EXPLORATION SPATIALE - LE BLOG DE PIERRE BRISSON

Je fais l’hypothèse que c’est le Starship de SpaceX que l’on utilisera pour effectuer la première mission habitée sur Mars. Cette hypothèse est fondée sur les faits suivants : le Starship est le vaisseau spatial dont la mise au point est la plus avancée ; son initiateur et financeur, Elon Musk, est le plus déterminé des dirigeants de sociétés capables de construire de tels vaisseaux et il dispose du maximum de ressources financières possible. Elon Musk devrait conserver cette position avantageuse dans les années qui viennent du fait de ses excellentes relations avec la NASA dont il est l’un des fournisseurs essentiels en l’absence actuelle de concurrents, notamment pour desservir l’ISS. Comme les lecteurs de ce blog le savent bien, puisque le sujet y a été souvent abordé, j’ai bien conscience qu’il reste des problèmes à régler avant d’effectuer une telle mission puisque le risque couru par les passagers doit être acceptable. Je ne reviendrai pas ici sur ces problèmes qui sont notamment celui de l’énergie embarquée et celui de l’atterrissage sur un sol peu préparé à recevoir une telle masse. Je ne veux m’intéresser ici qu’au choix des hommes.

Avant le premier vol habité, il y aura eu quelques vols robotiques préparatoires, « sans » puis « avec » starship. Ceci implique que le rôle de l’homme pour arriver jusqu’à la surface de Mars à bord d’un starship ne sera pas indispensable quoique certainement préférable notamment pour assurer le bon déroulement de l’EDL (Entry, Descent, Landing). Rappelons que pendant cette phase du voyage, les fameuses « 7 minutes de terreur » (qui en réalité peuvent être un peu plus longues selon la portance), aucune intervention humaine n’est possible depuis la Terre compte tenu du décalage de temps (« time-lag ») dû à la finitude de la vitesse de la lumière (3 à 22 minutes dans chaque sens). Et c’est pour cela que la présence de l’homme dans le vaisseau représentera quand même « un plus ». En effet, bien que cela soit très difficile compte tenu de ce qu’une fois la descente engagée, le vaisseau ne pourra pas remonter en altitude compte tenu de sa masse et de ses réserves d’ergols limitées, le pilote et son copilote (car il y aura nécessairement redondance par sécurité) pourront quand même un peu naviguer du fait de la portance de la surface du ventre du vaisseau, de ses ailerons et de ses plans canards, et de la modification possible de son attitude ; ils pourront aussi intervenir en cas d’erreur manifeste du pilotage automatique. Ensuite, au dernier moment, les pilotes pourront « voir » le sol via leurs instruments et décider de modifier légèrement la position du vaisseau prévue par la TRN (à l’intérieur de contraintes très fortes tenant à sa masse et aux ressources résiduelles en ergols).

Après l’atterrissage, les passagers vont passer d’un environnement particulier (celui du vaisseau dans l’espace) à un autre environnement particulier (celui du vaisseau posé au sol avec possibilité d’EVA). Il y aura entre les deux beaucoup de similitudes et quelques différences (évidemment le retour à la pesanteur et aussi la possibilité d’utiliser les ressources locales). Mais l’objet du support vie sera toujours le même : fournir à l’homme tout ce que l’environnement martien hostile (mais moins que celui de l’Espace) ne pourra lui fournir. Et, c’est là-dessus que je voudrais insister, la première mission habitée sur Mars sera naturellement avant tout tournée vers l’homme, sur sa survie et son bien-être. C’est en effet lors de cette première mission qu’on va pouvoir tester en conditions réelles, comment l’homme réagit à ce milieu si différent de celui dont il provient et s’il est possible d’envisager une suite à cette aventure, c’est-à-dire un autre vol habité et éventuellement une installation pérenne sur Mars. Il ne faut pas omettre non plus que pendant la longue absence de la Terre (30 mois pour une mission martienne, soit 6+18+6) il pourra y avoir des accidents et qu’il faudra pouvoir y remédier au mieux, et aussi qu’un organisme vivant étant susceptible de dérèglements du fait simplement de son fonctionnement et du passage du temps, il faudra pouvoir intervenir pour rétablir ce fonctionnement, c’est-à-dire le soigner.

