doit être faite pour ouvrir une réflexion sérieuse pour écarter ou non que la vie sur Mars a pu exister, contemporaine à celle sur Terre (pour info la vie sur Mars a pu exister avant celle sur Terre, car la vie sur Mars était plus douce que sur notre planète, avec une même atmosphère à majorité de CO2 et des océans).

    Bonne réflexion sur ces informations astro-microbiennes.

    1. « La vie où qu’elle soit colonise tout espace disponible. Sa plus grande concurrence est elle-même. Sur Terre, comme sur Mars si elle a existé, elle a colonisé tous les espaces diponibles ». Un argument qui renforce les doutes sérieux que l’on peut avoir sur le fait que la Vie ait pu naître sur Mars et, plus encore, pourrait s’y manifester encore. Malgré une exploration robotique maintenant assez étendue de la surface martienne, pas la moindre trace d’une Vie présente ou passée n’a été découverte. Y en aurait-il plus en profondeur, là encore j’ai de gros doutes; outre la difficulté d’y trouver les ressources énergétiques nécessaires, on peut précisément penser que si des formes de vie se seraient ainsi développées, elles auraient trouvé le moyen « d’émerger » en surface, au moins de temps en temps.
      Il ne faut pas faire la confusion très commune, comme « niogret » le fait également apparemment, entre la problématique de l’apparition de la Vie, apparition qui a résulté sur Terre de la conjonction de nombreuses conditions aussi improbables les unes que les autres comme mentionné plus haut, et la formidable résilience et adaptabilité ensuite de celle-ci, UNE FOIS ce très aléatoire miracle initial réalisé!

    2. Cher Monsieur Roten,
      Votre discours est totalement ouvert sur toutes les possibilités et vous en concluez que la vie a dû apparaître sur Mars. Je pense que c’est un peu facile.
      .
      Il me semble de mon côté que la vie sur Terre repose plutôt sur une suite de conjonctions improbables et d’accidents dans un environnement évolutif, qu’il me semble très difficile (sinon impossible) à répéter.
      .
      Pour le moment nous n’avons trouvé aucun indice de vie sur Mars, ni dans la roche, ni dans l’atmosphère (ni d’ailleurs sur la Lune). C’est un fait. Qu’il y ait eu une complexification des molécules organiques du fait de l’environnement et que cette complexification ait pu être plus grande que sur les corps les plus simples (météorites) est logique. Mais que cette complexification ait obligatoirement dû conduire à la vie me semble hautement improbable et non logique. Sur Terre, à plusieurs moments de l’évolution, plusieurs voies étaient ouvertes et on ne peut conclure de notre unique expérience que le chemin suivi était le seul possible. « Il y a un monde » entre une molécule organique isolée aussi complexe soit-elle et une cellule vivante dans toute sa complexité avec ses facultés d’auto-entretien (à partir d’éléments de son environnement) et de reproduction (toujours « à l’identique mais pas tout à fait » ce qui permet l’évolution).
      .
      Je suis d’accord que nous devions toujours procéder avec prudence mais il faut être raisonnable. Et je crois qu’il serait raisonnable d’aller physiquement sur place en prenant des précautions comme je l’ai écrit par ailleurs.

      1. Vous parlez en reprenant les arguments des ingénieurs de l’aérospatiale qui résument presque deux siècles de recherche en microbiologie en deux phrases assassines.

        Je comprends votre envie de pousser l’exploration martienne, mais y aller sans précaution en ne prenant pas les arguments forgés par les informations que l’Histoire de la vie sur la Terre nous livre, c’est prendre des risques inconsidérés qui doivent être débattu sur place publique.

        Je m’y engage pour offrir une continuité rationnelle à l’exploration martienne menacée par l’attitude jusqu’au boutiste de l’industriel de la mobilité électrique, guidé par son envie de créer un monde de non-droit sur Mars qui ne me fait pas rêver.

        Quelle est la position de la Mars Society sur les dernières réflexions du Sud-africain qui l’ont conduit à distribuer un deepfake il y a deux jours sur la candidate à la présidentielle. Peut-on lui faire confiance si il bricole la connaissance scientifique pour la tordre avec du deepfake? Pour moi c’est un farceur. La seule force qu’il a est de transformer un échec en réussite par la force de son tchat.

        En espérant que le rêve martien ne devienne pas un cauchemar terrestre.

        1. Elon Musk, dont les prises de position « sociéto-politiques » sont effectivement très discutables, et son Starship ne sont pas l’alpha et l’omega de l’exploration humaine de la planète Mars. Même s’ils apparaissent pour le moment moins aboutis, il y a d’autres projets en développement. Et heureusement; il ne faut jamais mettre tous ses oeufs dans un même panier et rien ne dit à.ce stade que la vaisseau de SpaceX pourra effectivement « faire le job », on peut même légitimement en douter. On verra bien. Parfois, c’est la tortue (« chi va piano va sano e va lontano ») et non le lièvre qui rafle la mise 🙂 !

