EXPLORATION SPATIALE - LE BLOG DE PIERRE BRISSON

Je reprends cette semaine mes réflexions sur la Vie, interrompue la semaine dernière, pour un motif qui le justifiait amplement, le compte-rendu du quatrième test de vol intégré du Starship.

J’ai évoqué il y a trois semaine les planètes comme réacteurs physico-chimiques qui œuvrent à leur propre différenciation et il y a quinze jours le phénomène de coévolution qui sur Terre « embarquent » intrinsèquement mêlée, la vie et la matière minérale. Je voudrais aujourd’hui insister d’une part sur l’inévitabilité de la synchronisation de ces deux lignes d’évolution sur une même planète et d’autre part sur l’improbabilité sinon l’impossibilité, de la synchronisation de notre évolution avec celle d’autres formes de vie qui pourraient exister ailleurs dans l’Univers. Cela a des conséquences évidemment déterminantes sur la possibilité que nous avons de rencontrer un jour dans l’Espace une forme de vie intelligente et communicante n’appartenant pas à l’espèce humaine.

Ce texte est repris d’un article publié sur ce blog en Septembre 2020 car je pense qu’il mérite qu’on y réfléchisse. Je l’ai un peu corrigé pour me faire mieux comprendre.

Il faut d’abord bien avoir conscience que la vie tout comme les minéraux sont des formes d’organisation de la même matière. Ensemble, nous sommes la Terre.

Il faut aussi bien voir qu’il n’y a nul automatisme pour aller de la matière d’une planète quelconque jusqu’à notre équivalent (un organisme vivant et a fortiori un être de type humain) Autrement dit, pour simplifier à l’extrême, il ne suffit pas de verser de l’eau liquide sur une roche stérile pour déclencher le processus de vie mais il ne suffit pas non plus pour l’obtenir, de projeter quelques éclairs dans une atmosphère d’hydrogène, de méthane et d’ammoniac (comme voulait le démontrer Stanley Miller en 1953), et il ne suffit pas davantage qu’une exoplanète soit située dans la zone dite « habitable » d’une étoile proche (ou lointaine) pour qu’elle soit habitée…de petits-hommes-verts (ou autres).

La combinaison nécessaire à la « rencontre » avec un tel équivalent est à considérer à plusieurs niveaux : présence des éléments chimiques et environnementaux indispensables à la vie ; accès à une énergie suffisante ; durée suffisante permettant à une évolution de se développer et d’aboutir ; survenance d’accidents endogènes ou exogènes créant les embranchements permettant l’orientation adéquate de l’évolution jusqu’à la complexification nécessaire ; banalité du phénomène à une échelle « raisonnable » de l’espace, pour qu’il puisse y avoir contact ; persistance suffisante dans le temps de ce même phénomène pour permettre la coexistence et la communication entre plusieurs processus biotiques similaires sur des planètes différentes.

Concernant les éléments et l’énergie (on pourrait presque dire « les ingrédients »), si la vie n’était pas possible dans un Univers jeune donc pauvre en « métaux » (puisque ceux-ci ont été accumulés par les nucléosynthèses stellaires au fil de l’Histoire), on peut supposer qu’elle a/aurait pu se manifester ailleurs à notre époque (au sens large), sur une planète tellurique dans la zone habitable d’un système comparable au nôtre (étoile de masse moyenne c’est-à-dire suffisamment stable et durable dans le temps, ce qui exclut d’une part les naines rouges et d’autre part les étoiles géantes). Cette similitude nécessaire doit être étendue à la présence suffisante d’eau, ce qui suppose déjà une anomalie dans l’histoire planétaire : la réhydratation du disque des planètes proches de leur étoile (i.e. en recevant suffisamment d’énergie) après leur accrétion et un certain refroidissement de leur croûte, par averses provoquées de météorites glacées*. Nous avons bénéficié de cette du rebroussement du couple Jupiter-Saturne mais nous ne savons pas si un phénomène ayant le même effet est fréquent ailleurs dans l’Univers ?

*Certains (comme Laurette Piani du CNRS) pensent que l’eau provient surtout de roches très riches en hydrogène (chondrites à enstatite -CE) incorporées à la Terre lors de son accrétion. Mais cette estimation est contestée par d’autres chercheurs qui pensent que l’eau des comètes ajoutée après accrétion a été le coup de pouce indispensable pour atteindre le niveau d’hydratation indispensable à l’apparition de la vie. Quoi qu’il en soit, les planètes voisines, Vénus d’un côté (vers la chaleur) et Mars de l’autre (vers le froid), soit n’ont pas bénéficié des mêmes apports (ce qui semble peu crédible), soit n’ont pas su les transformer en eau par réaction des CE avec les roches riches en oxygène (on ne voit pas pourquoi), soit ont perdu très tôt leur eau (la totalité pour Vénus et une très grande partie pour Mars) pour une raison ou une autre ; ce qui fait toujours de la Terre une planète exceptionnelle non seulement dans notre système mais probablement aussi dans les autres.