Cela aura des conséquences lourdes pour la constitution de l’équipage et son « entretien » (car, j’insiste, l’équipage sera le principal « équipement embarqué » à surveiller) :

Il faudra, bien sûr, les deux pilotes déjà mentionnés car l’atterrissage puis le redécollage seront des moments difficiles qui ne pourront être contrôlés par des « amateurs ». Ces pilotes devront être également ingénieurs car ils ne vont pas « rester à rien faire » pendant les 18 mois du séjour car, même si une fois posé le starship devra être surveillé, entretenu et peut-être réparé (avec « les moyens du bord » !), ils auront du « temps libre ». Les pilotes seront donc probablement également responsables de la production des ergols de retour (selon les procédures « ISRU », In Situ Resources Utilization), du contrôle de leur stockage, de l’approvisionnement du vaisseau, et des télécommunications.

Ensuite, l’intérêt spécifique de ce premier vol habité étant comme évoqué ci-dessus, les hommes, il faudra des médecins pour en prendre soin, comme suggéré plus haut. Ce seront deux (redondance par sécurité) chirurgiens avec compétences de généraliste, car s’il y aura bien des fractures ou des appendicites, il y aura aussi d’autres pathologies. Il y aura deux dentistes, car rien n’est plus invalidant qu’une dent gâtée que l’on ne peut soigner, mais ces dentistes devront s’occuper utilement en dehors de leur première affectation. Ils seront donc stomatologues, anesthésistes et prothésistes et en charge de l’utilisation des imprimantes 3D qui seront des outils fondamentaux pour pallier tout oubli d’outil sur Terre ou faire face à toute réparation d’instrument ou d’équipement dont une pièce se serait détériorée. Il y aura deux microbiologistes qui seront aussi bien épidémiologistes qu’exobiologistes, que radiologues et qu’inspecteurs sanitaires, car il ne faudra pas que les microbiotes, communs et de chacun, « dérapent ». Ils seront aussi plombiers et chargés de la surveillance du recyclage. Il y aura deux nutritionnistes qui seront également agronomes, car il faudra savoir à la fois produire un maximum de produits frais dans la serre expérimentale et se nourrir de façon la plus efficace et la plus saine possibles à partir des provisions embarquées. Il y aura enfin deux psychologues, car les relations humaines seront à surveiller « comme le lait sur le feu ».

J’ajouterais bien deux informaticiens pour corriger les « bugs » des robots, réviser leurs programmes ou en écrire de nouveaux, mais là je dépasse la douzaine de passagers estimée par Elon Musk (de toute façon on ne va pas exposer la vie de davantage de personnes) et peut-être la Terre pourra-t-elle faire le nécessaire à distance dans ce domaine. Disons plutôt que les passagers ne devraient pas être ignorants en matière informatique pour suivre les directives de la Terre en cette matière, notamment les pilotes.

De façon générale, disons que tout ce petit monde devra s’entraider en fonction des besoins. Un épidémiologiste pourra assister les chirurgiens en cas d’opération un peu compliquée et d’autant plus si le second chirurgien est défaillant (parce qu’il se fait lui-même opérer !). Mais également, rien n’empêche que quelqu’un qui a été formé pour soigner les autres ait aussi des compétences pour entretenir des machines et intervienne dans ce domaine. D’ailleurs dans l’ISS, les astronautes sont bien des ingénieurs « poly-techniciens ».

Le sexe et l’âge seront les deuxième et troisième critères de choix.

Voyons le sexe d’abord. Pour un éloignement de la Terre de 30 mois et peut-être plus (56 mois) si le retour après 18 mois de séjour est impossible et qu’il faille attendre la fenêtre de vol suivante pour repartir vers la Terre, empêcher toute activité sexuelle serait impossible sinon inhumain. Il y aura donc des hommes et des femmes. Plus exactement 6 hommes et 6 femmes, et plus exactement six couples, à la solidité affective soigneusement testée, car il faudra réduire le risque (sans bien sûr pouvoir l’éviter totalement !) que les rivalités sentimentales viennent créer la zizanie. Concernant l’âge il faudra marquer une différence très nette entre le premier voyage et les autres puisque le premier voyage sera un test avec de très lourdes conséquences possibles pour la vie sexuelle ultérieure des participants (radiations, voir plus bas). NB : vous remarquerez que je ne parle pas de couleur de peau contrairement à la « mode » actuelle car pour moi, le racisme, négatif ou positif, ne pourra être un critère de choix, même pour satisfaire au « politiquement correct ».

