Si l’homme s’installe sur Mars, je pense que ce sera par l’intermédiaire des Américains. Dans cette hypothèse, la colonie se construira logiquement avec des moyens capitalistes et le fonctionnement de son économie sera libéral. Je vous expose ci-dessous mes arguments.
La logique de la NASA depuis Barack Obama* a été de faire appel (« appels d’offres ») à toutes les compétences industrielles et managériales des Etats-Unis (et parfois de l’étranger). La NASA fixe un objectif (« cahier des charges ») et demande à qui prétend l’atteindre, de soumettre une offre dont elle estimera selon des critères près-exposés, laquelle est la plus satisfaisante pour elle et ses finances (le meilleur prix). Par ailleurs, il existe aux Etats-Unis plusieurs entrepreneurs qui ont réuni des compétences et qui disposent de moyens financiers tels qu’ils peuvent être, en toute indépendance, des partenaires de la NASA pour atteindre des objectifs communs (parce que parfois mais pas toujours, ils ont déjà profité d’autres contrat(s) avec la NASA). On peut citer évidemment Elon Musk (SpaceX) ou Jeff Bezos (Blue Origin) mais il ne faut pas ignorer à leurs côtés plusieurs fortunes privées qui s’intéressent à l’Espace et plus particulièrement à l’installation de l’homme sur Mars. Dans le public, l’intérêt est assez généralisé comme en témoigne notamment la notorieté de la Mars Society locale créée en 1998 par Robert Zubrin.
*Lire son “National Space Policy Fact Sheet” du 28 juin 2010, notamment: « In support of its critical domestic aerospace industry, the U.S. government will use commercial space products and services in fulfilling governmental needs, invest in new and advanced technologies and concepts, and use a broad array of partnerships with industry to promote innovation. »
Les conditions sont donc réunies pour que des capitaux privés se joignent aux capitaux publics pour se lancer dans l’aventure spatiale et martienne en particulier. Il ne serait d’ailleurs pas surprenant que ce soit l’initiative privée qui lance la concrétisation du projet. Je l’avais suggéré dans mon article de blog du 14 novembre 2020 en évoquant la pertinence de la création d’une « Compagnie d’Exploitation Martienne ». Cette idée a été reprise (mais elle est naturelle dans un esprit américain) par Robert Zubrin, quand il a lancé son Mars Technology Institute (MTI) en Octobre 2023.
Une telle « Compagnie », comme l’est le MTI », serait une société anonyme par actions. Elle ferait appel au Marché pour compléter l’investissement propre des initiateurs réunis dans une « Mars Foundation », noyau de la société. Cette Foundation permettrait, par le sentiment de solidité qu’elle donnerait et le « confort » qu’elle pourrait donner, de lancer des émissions de capital qui pourraient être suivies par de nombreux particuliers de tout niveau de fortune. Je crois plus à mon hypothèse « Compagnie » qu’à celle de Robert Zubrin car je pense que cet élément de confort est indispensable puisque la Foundation disposerait immédiatement des fonds nécessaires pour concrétiser au moins le début du projet. C’est cela qui manque (pour le moment) au MTI de Robert Zubrin pour le rendre crédible (mais je ne veux pas déprécier l’initiative que je trouve courageuse).
Le fait que l’essentiel serait privé n’empêcherait pas l’Etat fédéral d’apporter, via la NASA sa contribution, comme on l’a vu à multiples reprises aux Etats-Unis pour diverses missions spatiales. Cette place de « second » pour l’Etat (moins « en vue » qu’une position de « leader »), serait d’autant plus probable que les dépenses spatiales publiques sont de plus en plus critiquées (bien qu’elles ne représentent que 0,5% des dépenses publiques fédérales), d’autant plus quand elles ne concernent pas la recherche scientifique par vols robotiques ou l’« Espace pour la Terre ».
Vous pourrez me faire l’objection que les capitalistes investissent pour obtenir un « retour sur investissement » et que, dans ce cas, la rentabilité semble pour le moins « éloignée ». En effet elle le sera. Il faudra d’abord beaucoup dépenser (une cinquantaine de milliards ou davantage sur une vingtaine d’années) et attendre (peut-être trente ans après le début des travaux sur place) avant de pouvoir obtenir un compte d’exploitation positif. Mais la force du capitalisme est qu’il permet de jouer sur l’avenir avec la spéculation. Il estime la valeur de l’investissement pour ce qu’il pourra produire plus tard, en dividendes certes mais, sans attendre, tout simplement en valeur future estimée. Ainsi, dès la souscription des actions, il y aura des échanges fondés sur cette valeur future, échanges matérialisés par des ventes de titres par ceux qui n’y croit pas ou qui sont déjà satisfaits par une petite montée du cours, bien avant que le moindre dollar de revenu soit produit par l’utilisation du capital. C’est comme cela que fonctionne tout « grand projet » (dont celui du Tunnel sous la Manche » que j’ai suivi quand j’étais analyste des risques dans ma banque qui en était « chef de file »).
In fine il faudra évidemment que l’investissement produise un profit. Et ce serait la même chose si l’investissement était fait uniquement sur fonds publics car de toute façon il ne faut pas rêver, un tel investissement, quelle que soit sa nature, qui n’atteindrait pas la rentabilité serait condamné à terme plus ou moins court. En effet l’esprit des hommes est ainsi fait qu’ils travaillent d’abord (sinon exclusivement) pour leur intérêt propre. Selon mon propre dicton, « les philanthropes meurent, les gouvernements passent, seul l’intérêt particulier survit ». Donc les investissements effectués pour établir une colonie sur Mars (vaisseaux spatiaux, astroports, habitats viabilisés, production alimentaire, importations diverses depuis la Terre et en particulier réacteurs nucléaires, paiement des hommes qui construisent, qui font fonctionner et qui exploitent) devront être un jour pas trop lointain, source de profits pour ceux qui les auront effectués ou les détenteurs de leur titre d’actif.
Il faudra donc qu’une demande s’exprime pour l’offre de biens et services martiens qui seront mis sur le marché (c’est la demande qui va générer la rentabilité et le profit).
La première chose que la Compagnie pourra offrir, donc vendre, et qui sera susceptible d’une demande, ce sera le transport des biens et des personnes et ensuite, surtout, la possibilité de vivre sur Mars dans des conditions acceptables pendant au moins la durée d’un cycle synodique. En effet personne ne décidera d’aller sur Mars sans estimer (avec un pourcentage acceptable de risque) pouvoir être protégé suffisamment contre les radiations, les micro-astéroïdes, les très basses températures mais aussi d’y disposer d’une pression acceptable dans des locaux confortables, de pouvoir y respirer, se nourrir, y dormir, et de pouvoir se déplacer en surface s’il le souhaite.
