Il y aura « un avant et un après » IFT5. La réussite de ce test nous a fait franchir le seuil à partir duquel le rêve de ceux qui veulent aller sur Mars devient possible.
Plus clairement, il semble possible maintenant, que nous ayons un porteur qui nous permette de déposer sur Mars les équipements nécessaires pour y construire une base où des hommes pourront se protéger des radiations, sourcer de l’énergie, se chauffer, se nourrir, et produire des ergols pour pouvoir retourner sur Terre (pour la suite, on verra plus tard).
Bien entendu, il ne suffit pas d’avoir un porteur pour mener à bien le voyage aller et retour, en plus du séjour. D’autres problèmes subsistent et ils ne sont pas tous mineurs mais la raison veut que dans ce processus, nous avancions pas à pas. Avec le succès de l’IFT5 un obstacle énorme a été levé et l’espoir d’aller jusqu’au bout, c’est-à-dire l’installation de l’homme sur Mars, n’est plus du domaine de la science-fiction.
Parmi ces problèmes, il y a d’abord celui du système qu’il faudra embarquer pour générer l’énergie nécessaire au support vie et au fonctionnement des équipements du vaisseau (comme le rappel souvent Pierre-André Haldi). La solution n’est pas encore vraiment trouvée mais elle n’a pas été non plus étudiée avec application car jusqu’à présent elle n’était pas d’actualité.
On peut bien sûr envisager, comme l’a déjà fait SpaceX, des panneaux solaires. Sur ses illustrations de la version lunaire du Starship du HLS (« Human Landing System »), SpaceX montre son vaisseau équipé de bandes de panneaux déployés en rayons. Les bandes au nombre de 5 sont logées dans 5 compartiments régulièrement espacés, situés sous l’habitat et déroulées une fois le vaisseau sur trajectoire lunaire. Chacune est composée de 48 panneaux carrés de 75 cm de côté, et elle a une longueur de 18 mètres sur une largeur de 1,5 mètres. Cela fait au total 240 panneaux d’une surface totale de collecte de 135 m2. Dans l’environnement Lune-Terre, l’irradiance solaire est de 1380 W/m2. Si la conversion énergie reçue/électricité (le « rendement ») est de 20% (ce qui est un bon niveau actuellement), on obtiendra une puissance de 186 kW. Je ne sais pas comment les ingénieurs de SpaceX ont calculé que cette puissance était suffisante pour faire fonctionner le HLS entre la Terre et la Lune et en surface de la Lune. Mais admettons qu’elle le soit, d’autant que (pour comparaison) la puissance de collecte installée sur l’ISS varie de 84 à 120 kW. A noter que les conditions sont assez différentes de celles qui existent dans l’environnement Terre-Lune puisque, en parcourant son orbite, l’ISS est plus ou moins éclairée (alternance jour/nuit). Pour aller sur Mars il faudra « faire avec » une irradiance solaire diminuant progressivement et nettement, puisqu’on s’éloignera du Soleil (de 149,6 millions de km à 227,9 millions de km en moyenne). A la distance du Soleil où se trouve Mars, elle évolue entre 492 W/m2 en hiver austral et 715 W/m2 en été austral. Avec les mêmes panneaux solaires que ceux du HLS, la puissance de collecte d’un Starship martien ne serait plus que de 66,31 kW, s’il arrivait dans l’environnement martien lors du solstice d’hiver austral et 96,37 kW s’il arrivait lors du solstice d’été austral. Dans les deux cas ce serait insuffisant. Mais il ne faut pas désespérer du progrès technique. Comme mes amis Neuchâtelois le savent bien, le CSEM (Centre Suisse d’Electronique et de Microtechnique) est en train de mettre au point des cellules photovoltaïques à la pérovskite (avec toujours un peu de silicium, d’où l’appellation « tandem ») dont le taux de conversion a dépassé les 30%. Si, dans la vie réelle (ces cellules s’usent assez vite), on passait d’une conversion de 20% à une conversion de 30%, on franchirait évidemment le seuil (un nouveau seuil !) qui rendrait ces cinq bandes de panneaux suffisantes pour fournir l’énergie nécessaire au fonctionnement interne du Starship jusqu’à l’environnement de Mars (66,31 > 99,46 et 96,37 > 144,55). On peut aussi envisager de compléter ces cinq panneaux par un 6ème, placé sur le dos du Starship à l’abri de la chaleur de réentrée dans l’atmosphère (toute surface supplémentaire sera bonne à prendre). On peut encore envisager d’utiliser une autre source d’énergie. Nous avons déjà parlé dans ce blog, de la possibilité d’un réacteur nucléaire. Comme vous vous en souviendrez, le bouclier anti-radiations pose un problème de masse. Mais ne peut-on diminuer cette masse en utilisant de nouveaux matériaux ? Bref, il faut encore réfléchir, travailler, innover.