  5. L’annonce de la présence de phosphine dans l’atmosphère vénusienne n’est pas nouvelle. De plus cette molécule peut aussi être produite par des réactions chimiques tout à fait abiotiques.
    Plus intéressante serait la détection de DMS, le désagréable sulfure de diméthyle (issu du métabolisme bactérien), tel aussi que l’émet le phytoplancton en décomposition. Sa production implique toujours des processus biologiques. Il semblerait que le JWST en ait détecté (à côté de l’eau, du CO2 et du méthane) sur l’exoplanète K2-18 b (découverte en 2015), à 124 annés-lumière d’ici, en septembre 2023 :
    https://webbtelescope.org/contents/news-releases/2023/news-2023-139#section-id-summary
    Une confirmation est encore attendue.
    Détecter du DMS sur Mars serait un très fort indice de vie encore active. Il semble que le rover Curiosity, toujours actif depuis 12 ans dès le 6 août 2012, en aurait détecté dans le cratère Gale. Mais on n’a pus eu de confirmation. À suivre !

  6. @Pierre-André Haldi. Il est certain que le problème des radiations cosmiques est à résoudre, sans cela adieu définitif aux explorations interstellaires longues. De même il nous faut la fusion nucléaire pour ces voyages. Je pense qu’il faudra se faire aux séjours très longs dans l’espace donc trouver une réponse à ces problèmes sinon on n’y arrivera pas. Je sais que le soleil nous laisse quelques milliards d’années mais Poutine laissera-t-il du temps aux habitants de la terre? La question est donc quelles sont les dépenses prioritaires: l’état des routes, le tourisme, la recherche médicale ou spatiale? Je crains qu’un jour nous ayons la réponse à ces questions. En plus il n’est pas sûr que l’argent garantisse qu’on trouve les réponses à temps. Il faut en tout cas réfléchir au futur

  7. Bonjour
    s il existe un risque de contamination celui ci se situe au niveau du sas ou les astronautes changent de tenue: c est la qu il faut agir.
    .
    entree des astronautes dans le sas fermeture du sas trempage chaussures solution desinfestante(javel) irradiation uv des astronautes en combinaison filtration de l atmosphere du sas et deshabillage des astronautes et rehabillage tenue d « interieur » avec habits prealablement enfermes dans des placards etanches puis ouverture des portes avec nettoyage desinfectant des joints.. cela devrait suffir…
    nb le virus de l hepatite b resiste 20 minutes dans l eau de javel quand meme!

    1. les archees sont interressantes extremophyles ;chaleur ou acidite ou alcalinite ou saumure en profondeur non dangereuses sur terre pour celles connues suivent les codes genetiques classiques mais fabriquent leurs propres virus…peuvent produire methane co2 oxygene etc peuvent utiliser le soufre …On peut trouver ce genre de choses sur Mars.

      1. Oui on peut « trouver » mais jusqu’à présent on n’a rien trouvé. Donc s’il y a vie en surface, elle est très discrète. Reste à savoir si « quelque chose » existe à l’abri d’une couche plus ou moins importante de régolithe. Le rechercher est l’objet de la mission ExoMars (lancement prévu initialement pour 2018 et maintenant pour 2028!).

    2. Bonjour Niogret,
      Il est certain que le sas sera un équipement essentiel quand on ira sur Mars, pour cette raison biologique aussi bien que pour la silicose qui pourrait résulter de la poussière et aussi pour éviter la perte d’atmosphère.
      Les Uv ne seront probablement pas utilisés car s’il existe des microbes en surface de Mars ils auront été déjà abondamment « nettoyés » par ces Uv et donc adaptés. Par contre ils ne supporteront peut-être pas l’oxygène? Il faudra « trouver ».

        1. Je n’ai pas de nouvelles du Starship HLS mais je pense que l’urgence actuellement pour SpaceX est de démontrer la capacité de vol de son Starship en général. On y verra sans doute plus clair après le prochain vol d’essai « IFT5 » qui doit toujours avoir lieu ce mois d’août.

  8. Oui on attend avec impatience IFT5 :cela va etre superbe!
    Mais le programme Artemis prend beaucoup de retard…
    A part cela la Fusee Neutron et ses moteurs Archimede est sympathique: construction par impression 3D ET le moteur semble excellent d apres les essais recents.Et en Europe nous disposons de Ariane6 et bientot de Vega c donc d une gamme de fusees interressante.Est ce que le developpement de BLUE MOON continue?Et autre question: le rover de la nasa qui a ete supprime va etre remplace comment?

  9. The Earth’s deepest living organisms may hold clues to alien life on Mars…

    « If life was able to develop on Mars, » she says, « it has a very good chance of still surviving and being on Mars today. »

    Je pense comme cette spécialiste. L’hypothèse d’une Vie souterraine actuellement sur Mars est raisonnable dans la communauté des microbiologistes si Mars comme la Terre a connu la Vie à ses débuts. La recherche de la Vie sur Mars doit être menée avec rigueur. Pas de place à une colonisation de Mars immédiate façon western planétaire mené par Elon Musk.

    Envoyons des astronautes en condition P4 pour répondre à cette question avant de créer une colonie martienne. Evitons toute contamination entre les planètes si la Vie est apparue sur Mars comme sur la Terre.

    https://www.bbc.com/future/article/20240821-could-alien-life-survive-in-deep-lakes-below-mars-surface

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À propos de ce blog

Pierre Brisson, président de la Mars Society Switzerland, membre du comité directeur de l’Association Planète Mars (France), économiste de formation (University of Virginia), ancien banquier d’entreprises de profession, planétologue depuis toujours

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