L’âge recouvrira un spectre large. Il ne pourra pas y avoir de « jeunes », car la compétence implique l’expérience en plus du diplôme. Il ne pourra pas non plus y avoir de « vieux », car chacun devra pouvoir jouir au maximum de ses capacités physiques. Disons que personne n’aura moins de 30 ans ou plus de 60 ans. Normalement les femmes en âge de procréer prendront un risque de santé supérieur aux hommes du fait des radiations, mais on ne peut pas exclure les femmes « jeunes » pour cette seule raison. On ne peut donc pas exclure totalement qu’il y ait des naissances sur Mars dès le premier voyage même si on souhaitera les éviter. Mais une naissance signifierait que les parents devraient rester sur Mars à l’heure du premier retour sur Terre, car il est tout à fait non recommandé d’exposer un enfant aux radiations du voyage ; son risque d’attraper un cancer serait trop élevé. Et en cas de voyage en apesanteur, comment son système osseux en formation supporterait-il les 6 mois du voyage ? Bien entendu si la mission est un échec total et que le danger de rester sur Mars s’annonce pire que celui de rentrer sur Terre, l’enfant repartira avec ses parents, quel que soit le risque (et restera autant que possible dans le caisson de survie…où il pourra au moins jouer tranquille en dehors des tempêtes solaires !). On prendra cependant le moins de risques possible concernant les organes reproducteurs ou plutôt en limitant le handicap pouvant résulter de conséquences durables d’impuissance ou d’infertilité (radiations). Dans cet esprit, on fixera sans doute pour ce voyage une fourchette d’âges telle que les astronautes ne soient ni trop jeunes, ni trop vieux (pour rester suffisamment efficaces dans les actions impliquant une agilité ou une force physique) : de 50 à 60 ans pour les hommes (risque d’impuissance) et de 45 à 55 ans pour les femmes (risque d’infertilité puis de fragilité osseuse).

En bref, comme vous l’aurez constaté, le premier vol habité sera d’abord un vol médical puisque la nécessité absolue sera de survivre et de décider si l’on peut continuer. Si vous êtes candidat, faites le moi savoir, je transmettrai votre demande (le moment venu et si je suis moi-même toujours en vie !).

Illustration de titre : L’astronaute Karen Nyberg (USA), ingénieure de vol de l’expédition 36 de l’ISS (mai à septembre 2013), procède à un examen oculaire sur elle-même (fond de l’œil, avec un fondoscope). Image, crédit NASA.

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24 Responses

  1. A propos des radiations, certains scientifiques estiment que si l’aluminium pourrait à la rigueur convenir pour les parois extérieures de vaisseaux effectuant des missions de relativement courtes durées en dehors de la sphère d’influence terrestre, à destination de la Lune par exemple, ce matériau ne serait pas adapté du point de vue de la radioprotection à un voyage de plusieurs mois vers Mars. Nasser Barghouty, un scientifique de la NASA travaillant sur un projet de bouclier anti-radiation, est même catégorique: ”aller sur Mars avec un vaisseau à structure en aluminium est irréalisable”. (il préconise à la place l’utilisation d’un composite moderne à base de polyéthylène, le RXF1 développé par la NASA, plus léger et deux à trois fois plus résistant que l’aluminium) Or, le Starship a maintenant une structure en acier, qui est pire de ce point de vue que l’aluminium en raison de la plus grande production de « radiations secondaires » induites par les particules du rayonnement cosmique galactique de haute énergie et masse atomique élevée. SpaceX, qui a opté pour l’acier inoxydable pour d’autres raisons (résistance, coût), n’aurait-elle pas sous-estimé les conséquences « radiologiques » néfastes du choix de ce matériau?

    1. Certes mais je ne voulais pas discuter de ce sujet aujourd’hui. Ce qui m’intéressait c’est la composition de l’équipage.
      .
      Ceci dit, il est vrai que l’acier va générer des rayons gamma forcément nuisibles pour la santé. C’est un fait connu qu’il faudra effectivement prendre en compte pour le voyage jusqu’à Mars.
      .
      Ceci étant on peut se poser la question suivante : une fois que l’on aura l’architecture définitive du Starship pour l’espace proche de la Terre, serait-il vraiment difficile lorsquon voudra aller jusqu’à Mars, de changer le matériau utilisé pour la coque, comme celui que vous mentionnez? Autrement dit changer de matériau n’est-il pas moins difficile que d’assurer la pertinence d’une architecture du vaisseau ?

      1. je ne pense pas que ce soit une simple question de « changement d’enveloppe ». Cela a de nombreuses implications et c’est peut-être toute la conception du Starship qui devra être revue. D’où, au minimum, de sérieux retards.