Tout cela aura un prix et devra être payé (comptant ou à crédit), non seulement pour couvrir les coûts de la Compagnie mais aussi (encore une fois) pour générer un profit (la rémunération des investisseurs qui auront pris le risque de perdre leur argent). Il faudra y parvenir sinon, « au bout d’un moment » il n’y aura plus d’argent et on devra « fermer boutique », c’est-à-dire la Colonie. Au début le coût sera très élevé car il y aura peu de facilités à offrir sur place et donc peu de voyageurs possibles. Du fait de ces deux facteurs, les prix devraient être très élevés. Mais dans tout grand projet, on passe la « période de lancement » en vendant à perte. C’est le seul moyen de développer le marché, c’est-à-dire le nombre de personnes susceptibles de payer les services offerts (tout en tenant compte des habitats viabilisés disponibles), ce nombre permettant les économies d’échelle. Au-dessus de 20 millions de dollars il n’y aurait pas plus de candidats au voyage que pour aller dans l’ISS. A partir de 2 millions de dollars, il y en aura beaucoup plus (et espérons-le « suffisamment »).
On peut envisager des « forfaits » mais compte tenu des divergences de consommation sur une période aussi longue, on recourra plutôt à des paiements en fonction des consommations. Tout échange sera monétarisé et se paiera. Les choix ayant des conséquences financières, cela évitera de « faire n’importe quoi ». Pendant le voyage on ne va pas faire payer le whisky du voisin à quelqu’un qui ne boit pas. Pendant le séjour, on ne va pas faire payer le même prix à quelqu’un qui se déplace en rover pressurisé toute la journée et à celui qui reste derrière son écran d’ordinateur.
Toutes sortes de personnes seront intéressées, depuis le géologue qui termine son doctorat ou qui l’ayant passé, a engagé des recherches sur l’évolution de l’inerte au vivant, jusqu’au cinéaste qui veut tourner un film dans un cadre martien véritable, en passant par le médecin passionné par les effets d’une pesanteur réduite ou par un système de protection contre les radiations. Ce seront aussi des inventeurs qui « auront une idée » et qui penseront que Mars serait idéale pour développer sa « proof of concept », compte tenu de ses conditions environnementales ou même intellectuelles car la Colonie concentrera dans un espace limité un nombre énorme de compétences. Certains payeront eux-mêmes leurs frais ; d’autres trouveront un financement dans une université, un organisme de recherche ou une firme pharmaceutique. Une vraie difficulté sera la durée puisqu’une personne partant pour Mars sera absente 30 mois de la Terre (deux voyages de 6 mois et un séjour de 18 mois sur Mars).
Des entreprises voudront aussi envoyer des hommes. Ce seront des sociétés de construction qui voudront tester un nouveau verre résistant aux différences de températures, de radiations ou aux chocs (micrométéorites). Ce seront des sociétés spécialisées dans le recyclage, à la recherche de la « boucle 100% » et qui seront sur Mars dans des conditions idéales aussi bien pour leur étude que pour la vente du résultat puisque la recherche de la perfection dans ce domaine sera un des objectifs fondamentaux de la Compagnie. Ce seront des banquiers de la « Banque de l’Espace » ou de la « Banque Martienne de Développement » qui conseilleront les résidents dans leurs placements, qui avanceront des fonds pour les investissements, après avoir estimé, en étant sur place, la probabilité du remboursement. Ce seront des assureurs de la « Cie Martienne d’Assurances » qui seront là pour rassurer le banquier et couvrir toutes sortes de risques en connaissance de cause. Enfin ce seront des retraités, qui auront besoin d’une nouvelle vie dans un environnement paisible et intellectuellement stimulant, bénéficiant d’une gravité tout à fait confortable.
On pourra faire beaucoup sur Mars et la Compagnie vous y encouragera car vous serez ses clients et parce que toute bonne idée que vous apporterez sera la bienvenue. Les seules limites seront la disponibilité de l’énergie (on ne pourra entreprendre un projet qu’autant que l’énergie disponible le permettra, dans l’absolu et par rapport aux autres utilisations possibles) et la sécurité. Dans cet esprit, les activités dangereuses pour la sécurité des autres résidents seront strictement interdites. Par ailleurs le nombre de « paying guests » devra respecter le besoin et la possibilité pour la Compagnie de loger et de faire vivre tout le staff nécessaire au fonctionnement de la Colonie.
La Compagnie, la Banque, la Cie d’assurance seront présentes aussi bien sur la Terre que sur Mars. En effet il faudra que la Compagnie fasse la promotion de la Colonie, filtre les candidats au voyage. Il faudra que la Banque puisse accorder des financements aux personnes ou au projets les plus réalistes et les plus « intéressants », puisse constituer des pools de financement pour les projets les plus lourds, en apportant à ses partenaires des arguments sérieux fondés sur sa connaissance particulière du milieu martien. La Cie d’assurance de même pourra se couvrir avec les mêmes arguments auprès de ses consœurs (pool) et des établissements de réassurance.
Bien sûr avec le temps…et les enfants, la société évoluera. Certains seront auront des capacités intellectuelles limitées et on ne va pas les « éliminer » car l’humanité c’est aussi la compassion. Mais la Société se devra d’être juste mais sévère. Les citoyens qui troubleront l’harmonie et l’efficacité alors qu’ils pourraient travailler et contribuer au bien commun, seront renvoyés sur Terre ou devront « aller voir ailleurs ». Les paresseux et les parasites ne seront pas aidés. Le chômage n’existera que très transitoirement, le temps nécessaire pour retrouver une activité qui fera l’objet d’une demande solvable.
Et petit à petit la Colonie prendra de l’importance, renforcera son autonomie et Mars deviendra « une autre terre », la fameuse « Planète B ».
Liens :
https://obamawhitehouse.archives.gov/the-press-office/fact-sheet-national-space-policy
Pour (re)trouver dans ce blog un autre article sur un sujet qui vous intéresse, cliquez sur :
Index L’appel de Mars 24 08 30
Cet index reprend l’intégralité des 420 articles publiés dans le cadre de la plateforme letemps.ch aussi bien que les quelques 70 articles dans le blog qui y fait suite, celui-ci.
Et, si vous aimez ce blog, abonnez-vous !
…et/ou encore
Achetez Mon livre :
Franchir sur Mars les portes de l’Espace
Sur internet il est disponible chez amazon.fr, chez payot.ch sur le site fnac.com, chez Google books, sur le site de mon éditeur le Lys Bleu éditions. Vous pouvez aussi le commander chez votre libraire. Si vous rencontrez un problème, n’hésitez pas à m’en faire part (voir plus bas).