Rien n’est facile et le succès n’est jamais assuré. Mais il faut oser pourvu que ce soit sur des bases solides. Depuis 2009, la Mars Society Suisse a été porteuse de ces espoirs. Nous n’avons jamais faibli mais le temps fait son œuvre…dans les deux sens, l’usure et le progrès. Personnellement je vieillis, en application de la loi de l’usure qui s’impose à tout être vivant. Cependant, en même temps que j’ai passé mes 80 ans, atteint les 500 articles de mon blog et écrit mon livre*, le succès d’ITF5 est arrivé. Ce succès va déclencher un renouveau d’intérêt pour le Projet Mars. J’en suis certain car le goût de l’aventure et de l’exploit est ancré dans les gênes de nombreux hommes. Je compte donc sur la poursuite de mon rêve, qui est aussi celui des membres de la Mars Society Switzerland et de nombreux lecteurs de ce blog, par d’autres hommes (et femmes !) toujours plus jeunes. Je compte pour le porter avec cette force de la jeunesse, sur les étudiants de l’EPFL. J’ai pu tester les qualités et la puissance de travail de ceux qui sont parvenus au niveau Master en encadrant, avec Claude Nicollier, le travail de plusieurs d’entre eux sur la faisabilité d’un dirigeable martien. Et je suis confiant.
*Franchir sur Mars les portes de l’Espace, éditions Le Lys Bleu.
Je suis confiant qu’année après année, de nouveau étudiants de cette prestigieuse institution auront à cœur, motivés par leurs passions et aidés par leurs ainés (comme cela s’est fait dans le cadre de l’étude de faisabilité du dirigeable), de continuer à réfléchir, à imaginer, à concevoir et à créer dans les multiples domaines où il est nécessaire d’avancer, comme la puissance de conversion des cellules photovoltaïques, les boucliers anti-radiations ou les exosquelettes.
Vivre sur Mars, c’est Vivre et c’est encore plus difficile que de continuer à le faire sur Terre, notre berceau où tout a été fait pour nous. En fait savoir comment s’installer sur Mars est le plus beau défi auquel puisse s’affronter un jeune ingénieur car c’est le plus complet et le plus complexe. Des associations étudiantes travaillent déjà à l’EPFL et ailleurs (ETHZ notamment) sur des projets spatiaux. Nous les connaissons bien puisque nous avons collaboré avec la plupart. Mais le projet de la Mars Society est particulier, irremplaçable, car il est à la fois très largement multidisciplinaire et extrêmement spécifique : vivre sur Mars après y être arrivé en bonne santé et en bonne forme physique (ce qui donc implique le voyage le plus difficile et le plus long que l’on puisse envisager aujourd’hui) et sur cette planète, gagner le plus rapidement possible son autonomie pour de simple raison de sécurité.