  2. la je deprime un peu depuis que j ai compris que le projet brenktrough starshot et peu faisable, que l apparition d intelligences superieures et peu probable et que starship tel qu il se presente actuellement est tres tres limite pour Mars…

    1. Désolé si j’ai contribué à votre »déprime », mais il n’y a pas de raison. Même s’il n’existe pas de vie extra-terrestre (surtout « d’intelligence supérieure »), le fait d’explorer un monde totalement différent du nôtre, avec une histoire qui lui est propre, reste passionnant. Et le Starship n’est pas, et ne doit pas être, « l’option finale » pour aller sur Mars; il faut simplement peut-être repenser le problème différemment, même si cela doit retarder le débarquement d’Hommes sur Mars. Mieux vaut « assurer le coup » que de se lancer dans une aventure « mal ficelée » qui finira en catastrophe et découragera pour des décennies, si ce n’est plus, toute nouvelle tentative (car ce sera le cas si la première tentative de mission humaine vers Mars devait se terminer par la perte du vaisseau et, surtout, de son équipage, le retentissement serait énorme).

  3. « On ne peut donc pas exclure totalement qu’il y ait des naissances sur Mars dès le premier voyage même si on souhaitera les éviter. ». Je ne crois pas un instant que l’on puisse envisager cette éventualité lors des premiers voyages. Ne serait-ce que pour des raison « éthiques » (on ne peut infliger à un bébé les dures contraintes qui seront celles des premiers voyageurs vers Mars, ni l’exposer aux dangers encourus lors d’une telle mission). Même en cas d’échec des mesures de contraception, il est évident qu’une grossesse « interplanétaire » devra être interrompue le plus tôt possible.

  4. Ce serait plutôt étonnant que les ingénieurs restent à ne rien faire sur Mars. Sauf s’ils sont cloitrés dans une caverne ou un abri artificiel en butte à des phénomènes imprévus, et encore. Se faire accompagner par des médecins est évidemment intéressant (peut-être des psychologues au moins aux voyages suivants). Pour soigner, pour étudier les réactions du corps humain et donner des conseils sur ce sujet pour les missions ultérieures. Il y a des logiciels de diagnostic comme watson d’IBM qui pourraient aider mais je me demande s’il lui faut un ordinateur de grande taille. Il sera peut-être nécessaire de faire venir des médicaments depuis la terre en catastrophe parce que les cosmonautes vont certainement se faire accompagner de microbes (même involontairement) et nul ne sait s’ils muteront ou comment. J’ai parcouru avec le plus grand intérêt les lignes de Pierre-André Haldi qui donnent l’espoir de trouver une solution au problème des radiations. Attendons les décisions des ingénieurs américains.
    Mais pourquoi ne reprend-on pas la méthode utilisée pour débarquer sur la lune? Un équipage en orbite « piloterait » l’atterrissage des colons depuis un vaisseau petit, voire plusieurs? temps de transmission plus court, réactivité meilleure car en visu rapproché, possibilité d’un pré-essai à vide. Il y aura peut-être une série de voyages organisés de façons différentes pour trouver ce qui sera retenu pour l’avenir. « repenser le problème différemment »?
    Pour ce qui est des extra-terrestres, ne désespérez pas. On a bien du mal à en trouver mais tout arrive et surtout relisez Hawking.

    1. Désolé Martin, vous négligez un élément fondamental:
      .
      Vous écrivez « Il sera peut-être nécessaire de faire venir des médicaments depuis la terre en catastrophe ». Ce n’est pas possible. On ne part pas pour Mars quand on veut. Les planètes se déplacent à des vitesses différentes sur des orbites différentes. En raison de cette contrainte, le voyage de la Terre vers Mars n’est possible que dans des fenêtres qui ne sont ouvertes que quelques semaines tous les 26 mois. Donc aucun vol n’est possible « en catastrophe ».
      .
      C’est pour cela, principalement, que l’autonomie de l’homme sur Mars sera extrêmement utile et qu’il faudra la rechercher dès le début.

  5. Cela va exiger une grande coopération internationale, chaque firme pharmaceutique veillant jalousement sur ses secrets et licences. Et quand les Chinois vont trouver des remèdes qu’ils voudront être seuls à fabriquer._ Il se peut que des malades aient à attendre. Il se peut aussi que certaines matières premières des médicaments fassent défaut sur mars. Dans les premiers temps au moins il sera difficile de tout prévoir. Des maladies rares feront des morts qui seraient évitées sur terre.