Dans ce contexte il a fallu passer par plusieurs étapes, possibles puisqu’elles ont été franchies sur Terre, mais elles étaient non prévisibles ou programmables (« automatisme »). Une des plus importantes, celle que je prendrai comme exemple en la développant ci-dessous, est la formation de notre LUCA, Last Universal Common Ancestor (son ou ses hypothétiques semblables, antérieurs mais sans descendance n’a pas eu la même « chance »).

Pour qu’elle soit possible, il a fallu certains éléments chimiques, principalement du carbone et de l’hydrogène mais aussi de l’oxygène, de l’azote, du phosphore, du souffre et autres, de l’énergie, un dispositif de réplication (ARN), une compartimentation (cavité puis membrane), un dispositif d’évacuation des rejets métaboliques hors du « compartiment ». Mais il a fallu aussi un environnement favorable : de l’eau liquide en flux continu (dès le début, le mouvement c’est la vie !), à une certaine pression et à une certaine température et un différentiel de pH suffisant pour accélérer les échanges d’électrons, dans un environnement riche en minéraux catalyseurs (comme du fer ferreux ou certains sulfures métalliques).

De plus en plus, l’hypothèse que les conditions nécessaires et suffisantes au démarrage du processus biotique conduisant à la vie se seraient déroulées sur Terre au fond de l’Océan dans l’environnement des « fumeurs gris », apparait comme la plus séduisante. Je parle ici non pas des « fumeurs noirs », cheminées qui courent le long des dorsales océaniques, crées dans la violence par l’eau enrichie de minéraux mafiques provenant quasi directement du sous-sol magmatique, mais de ces autres « fumeurs », concrétions plus discrètes mais plus pérennes se développant sur des périodes beaucoup plus longues, des dizaines de millénaires, à quelques km de ces lignes de monstres noirs. Les flux d’eau provenant par fissures proches des dorsales du sous-sol qui en est imprégné, auraient interagi avec divers silicates (très abondant dans l’écorce terrestre) dont l’olivine pour donner de la serpentinite et pour en même temps libérer de l’hydrogène dans des fluides alcalins chauds contenant des hydroxydes de magnésium. Encore aujourd’hui, puisqu’ils sont chauffés par un magma peu éloigné (mais quand même plus éloigné que celui sous-jacent aux fumeurs noirs !), ces flux montent vers la surface alors que l’eau de l’Océan, froide, chargée en sels divers et relativement acide, descend. Au contact, les sels précipitent et des édifices se forment (la première de ces formations, découverte en 2000, fut nommée « Lost City »). Comme les flux de liquides sortant des fumeurs gris sont beaucoup moins violents que ceux qui sortent des fumeurs noirs, les structures sont plus délicates et microporeuses (des pyramides d’éponges plutôt que des cheminées). Le milieu est idéal pour la concentration de certaines molécules organiques lourdes (carbone avec hydrogène et « autres ») et la dissipation à l’extérieur d’autres molécules plus légères et bien sûr les interactions de tous ordres entre elles. C’est très probablement ce qui a dû se passer…mais qui ne pourrait plus se passer aujourd’hui, pour conduire à l’aboutissement qu’a été notre LUCA.

Vous avez vu la particularité du processus. Déjà beaucoup de facteurs différents et très particuliers sont impliqués. Mais comme je l’évoquais, ce n’est pas tout (autrement dit cela est sans doute toujours « nécessaire » mais non « suffisant »). Aujourd’hui ce milieu serait loin d’être aussi incitatif qu’il l’était. Ce qui a changé entre la fin de l’éon Hadéen (il y a 4 milliards d’années) et aujourd’hui ce n’est pas le flux d’eau chaude alcaline du sous-sol vers l’Océan, c’est le pH de l’eau de mer…et c’est très important. Dans l’Océan primitif il n’y avait pas d’oxygène mais beaucoup de gaz carbonique (100 à 1000 fois plus). Le fer porté par les flux s’échappant des fumeurs noirs s’y dissolvait sous forme de fer ferreux (« BIF », formations de fer rubanées) et précipitait sous forme d’hydroxyde et de sulfure de fer, excellents catalyseurs. Avec sa teneur en gaz carbonique, l’eau de l’Océan était acide (pH 5 à 6) alors qu’elle est neutre à légèrement basique aujourd’hui. On avait donc à la fin de l’Hadéen entre les flux alcalins provenant des fumeurs gris et l’eau acide de l’Océan, un différentiel important (d’au moins 4 nombres) qui facilitait l’échange d’électrons entre l’hydrogène et le gaz carbonique pour permettre la formation d’énormément de matières organiques. Aujourd’hui après l’oxygénation de l’Océan, ce différentiel est devenu très faible et la réaction chimique n’est plus possible avec la même intensité. Et (cela est très important) le créneau pendant lequel ce même différentiel a été optimum (suffisamment incitatif) a été très court puisque l’interaction entre la roche et l’eau l’a rapidement modifié.