Si vous souhaitez passer par Amazon et que vous résidiez en Suisse, attention ! Il faut aller sur le site « Amazon.fr » et non sur celui d’« Amazon.de » auquel pourrait vous conduire automatiquement votre recherche. Si vous passez par « .de », les délais de livraison risquent d’être extrêmement longs.
Sur le même site, Amazon.fr, vous pouvez aussi obtenir le livre en format Kindle, avec disponibilité immédiate (et c’est moins cher !).
Sur le site de la Fnac vous pouvez le commander chez fnac.com mais pas encore chez fnac.ch.
Sur le site de Google books, le livre est disponible en e-book.
Si vous allez chez votre libraire et qu’il n’a pas le livre en rayons, demandez-lui de le rechercher sur le site Dilicom et indiquez-lui que le distributeur du Lys Bleu est la société Sodis.
A mes lecteurs suisses :
Le Lys Bleu m’a fait état le 19 juillet, du déblocage de la situation chez Amazon.fr : « Nous avons eu un accord avec Amazon pour la distribution en Suisse avec un délai de livraison de 48h sans frais de douane».
Chez payot.ch j’ai été informé d’une livraison deux mois après la commande mais les délais devraient s’améliorer.
Si vous ne pouvez passer par Amazon ou par Payot et que vous êtes confronté à une date de livraison trop lointaine ou à un prix trop élevé, contactez moi (pierre_brisson @ yahoo.com).
61 Responses
Je pense que, comme cela a été très justement rappelé dans le dernier blog à propos des commentaires d’un intervenant, PERSONNE à ce stade ne peut dire comment se structurera et évoluera une éventuelle future société martienne. Les conditions de vie et l’environnement étant complètement différents de ceux que l’on connaît sur Terre, on peut juste avancer que des structures d’organisation et de gouvernement totalement innovantes devront être imaginées. Ni le capitalisme « égocentré » (défense en priorité de ses intérêts personnels), ni un collectivisme « démotivant » (comme on l’a vu au siècle passé dans les « pays de l’Est » en particulier), qui ont montré, et combien (!), leurs limites sur cette planète, ne devaient a priori être pris pour modèles sur la planète rouge qui exigera une autre façon de « vivre ensemble », plus solidaire et plus altruiste. En fait, il serait fort utile dans ce contexte de s’inspirer de la magnifique maxime proposée par JFK dans son discours inaugural: « Ne demandez pas ce que votre pays (ici, la colonie) peut faire pour vous, mais ce que VOUS pouvez faire pour le pays (ici, la colonie) »!
Je comprends vos préoccupations humanistes mais je croie que l’implantation sur Mars ne peut réussir que si elle est rentable économiquement (et si aussi rapidement que possible, des perspectives de rentabilisation apparaissent).
Pour ce qui est de la liberté, j’ai bien parlé de liberté économique (dans la limite de disponibilité d’énergie et de locaux). Cela ne veut pas dire que les résidents martiens ne seront pas étroitement surveillés en ce qui concerne les risques qu’ils pourraient faire courir à l’ensemble de la société par une conduite inappropriée. Il y aura notamment des contrôles très strictes en matière d’hygiène ou en matière d’entretien des dispositifs de pressurisation.
Nous connaissons les coûts très bas annoncés (sans engagement) par E. Musk, R. Zebrin et quelques autres. La « cinquantaine de milliards » se base-t-elle sur eux ? Mais ils ne sont confirmés, ni surtout étayés, par aucune société ou agence spatiale au monde, pour qui il faut au contraire ajouter un zéro ou plutôt deux.
Musk a certes eu raison sur la baisse du coût de l’orbite basse avec sa Falcon. Mais il avait expliqué comment il ferait, et il ne l’a baissé que dans un rapport 2, pas 10 ou 100. C’est donc une situation différente, et le passé ne préjuge de toute façon pas de l’avenir.
Face à de telles contradictions sur le coût, s’ajoutant à l’incertitude sur ce qu’il en sera de la base après quelques années, je souhaite bonne chance pour trouver des investisseurs motivés …
Je ne parle pas ici des montants car il est trop tôt pour donner des chiffres. Les calculs actuels sont surtout fondés sur le coût de production et d’entretien des starships. Mais bien sûr, il faut d’abord que le Starship vole. C’est à ce moment que l’on pourra avancer des chiffres plus précis et ouvrir la Mars Foundation aux souscriptions publiques. On peut s’inspirer de la constatation de la baisse des coûts des lancements du Falcon-9 pour envisager la baisse du coût des missions sur Mars.
.
Pour les grands projets, les devis et les budgets sont des approximations qui doivent être constamment affinées en fonction de l’avancement des travaux et des ajustements technologiques. Ce sont des objectifs révisables. Il est impossible de dire à l’avance combien les projets coûteront en fin de compte. Regardez le Tunnel sous la Manche, regardez les EPR (pour ne donner que deux exemples). Bien sûr les estimations doivent être faites aussi sérieusement que possible mais on parle ici, au sens strict, de « venture capital ».
Donc parce qu’ils ont perdu leurs fonds dans les EPR et le Tunnel en question, les investisseurs demanderaient à récidiver dans un projet cent fois plus incertain. Ce serait une grande nouvelle. Mais j’en doute un peu …
oui complique…MAIS FAISABLE selon nos concepts occidentaux. Maintenant …les Chinois vont peut etre se mettre en piste pour Mars avec un systeme different (?) genre capitalisme d etat et dirigisme comme chez eux actuellement:faut se mefier des chinois car ils sont tres « speciaux »tres menteurs tres manipulateurs tres voleurs et en meme temps tres efficaces et tres intelligents.Les RUSSES ne m ont jamais impressionne mais les Chinois c est une une autre histoire!
Les comparaisons sont souvent discutables mais regardons ce qui se passe pour l’Antarctique. Qui paie? Cela est-il financé par des actionnaires? Si non, pourquoi n’en est-il pas ainsi? Y a-t-il des gens qui ont abandonné et sont rentrés dans leur pays sans espoir de retour? Quelles sont les motivations? L’Antarctique aurait des ressources minières, les exploite-t-on déjà? Depuis combien de temps est-on là-bas sans en tirer d’argent? Il faut beaucoup nuancer ce rapprochement, c’est sûr. Mais pouvez-vous imaginer l’enthousiasme que ce voyage martien suscitera dans le monde entier, invention, mines, emprunts? Peut-être l’argent viendra-t-il de sources dont vous ne pouvez pas encore avoir idée. Ne parlons pas de l’émulation qui saisira les Chinois… s’ils ne sont pas sur Mars les premiers. Vous oubliez les Indous, les Arabes, les Japonais et pourquoi pas les Européens s’ils trouvent de l’argent (et les Russes ne sont pas encore hors-course) à condition que les US fassent la preuve que Mars est passionnante. Y aura-t-il des collaborations très poussées entre pays? On peut craindre l’inverse s’il y a des accidents, des raisons de déprimer, une guerre mondiale sur terre, quoique voyez les HMS Erebus et Terror dans l’Arctique et ce qui a suivi.