    1. Vous vous trompez encore cher Martin!
      Les éléments chimiques présents sur Terre sont également présents sur Mars. Il n’y a donc a priori aucune raison pour qu’on ne puisse fabriquer sur Mars les médicaments conçus sur Terre. Par ailleurs je ne sais pas si vous êtes informé mais il existe ce qu’on appelle les médicaments « génériques » et les médicaments produits sous licence. Tout cela se négocie, se discute et finalement se paye avec les sociétés pharmaceutiques qui conçoivent. Je ne vois pas pourquoi ce ne serait pas fait également sur Mars (où d’ailleurs on pourrait aussi concevoir des médicaments et vendre le droit de les produire sur Terre).
      Reste le problème de la complexité des modes de production de certains médicaments (pas de tous!). Pour cela il faudra attendre un peu avant de pouvoir avoir une production martienne. Mais ce genre de produits est précisément ceux que l’on pourra importer depuis la Terre (tous les 26 mois) puisqu’ils représentent peu de volume, peu de masse et un très grand intérêt pour l’homme.
      Enfin, je vous rappelle encore une fois, que mon article de cette semaine parle de la première mission habitée sur Mars. Dans le cadre de cette mission (et sans doute aussi de la seconde et de la troisième!) tous les médicaments dont l’usage est prévisible devront être embarqués à bord du vaisseau spatial. Maintenant on ne peut pas tout prévoir et le risque sanitaire pour les passagers de ces tout premiers vols vers Mars sera plus grand que s’ils étaient restés sur Terre (NB: ils voyageront cependant toujours dans de meilleures conditions que les marins qui accompagnèrent Magellan dans son périple autour du monde!).

      1. Pour être plus complet, la Terre et Mars sont au plus proche l’une de l’autre tous les 26 mois, mais cela ne signifie pas que ce soient les seules « fenêtre des tir ». Cette assimilation ne vaut que pour des lanceurs à propulsion chimique où, en dehors de ces périodes très courtes, la durée de transit devient en effet rédhibitoire.

        Entre autres pour cette raison, les premiers voyages humains vers Mars se feront plus probablement avec des lanceurs à dernier étage nucléaire qui, en divisant le temps de transit par quatre, visent justement à s’affranchir d’une grande part de cette contrainte. Et aujourd’hui, des programmes de démonstrateur de ces étages sont en cours.

        Une mission vers Mars avec le Starship aurait en effet probablement été autorisée au temps de Magellan. Mais nous ne sommes plus à cette époque.

        1. Certes ce ne sont pas les seules fenêtres de tirs théoriques mais ce sont les seuls fenêtres de tirs dans la réalité d’aujourd’hui. Par ailleurs si on pourra partir à d’autres dates quand on utilisera une propulsion plus efficace, on devra faire avec des voyages relativement plus longs et à certaines dates ces voyages seront totalement impossibles (on ne va pas suivre des trajectoires qui nous rapprocheraient trop du Soleil).
          NB1: je ne comprends pas que vous parliez de proximité avec Mars comme périodicité pour l’ouverture de la fenêtre de tirs. Vous savez bien qu’en termes de longitude solaire, il faut partir avant que Mars atteigne la LS de la Terre et que lorsqu’on atteint Mars, la Terre a dépassé la LS de Mars. Dans l’idéal (maximum de charge utile pour minimum d’énergie, « trajectoire de Hohmann »), on part à une position de la Terre exactement en conjonction avec celle de Mars quand on arrivera sur l’ellipse orbitale de Mars.
          NB2: en ne suivant pas une trajectoire de Hohmann (en allant plus vite) on perd la possibilité de libre retour).
          .
          Je ne parlais pas d’autoriser une mission à bord d’un starship au temps de Magellan!? Je voulais simplement dire que les passagers des premières missions pour Mars n’auront probablement pas avec eux toute la variété de médicaments dont on dispose sur Terre (quand on est en Chine ou en Inde…).

    1. Et c’est donc la réalité d’aujourd’hui.

      Pour ce qui est de la proximité Terre-Mars, je raisonnais en trajectoire balistique, évidemment pas en ligne droite.

      1. Si avec ce moteur DRACO on réduit la durée du voyage de moitié, disons entre 3 et 4 mois, ce sera dans les conditions de dates optimales, c’est à dire les 26 mois de période synodique déjà évoquée permettant la trajectoire de Hohmann. On pourrait donc élargir la fenêtre de tirs de 3 à 4 mois autour de l’optimum et ce sera un grand progrès. Mais plus on s’écartera de l’optimum plus le voyage sera long. Donc on continuera à privilégier l’optimum pour le transport des hommes.