Tout ce long développement pour mettre en lumière le fait que « les choses changent » et que l’évolution de l’environnement n’a pu interagir avec celui de la vie que parce que le processus y conduisant a commencé quand les conditions étaient favorables et qu’il a eu le temps de se développer. Imaginez une planète plus sèche que la Terre primitive ou une planète dont la croûte est devenue rapidement plus épaisse que celle de la Terre (Mars peut-être ?), et on n’aurait pas eu suffisamment de temps pour que ces molécules s’assemblent dans les porosités des fumeurs gris avec suffisamment d’essais et d’erreurs et de transformations / enrichissements pour qu’un jour une cellule autoreproductrice apparaisse et amorce le processus dont nous venons et que nous perpétuons, nous tous les êtres vivants, générations après générations. La synchronisation efficace suppose non seulement une coévolution mais aussi une abondance de matière susceptible d’être utilisée par l’énergie mise en œuvre par le réacteur planétaire, dans un contexte bien précis qui se modifient continuellement avec le temps, et un temps d’évolution suffisant au sein de cette fenêtre.

L’histoire de la vie, notre Histoire, est jalonnée de passages comme celui-ci : d’abord l’accumulation d’oxygène par rejet métabolique des algues bleues-vertes proliférant dans l’Océan atteignant un pic et déclenchant une glaciation planétaire parce que l’irradiance solaire n’est pas encore suffisamment forte ; deux milliards d’années après la fin de l’Hadéen, l’« invention » extraordinaire des eucaryotes, êtres symbiotiques improbables, utilisateurs de cet oxygène, solution énergétique miracle pour gagner en puissance et permettre la constitution de métazoaires, puis d’animaux il y a environ 600 millions d’années ; par ailleurs, un peu après la fin de l’Hadéen, le déclenchement d’une tectonique des plaques horizontales plissant la croûte terrestre pour y créer des surfaces émergeant de l’Océan primordial; depuis l’apparition des premiers continents, leur dérive continue à la surface du globe, modifiant les interactions atmosphériques avec cette surface et le climat ; et de temps en temps un astéroïde pour réorienter le rôle ou l’importance des taxons d’espèces vivantes les uns par rapport aux autres.

Ces différents passages ou événements ont entraîné la coévolution vie/minéraux sur une certaine trajectoire. La synchronisation de l’évolution de la vie avec celle des minéraux est parfaite, à terme, car à chaque écart « intolérable » par l’environnement, le réajustement se fait brutalement après une certaine latence. Cette trajectoire nous est donc propre et unique. Maintenant si nous parvenons à greffer notre vie sur une autre planète, une nouvelle coévolution commencera et de nouveaux ajustements dans la synchronisation de ses deux branches d’évolution se fera inévitablement (taille des futurs martiens, puissance de leur pompe cardiaque, etc…avec par ailleurs une nouvelle évolution de la minéralogie martienne à partir de l’existant et des éléments que nous apporterons par notre vie même et notre action sur la matière locale).

Si le phénomène de la vie a émergé « ailleurs » que sur Terre, des accidents différents par rapport à une base planétaire forcément différente, ont créé une Histoire différente. Il serait « miraculeux » qu’elle ait donné un « produit fini » ayant la plupart des caractéristiques de l’espèce humaine (ce qui doit comprendre, a priori, chez ces hypothétiques êtres vivants « semblables », des organes sensoriels ou moteurs ayant les mêmes fonctions et un outil cognitif et psychique pour les utiliser).

Mais imaginons que tel soit le cas, il n’y a quasiment aucune chance que dans notre petit coin du ciel (disons à moins d’une cinquantaine d’années-lumière pour que nous puissions communiquer), une coévolution ait produit une espèce intelligente et communicante au même moment que sur Terre. Cette autre espèce, si elle existe, peut être apparue il y a une centaine de millions d’années ou n’apparaitra que dans une centaine de millions d’années. Cela ne change rien si, voulant être plus optimiste on ne « prend » que 10 millions d’années, c’est-à-dire l’équivalent d’une seule de nos secondes sur des échelles de temps qui s’allongent sur quelques milliards d’années. Notre espèce ne s’est séparée du singe qu’il y a un peu plus de 7 millions d’années. Il y a cent millions d’années les dinosaures étaient « en pleine forme » ; que serons-nous devenus dans 100 millions d’années ou même seulement dans 10 !