A quoi faites-vous allusion dans votre dernière phrase? A ma connaissance, l’expédition Ross (dans l’Antarctique, et non l’Arctique comme vous l’écrivez) en question a été un grand succès, avec des découvertes majeures en magnétisme, botanique et zoologie. Si la première mission martienne est aussi fructueuse (dans d’autres domaines bien sûr, pas en botanique et zoologie! :-)), il y aura de quoi être très satisfait.
Ou est.ce une référence au fait qu’il faudra ensuite attendre plus de 50 ans après cette expédition pour un vrai retour en terres antarctiques? Un peu comme à notre époque entre la dernière mission Apollo et un retour sur la Lune! Et, effectivement, cela pourrait se répéter avec l’exploration martienne, et pire encore si la première tentative se solde par un échec (ce que je crains avec Elon Musk, qui a tendance a vouloir brûler les étapes).
Merci pour votre réponse__HMS Erebus et Terror: Il y aura inévitablement des péripéties lors des expédition sur Mars. Ces bateaux, malgré leurs apports scientifiques, ont mal fini. Donc c’est la deuxième partie de votre réponse que j’avais en tête. On peut espérer des découvertes passionnantes sur Mars. Mais comment verriez-vous les moyens de relancer l’intérêt pour cette exploration si on se heurte à des catastrophes? Comment ne pas attendre 50 ans pour y retourner? Cela va certainement dépendre de la façon dont on s’organisera: coopérations internationales, situation sur la terre, condition de vie sur cette planète, progrès de la science et richesses minérales découvertes et la grande question: s’il y a de la vie sera-t-elle dangereuse? Nous apprendra-telle quelque chose?
Si on résume, en premier plan les sociétés anonymes et en second l’État. Que répondre à l’observation « on privatise les profits, on socialise les pertes. »
Un tel comportement ne correspond pas au capitalisme. Ne serait-ce pas un capitalisme d’État, similaire à celui observé dans la crise des subprimes 2008?
La question est légitime quand on voit notre lanceur de fusées réutilisables se faire proposer un poste d’auditeur de l’administration fédérale si le candidat à sa réélection est élu en nov 2024.
Comment éviter les conflits d’intérêt qui minent les mécanismes de concurrence prônés par les enthousiastes d’un capitalisme débridé.
Je ne vois pas où, dans le modèle que j’ai exposé, vous voyez que je propose de socialiser les pertes. Non, pas du tout. Dans un modèle capitaliste les pertes doivent être assumées par l’investisseur qui a risqué son capital. C’est pour cela qu’il y a rémunération. Si l’investisseur veut couvrir son risque, il va demander une garantie ou contracter une assurance mais s’il le fait il va renoncer à une partie du prix payé par l’acheteur du produit réalisé par son investissement.
Pour moi la socialisation des pertes est la présence en 2e plan de l’État. Si les investisseurs n’obtiennent pas le retour sur investissement prévu, ils vont desinvestir la colonie laissant à l’État la gestion de la friche industrielle. Comment se prévenir de ce risque qui s’est réalisé sur Terre en Suisse dans l’industrie chimique, le raffinage du pétrole, les banques?
Là vous envisagez une éventualité très lointaine. Je doute qu’elle fasse partie des préoccupations de la NASA ou de l’état fédéral américain. Mais je ne doute pas que les responsables de la protection planétaire veilleront à ce que l’impact de l’implantation humaine soit la plus légère possible. Si cette implantation échoue, je vois mal quelqu’un (public ou privé) intervenir pour nettoyer le terrain. Donc votre objection ne me semble pas fondée.
« Si cette implantation échoue, je vois mal quelqu’un (public ou privé) intervenir pour nettoyer le terrain. Donc votre objection ne me semble pas fondée. »
L’Histoire est pleine de promesse que les industriels ont eu toutes les peines du monde à tenir: le canal de Panama par exemple.
Je vous rappelle l’ISS. On nous promettait des applications industrielles extraordinaires. Au moment de la desorbitation de l’ISS, le retour industriel de l’ISS est nul.
Donc si on résume, à la moindre difficulté on laisse tout en plan?
Une telle attitude va enterrer le projet martien pour des siècles. La Terre souffre des développements industriels créés pour le profit en priorité au point que l’on pense à Mars comme la planète B. Alors si on gâche la planète B, que nous reste-t-il?
Et que se passerait-il si on crée une colonie et que l’on découvre par la suite qu’une forme de vie existe, interdisant tout commerce avec la Terre?
Quand les conséquences prévisibles pour la Terre sont négatives, il est normal que les autorités publiques s’y intéressent à défaut des propriétaires privés. Dans le cas de l’ISS, les propriétaires sont publics mais il est évident qu’on va veiller à ce qu’elle ne tombe pas n’importe où sur Terre (il y aura de gros « morceaux » qui ne vont pas brûler dans l’atmosphère).
Par contre on verra très vite si l’homme peut vivre ou non sur Mars (gravité, radiations, possibilité d’utilisation des ressources locales). A mon avis ce sera dès la fin de la première mission de 18 mois sur place et la décision sera prise pour des raisons médicales.
Si la vie humaine aidée par la technologie est impossible sur Mars, oui les hommes y renonceront. Mais ils ne vont pas « rapatrier » sur Terre les masses et volumes qu’ils auront déposés sur Mars, ni les éléments divers qu’ils y auront créés (que l’expérience soit menée par le public ou le privé). Il n’y aura pas beaucoup de ces vestiges ou déchets et il y en aura seulement à un seul endroit (la Base où l’on aura tenté l’expérience). Mais ces mêmes hommes laisseront ces vestiges ou déchets sur place, tout simplement. Ce sera la trace de leur passage. Et alors ?
La seule différence avec l’expérience lunaire c’est que les hommes prendront sans doute plus de précautions quant à la pollution (par exemple, en brûlant à haute température les déchets organiques) surtout s’il subsiste un doute quant à l’existence d’une forme de vie dans la profondeur du sol). Ces précautions pourront être prises car elles ne seront pas difficiles à mettre en œuvre et parce qu’elles seront peu coûteuses.