        1. Je pense que Monsieur Brisson a raison. Comme mentionné, la possibilité d’un « libre retour » et le souci de maximaliser la charge utile feront que l’on restera probablement proche de la trajectoire optimale de Hohmann. Raccourcir de quelques mois la durée du trajet sur un voyage d’une durée totale de l’ordre de 30 mois (2*6 mois de transferts plus 18 mois de séjour) n’est pas suffisamment significatif pour justifier d’abandonner les importants avantages mentionnés ci-dessus.

  6. 3 mois au lieu de 6 mois c est tres tres bien, mais il faut aussi repenser completement le vaisseau lui meme.
    .
    a part cela la serie de mes « deconvenues » continue: la NASA abandonne son rover lunaire (pourtant pret) … et JAMES WEB remet en cause les theories concernant le bigbang…

    1. Attention Niogret, nous ne sommes pas encore à trois mois! Si nous parvenons à 4 ce sera déjà très bien. Quant à repenser le vaisseau complètement, n’allons pas si vite. Il faut laisser le développement du Starship-HLS aller jusqu’à la Lune, on verra après. Pour ma part je ne crois pas qu’il faille tout changer, ce qui n’exclut pas des adaptations.
      .
      Pour ce qui est de l’observation scientifique, il ne faut pas parler de « déconvenue ». C’est toujours la réalité qui a raison. C’est comme cela que progresse la Science, par ajustements successifs à l’aide des instruments dont on dispose et de la réflexion.
      Sur le fond, le Big Bang n’est pas remis en cause. Ce sont les développements à partir de la libération des photons (la surface de dernière diffusion) qui doivent être revus mais l’essentiel du développement de l’Univers reste vrai.

      1. « ce qui n’exclut pas des adaptations ». tout dépend de ce que l’on entend par « adaptations » et alors leur ampleur. Entre un Starship lunaire (HLS) et un Starship martien, j’ai bien peur que les modifications à apporter soient telles que l’un n’aura plus grand-chose à faire avec l’autre. Car c’est le concept général du Starship qui ne me semble pas adéquat pour envisager son utilisation à destination de la planète rouge, pour toutes les raisons déjà maintes fois évoquées ici. Mais, effectivement, voyons déjà ce que donnera le HLS, car le calendrier presse maintenant si l’on ne veut pas finir par voir le programme Artemis « capoter »!

  7. Alors j ai lu un article il y a quelques semaines dans lequel Elon MUSK precisait qu il allait creer une fusee beaucoup plus « grosse » que la fusee actuelle…

    1. J’ai vu aussi. Il envisage de créer des paquebots après avoir lancé des caravelles!
      Je pense qu’il devrait se concentrer sur son Starship actuel et se dépêcher de prouver qu’il peut voler. Après, on verra!

      1. J’approuve complètement ce commentaire (celui de Monsieur Brisson). Au lieu de viser un « super-Starship » de 150 mètres de haut (!) et pouvant envoyer plus de 200 tonnes en orbite terrestre (ce qu’il semble apparemment viser), Elon Musk ferait mieux de s’attaquer sérieusement aux nombreux problèmes qui restent encore à résoudre pour permettre à un Starship « normal » de remplir avec succès une mission martienne habitée. SpaceX a montré son expertise dans le développement de lanceurs, mais: 1/ avoir un lanceur puissant ne suffit pas, et de loin, pour aller sur Mars, 2/ il y a de nombreux exemples dans l’histoire des techniques qui montrent que les courses au gigantisme se terminent souvent mal!

  8. euh…oui mais « ca depend »: 200 tonnes en orbite terrestre peut permettre de satelliser ou d assembler un vaisseau plus grand et plus adapte au voyage vers MARS.D autant que pour space x cette fusee serait facile a realiser:c est peut etre cela que vise Elon Musk?

  9. Pour les exercices physiques des astronautes Mars on doit pouvoir creer quelque chose derivee du trampoline( en plus des autres exercices): ca produit des « g » , plusieurs heures chaque jour.

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À propos de ce blog

Pierre Brisson, président de la Mars Society Switzerland, membre du comité directeur de l’Association Planète Mars (France), économiste de formation (University of Virginia), ancien banquier d’entreprises de profession, planétologue depuis toujours

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