Je compte donc sur tous ces jeunes qui arrivent et à qui nous laisserons la plus grande autonomie de choix, de décision mais pour lesquels, nous les anciens, serons toujours là, tant que nos forces nous le permettront. Sans doute un jour ne serons nous que des ombres bienveillantes qui continueront à s’éloigner de l’action. Mais pour le moment nous voulons transmettre et accompagner. Nous le ferons, en donnant nos conseils, facilitant un contact, appuyant une démarche, rappelant des contraintes relevant de nos connaissances et de notre expérience.
Bienvenue à la nouvelle Mars Society Switzerland dans ce monde de promesses merveilleuses ! Je vous tiendrai bientôt informés des nouvelles structures et des nouveaux contacts mais sachez d’ores et déjà que nous n’avons pas renoncé à une EMC25 (European Mars Convention 2025) tout comme nous avons organisé et tenu une EMC18 et une EMC11. Son thème sera « Vivre sur Mars ». Elle devrait avoir lieu à Lausanne à l’automne.
Lien:
https://www.csem.ch/fr/focus-technique/cellules-et-modules-solaires/
Illustration de titre: Le HLS de SpaceX en partance pour la Lune. Crédit SpaceX.
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Index L’appel de Mars 24 10 11
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Franchir sur Mars les portes de l’Espace
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32 réponses
Bonjour Pierre Brisson
on peut (peut etre)prevoir une deuxieme « corolle » de panneaux solaires ou encore de deployer des panneaux solaires souples a la surface de ces ballons gonflables ?
en aparte: ne pensez pas a vos 80 ans…cela fatigue l esprit !
Merci Niogret (pour les 80 ans). Je n’y pense pas trop mais je constate quand même un petit changement dans mes capacités et je sais que cela ne va pas s’arranger (ce qui est bien normal).
L’option des panneaux salaires est OK pour le HLS, qui n’est pas censé revenir sur Terre une fois sa mission (Artémis) accomplie et reste au niveau de l’orbite terrestre pour ce qui est de la distance au Soleil. Je ne vois par contre pas cette technique utilisée dans le contexte d’un Starship martien (même en admettant qu’on arrive à générer une puissance encore suffisante une fois arrivé au niveau de l’orbite martienne)! On sait déployer des panneaux solaires, mais à ma connaissance on n’a jamais fait l’opération inverse. Et dans le cas d’une mission martienne, il faudrait déployer les panneaux une fois l’orbite terrestre basse atteinte, les replier une fois arrivé dans l’environnement martien (avant la rentrée atmosphérique), les redéployer sur le sol de la planète rouge (pour l’alimentation en électricité durant le séjour sur celui-ci), les replier pour remonter en orbite martienne et les redéployer une fois celle-ci atteinte. Eh bien, je n’aurais personnellement aucune confiance que toutes ces opérations délicates puissent se dérouler sans anicroche (les panneaux solaires sont fragiles) et je serais plutôt inquiet de ne disposer que de cette source d’énergie, aléatoire, pendant tout le voyage!
L’option nucléaire me paraît beaucoup plus réaliste dans ce contexte, mais la développer ne se fera de loin pas en une demi-décennie (première mission habitée supposée avoir lieu en 2029, après l’avoir initialement programmée pour 2022 (!), selon ce qui a été annoncé sur ce blog)!
P.S.: Comme le relève monsieur Brisson, il est toujours difficile de procéder à des analyses chiffrées solides concernant le Starship et ses différentes versions, si on ne veut pas se contenter de simples « actes de foi » (!), en raison des informations systématiquement très lacunaires que laisse filtrer SpaceX; sans compter que les designs présentés varient constamment.
Les dessins changent car on tâtonne. Il est encore temps d’imaginer une solution puis une autre.
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Vous faites une bonne remarque concernant le ré-enroulage après le déploiement. C’est un sujet auquel on peut réfléchir mais est-il rédhibitoire? Il est encore trop tôt pour le dire.
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Une remarque intéressante m’a été faite par ailleurs par Raphaël Domjan. Il m’écrit: « Il est déjà possible aujourd’hui de se fournir pour des applications spécifiques comme l’espace de cellules solaire photovoltaïque de presque 40% de rendement ». Cela renforce mon optimisme, de ce côté là.