@C.A. Roten:
« Et que se passerait-il si on crée une colonie et que l’on découvre par la suite qu’une forme de vie existe, interdisant tout commerce avec la Terre? ». La probabilité étant proche du zéro absolu, je ne crois pas que cela soit un vrai obstacle. De toute façon, si on devait trouver après l’établissement d’une colonie humaine sur la planète rouge qu’une forme de vie martienne existe, il serait dans ce cas trop tard. Car pourquoi interdire alors tout commerce avec la Terre? Si c’est pour préserver la vie en question d’une contamination terrestre, encore une fois, il serait trop tard. Et si c’est par crainte du contraire (contamination de la Terre), on aura tout le temps de vérifier que ce risque n’existe pas (ce qui est de loin le plus probable) avant de renvoyer hommes et matériel potentiellement contaminés sur Terre; sans compter que la durée du voyage de retour constitue en elle seule la plus longue et efficace des quarantaines imaginables. Enfin, si par extraordinaire un risque de contamination Mars->Terre devait se révéler existant, devrait-on alors laisser les colons martiens sans plus de ravitaillement depuis la Terre (qui restera au moins en partie nécessaire pendant encore très longtemps; une complète autonomie n’étant pas pour demain) et donc les condamner à mort?!
Expliquer moi comment la vie produit LUCA au génome sophistiqué à plus de 2000 gènes (-4.2 Ga) alors que la croûte terrestre vient de se refroidir (-4.2 Ga).
Vient-elle d’ailleurs? Et si elle vient d’ailleurs ne s’est elle arrêtée que sur Terre?
Toute absence d’explication réaliste pour une vie purement terrestre ouvre la possibilité d’une vie martienne.
Edmund R. R. Moody, Sandra Álvarez-Carretero, Tara A. Mahendrarajah, James W. Clark, Holly C. Betts, Nina Dombrowski, Lénárd L. Szánthó, Richard A. Boyle, Stuart Daines, Xi Chen, Nick Lane, Ziheng Yang, Graham A. Shields, Gergely J. Szöllősi, Anja Spang, Davide Pisani, Tom A. Williams, Timothy M. Lenton & Philip C. J. Donoghue
Nature Ecology & Evolution (2024)
« …How evolution proceeded from the origin of life to early communities at the time of LUCA remains an open question, but the inferred age of LUCA (~4.2 Ga) compared with the origin of the Earth and Moon suggests that the process required a surprisingly short interval of geologic time. »
D’accord mais, même si LUCA remonte à 4,2 milliards d’années, rien ne dit que l’évolution prebiotique a pu aboutir à la vie sur Mars. Il reste tout à fait possible que seules les conditions prevalant sur Terre il y a 4,2 milliards d’annees ont permis ce passage (la dernière phase comme l’assemblage où la constitution d’une enveloppe cellulaire).
Cela rendrait moins improbable la résistance au voyage Mars Terre d’une molécule vivante. Et cela n’implique aucunement que l’évolution jusqu’à la molécule vivante constituée (notre LUCA) ait abouti sur Mars.
Soyons clair, si un transfert de vie a eu lieu dont la Terre a profité a -4 Ga, ce n’est pas à un échange de soupe prébiotique que je songe, mais au voyage d’un prokaryote constitué comme LUCA (chromosome à plus de 2000 gènes) dont la paroi lui permettait de supporter des chocs considérables, d’autant plus si par exemple cet organisme a voyagé dans des fragments de croûte de planète qui l’a hébergé.
Le mécanisme est celui de la lithopanspermie décrit par le scientifique suédois Svante August Arrhenius, Nobel de chimie en 1903.
Après développement de la vie sur Terre, ce mécanisme a également pu préserver la vie terrestre pendant les impacts monstrueux de planétésimaux (centaine de km de diamètre) qu’a subi le Système solaire il y a 4 Ga. Ces chocs produisaient une énergie monstrueuse capable de stériliser la surface de la planète impactée.
La Vie a pu survivre à ces chocs monstrueux dans les profondeurs de la planète (si la température est restée raisonnable: peu probable) et par lithopanspermie en étant éjectée dans l’espace installée dans la roche où elle vivait, puis mise en orbite pour être congelée, pour retomber plus tard quand l’énergie de l’impact s’est dissipée.
Ces échanges par chocs monstrueux (-4 Ga) ont certainement permis d’échanger les formes de vie entre planètes du Système solaire.
La panspermie repousse « ailleurs » le problème de l’origine de la vie, ce qui n’est pas très satisfaisant !
Pour moi il me semble plus logique que l’évolution prebiotique soit parachevée sur Terre compte tenu d’un milieu favorable à cette complétion et compte tenu de la brutalité (pression, chaleur) du « transport » à bord d’un astéroïde ou d’un planetesimal.
D’ailleurs je ne crois pas que tous les microbiologistes soient d’accord sur la lithopanspermie.
Quand l’argument « logique » sort avec la panspermie l’interlocuteur n’a plus d’argument en réserve.
Quel argument « logique » brandir pour la survie de la vie par lithopanspermie aux chocs brutaux des planétésimaux? J’attends vos propositions « logiques » avec grand intérêt.
L’argument « logique » sort pour dénigrer la lithopsnsoermie quand tout doit être démontrer que la vie sur Terre à une origine géocentrique, pour s’assurer que l’on peut faire n’importe quoi sur Mars, car autre argument « logique » Mars est stérile. Vraiment? La possibilité d’une vie vient de l’implacable analyse de la vie terrestre: LUCA à plus de 2000 gènes présent (-4.2 Ga) au moment du refroidissement de la croûte terrestre (-4.2 Ga).
Pour savoir si j’ai tort, c’est simple. Plutôt que de se lancer avec frénésie dans une aventure capitaliste sans réflexion, pleine de risques pour l’Humanité, envoyer des spécialistes (un médecin suffit, rajouter un biologiste, un astrophysicien, un géologue et d’autres) pour rechercher la Vie martienne en condition P4.
Evitons de brutaliser notre planète en perturbant ces cycles BIOgéochimiques par des transferts de vie avec la maladresse habituelle des aventuriers du capitalisme. Actuellement nous n’avons qu’une planète A. Nous ne savons pas si nous pouvons disposer d’une planète B.
Je préconise précisément que la première mission habitée sur Mars soit composée de médecins. Et bien sûr parmi eux, il devrait y avoir au moins un microbiologiste. Dans l’intérêt de tous, cette première mission devrait être effectuée dans des conditions de protection biologique élevées.
Bonjour Pierre Brisson
Comment cela va t il se passer concernant les droits de propriete sur Mars?
.
D autant que par la suite ces colonies risquent d essaimer a l image des polis en Grece antique des que les premieres colonies seront insuffisantes pour assurer la croissance de population…
En vertu du « traité sur l’espace » de 1967, un tel droit (de propriété) n’existe pas. Comme c’est le cas également pour le continent Antarctique (protocole de Madrid de 1991), qui interdit d’ailleurs l’exploitation des ressources de celui-ci pour 50 ans initialement. C’est une raison qui risque de limiter l’intérêt pour Mars des investisseurs « capitalistes » d’ailleurs.
Bonjour Pierre- Andre Haldi
Oui cela va poser problemeS…multiples financiers et politiques pas tout de suite mais dans les decenies et siecles a venir : on ne voit pas pourquoi des gens ou des entreprises s installant la bas ne seraient pas proprietaires de leur(S) biens; cela est aux antipodes de nos valeurs.
Les ingredients sont deja en place pour provoquer des conflits avant meme la premiere installation sur Mars je dis bien la PREMIERE…
.
puique en ce moment Mars est desertique : donc ce sont des crimes en prevision! je me demande qui sont les incompetents qui ont signe ce traite de l espace…La chine ne se posera pas ces questions.
.
Pour les colonisations en Amerique Australie SudEst Asiatique Afrique etc la il y avait des autochtones et nous avons surement des choses a nous reprocher (et encore) mais sur Mars la propriete est au premier occupant …point barre.Dans ce cas Martien ce seront les USA UN POINT C EST TOUT.(sur les zones conquises bien sur)
NB en 1967 tout le monde savait que Mars serait vite a notre portee puisque VERNER VON BRAUN avait pour projet d accoupler plusieurs fusees Saturne 5.
Il est donc stupefiant que les responsables occidentaux de l epoque aient concu ce « foutu traite ».
« … des gens ou des entreprises s’installant là bas ne seraient pas propriétaires de leur(s) biens … », le traité de l’espace ne spolie pas les gens ou les entreprises de « leurs biens »; il ne permet simplement pas à une nation de prétendre s’approprier un « territoire » dans l’espace ou sur un autre corps céleste, voire le corps en question tout entier (et fort heureusement à mon avis, on ne va pas commencer à exporter nos petits conflits « chauvinistes » sur d’autres corps célestes et y créer des frontières!).
Quant à ce « foutu traité », vous continueriez à le qualifier ainsi si par exemple les Russes réclamaient la possession de la Lune parce qu’ils ont été les premiers (Luna 9) à y faire atterrir leur drapeau (même si c’était celui de l’URSS à l’époque). Ou, si on ne considère comme valable que la prise de possession par l’arrivée d’êtres humains d’une nation donnée, si les Chinois arrivent les premiers sur Mars et en interdisent, ou, en tout cas, contrôlent, ensuite l’accès à d’autres? Toute entreprise de ce genre bénéficie d’un historique héritage technico-scientifique de chercheurs et découvreurs de nombreuses nations, il n’y a pas de raison qu’une seule nation s’en approprie les éventuels bénéfices et en exclue les autres (le succès « américain » des missions Apollo, par exemple, doit combien en fait à des Européens, plus ou moins fraîchement « nationalisés » pour certains?!
pas d accord
« Un peu court, jeune homme » (même si je ne sais pas si « jeune homme » d’applique ici), comme dirait Cyrano de Bergerac! 🙂
Pouvez-vous développer un peu svp.
je vous adore PIERRE ANDRE HALDI donc ne prenez pas en mal mes propos.
Par propriete j entends les premiers humains occupant une zone sur Mars ; cette zone devient propriete et non pas l ensemble de la planete.Les RUSSES ont seulement pose des sondes et cela ne constitue pas une occupation .D autres(RUSSES CHINOIS FRANCAIS …) pourront poser ensuite des humains sur la planete et deviendront ensuite proprietaires de leur terrain. C est logique et correct.Et c est ce que ce traite completement stupide aurait du preciser .Les modalites d accession a la propriete sur MARS SONT A DEFINIR en particulier pour les citoyens prives egalement qui souhaitent investir de cette maniere…apres avoir imagine le possible retour sur investissement…
« deviendront ensuite propriétaires de leur terrain », et comment et par qui sera définie l’étendue (zone) de « leurs terrains »? Pour prendre un exemple, des Chinois, qui l’ont déjà fait avec une sonde, débarquent sur la face cachée de la Lune et décrètent alors que « leur terrain » est toute cette face puisqu’ils ont (supposons-le ici) été les seuls à y poser leurs ressortissants; vous approuvez (ils pourraient faire quelques atterrissages en divers endroits pour justifier avoir occupé toute la « zone » en question)?
Introduire des notions de propriétés exclusives et de frontières sur la Lune ou Mars est ouvrir la porte, comme sur Terre, à des contestations, des conflits, voire de guerres; et alors bonjour les dégâts dans de tels environnements!
Et dans ces conditions, pourquoi dans le cas martien décrétez-vous d’ores et déjà que la propriété sera « américaine » (les « Américains » ont déjà débarqué sur cette planète?).
Il est difficile de faire des affirmations concernant l’avenir: « l’ISS, On nous promettait des applications industrielles extraordinaires ». L’espace a été pourtant apporteur d’innovations et, aussi, c’est une expérimentation qui peut-être conduira à de très grandes stations spatiales de peuplement, militaires ou de recherche pure. Il faut donner le temps au temps pour juger.
Les microbes martiens pourraient poser un problème mais n’excluez pas qu’on puisse trouver une solution. Le matériel pourra être désinfecté par la chaleur, l’irradiation, des bains… Je ne sais pas. Pour les hommes c’est plus difficile et sera, si on y parvient, plus long. Encore une fois, de longues études avant l’envoi d’humains permettraient certainement, avec de la chance, de trouver les germes dans le sous-sol, s’il y en a. Voire de prouver (un peu) qu’il n’y en a pas.
Mais monsieur Haldi s’inquiète certainement avec raison des intentions d’un certain cow-boy:
https://www.dailymail.co.uk/news/article-13826439/elon-musk-astronauts-mars-nasa-moon
Pourquoi la vie sur terre et pas ailleurs? Sans parler de Dieu ou des extraterrestres, pourquoi ne serait-elle pas le résultat d’une évolution unique dans des conditions avec un paramètre unique? Le mot exception a une réalité même dans beaucoup d’autres domaines.
Quand il y a des problèmes (Vie martienne), il y a des solutions mais il faut le temps de prendre du recul pour ne pas tout casser.
Le Traité de l’espace de 1967, qualifié plus haut de « foutu », a pour objet de définir un certain nombre de principes là où il y avait un vide juridique total. Il sert par exemple à empêcher que le statut de premier occupant s’assimile à un droit de propriété comme ce fut le cas sur Terre pendant des siècles. Loin de contredire des projets martiens de l’époque ou actuels, il apporte donc un référentiel indispensable aux activité spatiales.
Il précise aussi qu’elles sont de la responsabilité de seuls Etats. C.à.d. qu’un industriel (comme Space X, par exemple) ne peut rien y entreprendre sans autorisation gouvernementale, même à titre expérimental.
Il est court (trois pages) et n’aborde pas les modalités d’application. Pour celles-ci, et au premier chef celles touchant à l’exploitation des ressources extra-terrestres, voir plutôt les « accords Artémis ». Sous couvert d’apporter un cadre juridique au programme lunaire du même nom, ils servent surtout à créer un précédent juridique, dont leur rédacteur le gouvernement US compte bien ensuite imposer la généralisation.