J’ai traité cette question, critique, de l’alimentation en énergie du Starship dans un chapitre d’un traité d’astronautique, dont je suis en train de finaliser la rédaction, chapitre envoyé à Monsieur Brisson il y a quelque temps déjà.
Il y a une grande différence (pour des cellules PV comme pour d’autres technologies) entre les performances « extrêmes » que l’on peut obtenir en laboratoire et celles effectivement réalisables pour des applications pratiques, surtout en milieu difficile. A mon avis, une efficacité de l’ordre de 25%, très éventuellement 30%, est le plus que l’on peut raisonnablement espérer dans un avenir prévisible (horizon 2029, selon ce qui a été annoncé sur ce blog). Voir par exemple à ce sujet: https://actu.epfl.ch/news/des-cellules-solaires-en-perovskite-plus-efficaces/#:~:text=Des%20scientifiques%20de%20l'EPFL,voie%20à%20une%20future%20commercialisation
Il convient par ailleurs de tenir compte qu’il faudra en matière de puissance produite prendre une certaine marge par élémentaire précaution.
Cela dit, des cellules PV restent des éléments fragiles et je répète que je n’aurais guère confiance en ce mode d’alimentation unique pour un voyage de l’ordre de 30 mois dans l’environnement spatial très exigeant, surtout avec les nombreux déploiements/repliements évoqués; le risque de connaître un problème est trop grand, et dans ce cas le sort de l’équipage serait tragiquement scellé!
oui aucun doute…
ou alors starship voyage au milieu d une corolle de panneaux solaires dont il se desolidarise avant de descendre se poser sur Mars. une foi pose il ouvre sa propre corolle de panneaux et l equipage installe au sol des panneaux solaires en complement……bof….pour le retour le starship replie sa corolle avant le decollage et se reinsere dans la corolle restee en orbite….bof…la ca devient tres special! Mais en fin de comptes quand on se souvient du process des missions Apollo…c etait deja complique mais ca fonctionnait.
Le meilleur est a mon sens une centrale nucleaire.
Hum. cela revient au fond à adopter une conception modulaire, ce que je préconise depuis le début! C’est le problème avec la conception « monolithique » du Starship, un engin « d’un bloc » censé tout faire (sortir de l’atmosphère terrestre, transiter vers Mars, s’y poser, repartir vers la Terre, avec la même configuration tout le temps). Elle rend difficile, risquée, et probablement insuffisante (voir le commentaire de Monsieur de Reyff), la production d’énergie par l’utilisation de panneaux solaires, … et d’un autre côté impossible en fait le recours à l’énergie nucléaire; en effet, aucun engin contenant un réacteur nucléaire ayant fonctionné, donc contenant des produits de fission, ne sera jamais autorisé à rentrer avec celui-ci à son bord dans l’atmosphère terrestre. Alors, quelle solution? J’ai bien peur (et cela me désole) que SpaceX se soit là engagée dans une impasse pour ce qui est d’hypothétiques missions martiennes habitées confiées au Starship.
Il existe en effet des cellules photovoltaïques (PV) à 40 voire 50% de rendement, celles dites à jonctions multiples et « à concentration », donc avec des « loupes » qui concentrent précisément la lumière solaire sur chaque cellule. De fait, on a atteint 37% avec des cellules à quadruples jonction sous concentration de plusieurs centaines de « soleils ». Ces cellules doivent être rigoureusement alignées sur le Soleil par un système de poursuite pour suivre le Soleil. Cela se fait sur Terre avec une monture équatoriale sur un axe (ou une monture azimutale sur deux axes) qui permet de suivre le Soleil durant la journée au cours de la rotation de la Terre. Pour les cellules PV habituelles au silicium à une jonction et sans concentration, la limite thermodynamique est de 32% de rendement de conversion.
Vous avez écrit 186 kW ?