Je pense que toutes ces considérations ont peu d’importance, pour les raisons suivantes :
Seuls les Américains et peut-être les Chinois seront capables d’aller sur Mars dans un avenir prévisible.
Si les Américains décident d’appliquer leurs lois de la propriété sur Mars, je ne vois vraiment pas qui les en empêcherait.
Bon, alors autant dire qu’on en revient à la loi de la jungle et à celle du plus fort, et dans ce cas ce ne sera pas seulement dans l’espace. Et on peut dans ce cas dire adieu au Droit international, une des rares avancées de l’Humanité initiée au siècle passé!
Pierre-Haldi, Bravo pour la formulation. j’abonde dans votre sens, d’autant plus que l’on sent la pression du privé du côté américain. Notre industriel de la mobilité électrique est électrisé avec les prochaines échéances électorales qui, selon le choix des électeurs, pourraient le nommer auditeur de l’Administration fédérale.
Certainement pas une bonne nouvelle pour les autres états que les USA, certainement pas une bonne nouvelle pour les citoyens/électeurs US, certainement pas une bonne nouvelle pour les concurrents de l’industriel de l’électrique.
En contradiction au capitalisme stricto sensu, l’industriel devenant juge et partie, i.e. auditeur et partie prenante dans le projet martien, cet industriel se donne les moyens d’un captage de ressources à une échelle astronomique.
Dire que les traités de l’ONU et autres accords internationaux ont « peu d’importance » est en effet surprenant.
Si c’est à cela que doivent conduire ces projets martiens, alors il faut immédiatement les condamner. Nous n’avons pas besoin de revenir à la loi de la jungle.
Je ne porte pas un jugement moral, je fais une observation réaliste:
Comment voulez-vous appliquer un Droit internationale sur Mars si la colonie qui y déroge appartient aux Etats-Unis qui est la puissance dominante du monde (avec la Chine mais ça ne change pas grand chose)?
Allez-vous envoyer envoyer une armée sur Mars, alors que vous n’avez aucun moyen d’accès? Allez vous boycotter les Etats-Unis sur Terre alors que votre économie dépend du dollar et que la force militaire américaine peut vous contraindre?
Le Droit internationale c’est pour les nations petites et moyennes, pas pour les superpuissances. C’est ainsi. Les rapports de force sont toujours présents dans les relations internationales, en dépit de l’ONU et autres.
@Pierre Brisson. Votre vision de la domination US, et donc de « l’immunité » de ce pays est un peu datée. Que cela plaise ou non, cette influence « américaine » (pourquoi ce pays n’a-t-il pas d’adjectif propre pour le qualifier; mon épouse est Américaine, mais pas citoyenne des Etats-Unis pour autant?!) est en déclin et cette tendance risque de se renforcer dans un proche futur (en particulier suivant ce qui va se passer en novembre prochain). Imaginez une coalition plus étroite entre la Chine et la Russie, y compris dans le domaine spatial, ce qui est clairement déjà en train de s’amorcer et pourrait justement s’amplifier pour contrer entre autres des prétentions « américaines » à vouloir s’approprier d’autres corps célestes!
Je le répète. si c’est pour exporter ailleurs nos conflits terrestres, alors il vaut mieux dans ces conditions renoncer à toute « colonisation » de la planète rouge.
Merci MM. Roten et Baland d’abonder dans mon sens et de « remettre l’église au milieu du village ». Je ne comprends absolument pas qu’on puisse s’enthousiasmer pour une « colonisation » de la planète Mars si c’est pour y exporter le pire qui existe sur Terre, nationalisme étroit et capitalisme avide, quand on voit toutes les misères et destructions qui en résultent sur notre planète! Dans ces conditions, je ne donnerais pas cher de la survie d’une colonie martienne. Instaurer des frontières, des propriétés privées, la recherche du profit avant tout, est attiser à coup sûr les mêmes conflits qu’ici-bas, et au final une catastrophe programmée étant donné les conditions de (sur)vie beaucoup plus fragiles sur Mars. Mieux vaut alors en rester à détruire une seule planète, comme nous le faisons que trop bien, et oublier tout rêve (plutôt dans ce cas, cauchemar) martien!
Je ne veux pas mettre de l’huile sur le feu. Mais je pense que nous n’avons aucun moyen de nous opposer aux Etats-Unis dans l’espace.
Un exemple récent: Le Département d’Etat US a, en 2023, lancé les accords d’Artemis sur l’utilisation pacifique de l’espace. Ces accords font explicitement référence au Traité sur l’Espace des Nations Unis de 1967 mais personne n’en a discuté les termes avec le Département US lors de la rédaction. Cela n’a pas empêché un grand nombre d’Etats de l’accepter et de le signer. Cela n’aurait certainement pas été le cas si la proposition avait été faite par la France ou par la Suisse.
Par ailleurs des pays comme la Chine signent ce qu’ils veulent et obtiennent des « adaptations » énormes (cf l’appartenance de ce pays à l’OMC (Organisation Mondiale du Commerce) qui ne l’empêche absolument pas de fausser la concurrence (cf panneaux solaires), etc…
pas d accord
helas pas d accord
« On verra très vite si l’homme peut vivre ou non sur Mars (…). Ce sera dès la fin de la première mission de 18 mois sur place. »
Après 18 mois sur Mars, on saura si certains hommes peuvent vivre 18 mois sur Mars, et on ne saura rien de plus. On ne connaîtra ni les effets des conditions martiennes sur le long terme, ni la résistance psychologique des confinés au delà de ces 18 mois, ni ce qu’il serait pour d’autres visiteurs et encore moins pour d’éventuelles futures générations, ni d’une façon générale ce qui est nécessaire à une implantation plus durable.
La transplantation d’une race sur un territoire (totalement) hostile est une entreprise beaucoup plus longue et difficile qu’on semble parfois le croire.
Je ne suis pas d’accord.
.
Je préconise pour ma part que la première mission soit composée très largement de médecins puisque son objectif sera d’abord de savoir si l’homme pourra vivre sur Mars (et de prevoir une seconde mission).
Après 18 mois, on aura beaucoup d’enseignements sur le comportement du corps humain et ses capacités d’adaptation.
Oui la planète Mars sera un milieu plus difficile que beaucoup mais probablement moins difficile à vivre que l’Antarctique (Concordia) avec ses nuits de plusieurs mois.
Il faut enfin avoir en tête que (au-delà de la première mission qui sera avant tout un test) la décision d’aller sur Mars sera plus mûrement réfléchie par ceux qui partent et aussi par ceux qui accueillent (on ne fera venir que des personnes motivées ayant quelque chose à faire sur place).