Je crois que c’est bien 20% de ce chiffre, soit 37 kW de puissance électrique qui sont atteignables avec 135 m² de modules PV à 20% de rendement sous une irradiance de 1380 W/m². Ce sera peut-être 56 kW avec de futurs modules PV plus efficaces à 30%. Cela assurerait une production d’électricité de 160 à 245 MWh en six mois (4380 heures) à hauteur de l’orbite terrestre.
La station spatiale internationale ISS est équipée de deux fois huit « ailes » par systèmes doubles de 35 m sur 12 m, soit 8 x 420 m², donnant chacune environ 30 kW, soit au total 240 kW, mais cela en plein Soleil et perpendiculairement. Cependant, du fait des passages dans l’ombre de la Terre, soit jusqu’à 35 minutes lors de chaque orbite de 90 minutes, et du fait aussi que le Soleil n’est en général pas perpendiculaire à la surface des modules PV, la puissance moyenne sur l’année est pratiquement comprise entre 80 et 120 kW, en moyenne presque 96 kW, soit une production d’environ 840 MWh par an (8760 heures). Cela ne suffit pas toujours à assurer continûment ni totalement la demande électrique de l’ISS avec un équipage de 7 personnes (soit environ 120 MWh par personne et par an ou 60 MWh par personne et par semestre), via des batteries de stockage jour/nuit indispensables durant les périodes d’ombre ; c’est là une demande qui est alors à compléter par des piles à combustibles (transformation directe de l’énergie chimique de l’hydrogène en électricité).
Le Starship sera, lui, en permanence sous le plein Soleil durant son transit vers Mars. Mais, avec seulement 135 m² et des modules PV à 20% de rendement, sous une irradiation initiale de 1380 W/m² au niveau de l’orbite terrestre, cela assurera-t-il la demande électrique (encore inconnue à ce jour, que je sache !) ? Certainement pas et, comme bien précisé par M. Brisson, cela d’autant plus que l’irradiance solaire va décroître au cours du voyage de six mois en s’approchant de l’orbite martienne. Avec les deux valeurs extrêmes indiquées de l’irradiation solaire de 492 à 715 W/m² à l’aphélie et au périhélie (à cause de l’excentricité de son orbite de 0,093 et non pas selon les saisons) au niveau de l’orbite martienne, la puissance électrique disponible pour produire de l’électricité sera tombée jusqu’à seulement 13 à 19 kW, soit, au mieux, bien cinq fois moins que pour l’ISS qui abrite, elle, jusqu’à sept personnes d’équipage.
L’image d’artiste représentée en en-tête est surtout séduisante… Il eût fallu empoigner le problème par l’autre bout : de combien d’énergie faut-il disposer durant les six mois de voyage vers Mars pour un équipage de X personnes ? On se serait alors rendu compte assez vite que l’énergie solaire fournie avec cette solution de 135 m² de PV n’allait de très très loin pas suffire. En effet, une source nucléaire sera indispensable pour le vaisseau spatial lui-même, comme le répète M. Haldi. Il en sera de même sur le sol martien où des robots arrivés dans des missions antérieures devront apporter et installer de petits réacteurs nucléaires modulaires (SMR), sans doute de quelques mégawatts de puissance (soit une production de 8760 MWh par année terrestre pour un SMR de 1 MW), et qui devront être déjà opérationnels dès avant l’arrivée du premier équipage.
J’ai bien peur que vous ayez raison Monsieur de Reyff!.
La surface est bonne (135 m2), l’irradiance est exacte (1320 W/m2), les pourcentages de rendement sont exacts (20; 30 ou 40%)…mais j’ai oublié de diviser par cinq (les 20%)!
Je suis désolé. J’aurais dû faire plus attention. Mon rêve recuel donc un peu plus. Il faudra bien trouver une autre ressource énergétique pour aller jusqu’à Mars
non Pierre BRISSON on va y aller et assez rapidement :votre reve ne recule pas!
Merci Niogret.
Nous avons besoin encore de beaucoup d’imagination et de travail. Mais il ne faut pas abandonner. C’est notre devoir de le faire, pour tous les autres et cette « civilisation » dont nous sommes porteurs.
ce qui m apparait c est qu avec le materiel actuel on ira mais pas avec un starship seul mais avec un groupe de starship presentants des « specialites » differentes: on tombe sur une solution modulaire comme PIERRE HADLI le preconise tres justement.MAIS cela est « a portee de main » desormais. Et connaissant la « vigueur de ELON MUSK je ne m inquiete pas.
Oui… le probleme va etre la maintenance de ces reacteurs…
Les petits réacteurs modulaires SMR, entre 1 et 300 MW, qui sont actuellement en développement, sont conçus pour une utilisation de plusieurs années sans besoin d’aucune maintenance et ont une sûreté dite passive (systèmes nucléaires dits intrinsèquement sûrs), n’appelant aucune intervention.
Sur Terre, en premier lieu, ils seront utilisés soit comme source de chaleur, soit pour le dessalement d’eau de mer, soit pour produire de l’électricité au niveau local.
Les applications spatiales prévues sont encore plus petites, entre 1 et 10 kW, soit des modules du genre Kilopower. Leur chaleur est transformée directement en électricité par un moteur Stirling et non plus par une turbine. On peut imaginer, pour un vol vers Mars, que le réacteur soit situé dans un module séparé voyageant de conserve à quelques mètres du Starship auquel il serait simplement relié entre autres par les indispensables câbles électriques pour transférer l’énergie.
Eh oui, on en revient toujours à la même conclusion, la solution pour espérer un jour aller vers et sur Mars est modulaire ou ne sera pas! Le concept monolithique actuel du Starship conduit (malheureusement) à une impasse.
oui oui je suis d accord il faut simplement que nous soyions certains a 100 pr cent que ces reacteurs soient fiables a 100pr cent sur une duree de plusieurs annees.
Vous connaissez un système technique, quel qu’il soit, qui soit fiable à 100 % sur la durée?!
Cela dit, la fiabilité de fonctionnement des réacteurs pour application spatiale évoqués plus haut (qui sont de conception très simple, avec une sécurité intrinsèque, et ne demandent ni recharge de combustible ni opérations d’entretien pendant des années, ce qu’aucune autre technologie énergétique ne permet) sera de toute façon très nettement supérieure à celle qu’offrirait des panneaux solaires déployables/repliables « à l’infini »! Mais voilà, cette technologie n’est malheureusement pas compatible avec le Starship dans sa conception actuelle pour des missions vers et sur Mars.
Bon resumons la situation:
ENERGIE: nous ne sommes pas au point.
GRAVITE ARTIFICIELLE:nous ne sommes pas au point.
PROTECTION ENVERS LES RADIATIONS: nous ne sommes pas au point.
Nous allons devoir etre tres patients avant de pouvoir marcher sur la planete MARS.
Part contre la fusee est vraiment extra.
On est bien d’accord, en matière de lanceurs, et de motorisation pour ceux-ci, SpaceX est aujourd’hui une firme sans rivale ( je serais très curieux à ce propos de savoir, entre autres, quel est le taux de fiabilité que SpaceX attribue maintenant aux Raptors, afin de pouvoir une fois pour toute faire des calculs d’analyse de fiabilité/risque sur des bases solides).
Mais voilà, cela ne suffit de loin pas pour permettre d’envisager l’envoi d’êtres humain sur Mars. Et, de nouveau, je crains (et regrette) que l’approche suivie avec le Starship ne soit pas la bonne et conduise à une impasse. Et à noter qu’il est beaucoup plus facile d’envisager des solution aux trois problèmes que vous mettez en exergue dans une approche modulaire que dans l’approche monolithique adoptée par SpaceX.
peu etre moyen de contourner le probleme energie en utilisant 6 starship simultanement 5 porteurs dans la coiffe de 5 panneaux solaire et le starship « passager » en plus.en attendant le smr
Encore une fois, c’est précisément le principe d’une conception MODULAIRE (un module une fonction de base). Et mieux vaut alors l’envisager carrément plutôt que chercher à « rafistoler » une approche basiquement mal adaptée.