Bonjour Pierre Brisson
Je desire acheter 10 hectares sur Mars: comment dois je proceder?
Ce n’est pas possible. Les habitats ont été construits par la Compagnie d’exploitation martienne. Les réseaux et systèmes de viabilisation lui appartiennent. Vous ne pouvez habiter chez nous qu’en locataire. C’est comme cela que nous amortissons notre investissement.
Maintenant, si vous voulez vous posez ailleurs sur la planète Mars, vous êtes libres.
Oui je vois mais avec le temps disons quelques decennies un groupement peut s organiser reunissant technologie et capitaux permettant de partir sur Mars et s installer en « courcircuitant »la Compagnie d Exploitation Martienne qui perdrait alors beaucoup d argent…Mieux vaut prevoir ce cas avant qu il n arrive…c est pourquoi je suis favorable a un ordre bien etabli dans le cadre de nos concepts occidentaux C EST A DIRE liberte et propriete.
.
En France nous ne sommes pas obliges d etre en location: nous pouvons acheter une residence mais ensuite nous devons payer des impots (taxe fonciere) et nous abonner aux reseaux et systemes de viabilisation.
On peut toujours essayer!
Peut-être réussira-t-on. Mais en attendant il faut faire avec la réalité. A part les Chinois personne ne peut faire autant que les Américains dans l’espace.
C’est comme dans le monde des affaires. Les entreprises qui ont une position dominante profite de cette position jusqu’à ce que la concurrence arrive et à partir de ce moment le dominant s’adapte s’il veut survivre.
Le soin que les Etats-Unis mettent à faire signer les accords Artémis (rappelé plus haut par M. Brisson) prouve bien que position dominante ne signifie pas loi de la jungle. Jusqu’à nouvel ordre, le droit a encore « de l’importance » et s’applique à l’espace comme au reste.
On n’y fera pas n’importe quoi simplement parce qu’on se croit fort ou riche. Il ne faut pas rêver.
Sans faire aucunement l’apologie de la loi de la jungle, je constate.
Bien entendu ceux qui se moquent du « droit international », préfèrent faire comme s’ils le respectaient. Mais ils ne s’arrêtent pas à cela si leur intérêt de ne pas le faire leur semble supérieur.
Les Etats-Unis n’ont pas respecté le Droit international dans leurs interventions militaires en Iran, tout comme les Français en Lybie, par exemple.
Bonjours a tous
J ai la satisfaction d avoir declenche un debat interressant! Si debat il y a c est que la question est interressante!
Maintenant je souhaite vous orienter sur un autre sujet : les organoides cerebraux et l hybridation homosapiens—homoneanderthalis. les organoides cerebraux obtenus n ont pas le meme allure et pas les memes reactions: les applications en robotique,informatique,ETmedecine humaine sont enormes surtout a l heure ou Elon Musk installe des « puces » dans le cerveau humain et a l heure ou je parlais recemment du cerveau des oiseaux…Voila qui risque de faire de nous dans l avenir des etres dotes de capacites cognitives enormes…on en arrive a penser que la prochaine evolution de l homme sera provoquee par l homme…
Les Américains, les Chinois parviendront-ils à donner un « kick in the ass » aux Européens? A quel point sommes-nous au tapis? Je reste persuadé que le manque d’argent est une question de choix, donc de motivation. Qu’est-ce qui motive les deux premiers? la recherche du prestige, la curiosité scientifique, l’exigence de nouveauté, les espoirs d’enrichissement…? Ou simplement parce qu’ils peuvent le faire? S’il faut orienter cette discussion, je crois qu’il faut découvrir et mettre en avant avec force les arguments capables d’insuffler aux Européens un plus grand désir de Mars.
Dépenser pour un objet est exprimer un choix. Si les gouvernements européens réunis dans l’ESA ne veulent pas investir dans l’exploration spatiale par vols habités c’est que cela ne les intéresse pas. Aux États-Unis l’intérêt existe mais n’est pas très vigoureux.
D’où l’intérêt que des personnes privées (Elon Musk, Jeff Bezos) mettent leurs propres ressources sur le projet. C’est la liberté de choix que permet l’économie capitaliste.
Si on parle des US, l’industriel de la fusée réutilisable menace: si en novembre son candidat n’est pas réélu, il n’y aura pas de fusées sur Mars prochainement.
Une explication: il ne serait pas auditeur de l’administration américaine et ne pourrait pas profiter d’être juge et partie prenante.
Un exemple de conflit d’intérêt nuisible à une saine concurrence.
Ce n’est pas une menace, c’est une constatation. Trump est favorable au projet de Musk, Kamala Harris ne l’est pas.
Ne vous inquiétez pas trop. Quel que soit le (la) candidat(e) élu(e) en novembre, selon toute vraisemblance il n’y aura de toute façon pas de fusée (habitée) vers Mars « prochainement ». Au train où vont les choses, je ne parierais même pas pour un retour « prochain » de l’Homme ne serait-ce déjà « que » sur la Lune.
Mais je vous rejoins, Musk ferait mieux de se concentrer sur ses projets spatiaux (je rappelle que selon certaines de ses déclarations précédentes, un Starship habité devrait déjà être en route vers Mars!), et de laisser la politique à plus qualifiés pour cela que lui. Qui veut trop étreindre …
Je vous remercie de me suivre sur l’idée que mettre de l’argent sur la conquête de Mars est un choix. Cela aurait apparaîtra comme une nécessité quand notre existence sera menacée par une catastrophe de l’espace… ou autre. Il me semble que l’intérêt pour ce sujet est plus grand outre-Atlantique (voir le nombre de films de science-fiction qui ne parviennent jamais jusqu’à nous) mais on comprend qu’ils soient raisonnables : les autres sujets de dépense sont pressants. En Europe, on a cessé de « rêver » sur ce point, on ne voit plus que l’aspect financier de l’espace proche. Jules Verne est mort deux fois et on s’est assoupi à cause de notre appauvrissement et des guerres.
Pour ce qui est d’Elon Musk, c’est quand même une personne à paradoxes
https://www.dailymail.co.uk/news/article-13826439/elon-musk-astronauts-mars-nasa-moon
Il nous prévoit des choses extraordinaires. Je pense qu’il existe un site où l’on fait l’inventaire de ses promesses non-tenues. Mais il fait mieux que la NASA et il est milliardaire. Et je vois mal Bernard Arnault s’intéresser aux fusées.
Bonjour Pierre Brisson et bonjour Pierre Andre Haldi
Elon Musk n est pas content! le gouvernement bloque son 5 eme vol jusqu a fin Novembre
par contre vous avez une chance inouie :vous recuperez a Lausanne notre ministre de l economie comme professeur…