Comme déjà démontré ci-dessus, cinq ou six fois plus de modules PV restera encore très insuffisant. On atteindrait tout juste l’équipement de l’ISS.
oui je sais : c est juste le principe…
juste pour voir s il existe un moyen d utiliser le starship tel qu il se presente actuellement en attendant plus et je pense que cela est possible…
le starship « voyageurs » resterait identique.
le starship « energie » verrait sa partie superieure modifiee: une coiffe ouvrable renfermerait x panneaux solaires deployables et orientables et inversement( comme une fleur…).(le peu de charge emportee permet le transport de carburant/comburant realisant ainsi une reserve.).
le voyage se ferait de telle facon que tous ces starship seraient lies entre eux, fleurs deployees et l ensemble en rotation sur lui meme .
arrive vers mars l ensemble se met en orbite, puis ferme les fleurs ,puis se desolidarie: starship habitable se pose et le nombre voulu de starship energie se pose aussi chacun son tour puis re-ouvre sa fleur; les astronautes n ont plus qu a sortir les enrouleurs et tirer les cables electriques. En cas de tempete martienne on ferme les fleurs et on tourne sur batteries en reduisant la consommation electrique au max. C est realisable et simple …en attendant SMR.
Avez-vous des informations sur les réacteurs nucléaires des voyagers qui quittent le système solaire. L’un d’eux semble avoir eu un problème qui a été résolu. Qu’en est-il maintenant? D’autre part, vous faites des propositions très raisonnables pour le voyage vers Mars mais je crois beaucoup à la méthode des essais et erreurs surtout pour quelqu’un qui dispose de beaucoup d’argent comme Elon Musk. Avec cela, justement par l’expérience glanée lors de ses précédents essais, il doit disposer de connaissances dont vous n’avez pas idée.
Pour les sondes Voyager il s agit de generateurs isotopiques qui degagent de la chaleur par desintegration radioactive : cette chaleur chauffe un pole d un thermocouple l autre pole etant dans le froid; on obtient ainsi une ddp (difference de potentiel electrique ) entre les 2 poles c est a dire une production de courant electrique.Le doute a l epoque etait la duree de vie des thermocouples et il s avere que cela peut fonctionner durant des dizaines d annees (cas des sondes Voyager) pour peu que les isotopes choisis aient une demi vie adequate
Merci pour ces informations que je ne connaissais pas sur les sondes voyager . Peut-être que ce principe peut permettre d’élaborer des réacteurs beaucoup plus puissants pour le voyage et le séjour martiens.
Non car ces generateurs isotopiques ne fournissent pas de grandes quantites d electricite : quelques centaines de watts alors qu un vaisseau comme starship necessite des dizaines de kilowatts et meme des centaines ….donc 2 solutions panneaux solaires mais il en faut enormement OU les futurs petits reacteurs nucleaires SMR mais ils n existent que sur les planches a dessin pour l instant… c est pour cela que j ai eu l idee des » starship energy » mais cela pose un gros probleme: comment lier entre eux ces differents starship une foi dans l espace et comment realiser les branchements electriques entre starship energy et starship passager…?
Oui Niogret, vous avez raison sur les générateurs thermoélectriques à radioisotopes (GTR). Le réacteur à fission Pylon d’USNC doit faire ses essais déterminants en 2026. Les SMR spatiaux, ça vient!
Bonjour Pierre Brisson
l agence spatiale europeenne annonce l essai de son demonstrateur fusee recuperable :bonne nouvelle!
Merci Niogret, j’ai vu!
Je pense que le Gruyere Space Program fait aussi bien avec beaucoup moins d’argent…mais je ne veux pas décourager les bonnes volontés. Dans 15 ou 20 ans l’Europe aura aussi son lanceur récupérable.