La synchronisation entre l’évolution d’une planète et celle des éléments qui la constituent est certaine. Quelle que soit ses composants, éventuellement pré-biotique, l’éclosion à la vie n’est nullement garantie au départ, même sur une planète identique à la Terre mais évoluant dans un environnement légèrement différent et portant une histoire légèrement différente. La synchronisation de notre parcours biologique avec une vie intelligente et communicante sur d’autres planètes accessibles par un moyen de communication quelconque, apparaît par analogie extrêmement improbable.

Illustration de titre : la spirale des temps géologiques vue par Graham, Joseph, Newman, William and Stacy, John (United States Geological Survey);

Lectures :

The vital question par Nick Lane, University College, Londre, Dept de Génétique, Evolution et Environnement, publié chez Profile Books, Angleterre, 2015.

L’Unique Terre habitée ? par le Professeur André Maeder (Université de Genève), publié chez Favre, 2012.

Pour (re)trouver dans ce blog un autre article sur un sujet qui vous intéresse, cliquez sur :

Index L’appel de Mars 24 05 10

Cet index reprend l’intégralité des articles publiés dans le cadre de la plateforme letemps.ch aussi bien que dans le blog qui y fait suite, celui-ci.

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27 Responses

  1. Peut-on imaginer des êtres intelligents errant pour l’éternité ou du moins ayant planifié pensé cela, suffisamment intelligents pour avoir conçu des engins autonomes à tous points de vue, se déplaçant donc à une vitesse inférieure à celle de la lumière? J’en doute . Il leur serait facilement possible de venir nous voir un jour, ne serait-ce que pour un petit coucou de scientifique. Ceux-là n’accepteraient d’abandonner leur longue errance qu’après avoir trouvé une planète leur étant totalement favorable, adaptée à leur physiologie. Et notre chance (?) d’être sur leur chemin serait aussi très faible vu l’immensité de l’univers. Et ils seraient aussi exposés à de sacrés dangers, leur chance d’être détruits serait grande.

  2. Merci pour cette analyse très documentée. Mais qui appelle deux remarques.

    S’il n’y a en effet « nul automatisme » à ce que des éclairs dans un mélange de méthane engendrent la vie, ce peut très bien être le cas pour des conditions plus finement définies. La réalité est plutôt que nous ignorons les mécanismes faisant passer de l’inerte au vivant. Nous ne pouvons donc affirmer s’ils sont de nature déterministe (les conditions réunies aboutissent au résultat, c.à.d. le cas le plus fréquent dans l’univers) ou aléatoire (comme en mécanique quantique). Seule leur connaissance complète permettrait de trancher.

    Par ailleurs, la probabilité d’une vie quasi-humaine simultanée et dans un rayon de 50 AL est en effet dérisoire pour les raisons expliquées. Mais on ne voit pas bien ce que sa présence ailleurs aurait de « miraculeux ». Pour l’affirmer, il faudrait chiffrer la probabilité de ce phénomène, ce qu’on ne sait pas faire. A ce stade – limité – de nos connaissances, la fréquence avec laquelle une vie quasi-humaine existe, a existé et existera dans l’univers peut a priori prendre n’importe quelle valeur entre 1 (chez nous) et un très grand nombre de fois (vu les taille et âge de l’univers). Seul la valeur zéro est exclue.

    1. Bien sûr que ce peut être le cas pour « des conditions très finement définies ». Mais précisément, ce que je voulais dire c’est que ces conditions pour nous sur Terre ont dépendu de tellement d’« accidents », survenus dans une séquence quasi impossible à reproduire, en tenant compte d’un environnement très particuliers et de son évolution, qu’il est très difficile qu’elles aient pu se reproduire ailleurs. C’est cette constatation qui me fait dire que l’émergence de la vie est extrêmement improbable et peut-être unique.
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      J’ai pris 50 al pour prendre une distance qui permettrait des échanges mais s’il s’agit d’évaluer la possibilité d’une vie intelligente et communicante ailleurs que sur Terre, je veux bien étendre la distance jusqu’à la taille de notre galaxie.
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      Raisonner sur l’infini revient à refuser de réfléchir au problème.

      1. Je ne raisonne pas sur l’infini, merci de ne pas déformer mes propos. Je dis simplement qu’il ne suffit pas qu’un phénomène soit rare pour qu’on puisse en tirer quelque prévision que ce soit sur sa répétition. Il faut aussi quantifier sa probabilité et comprendre ses mécanismes de base. Nous ne savons pas le faire pour l’émergence de la vie. L’affirmer extrêmement improbable « ailleurs », qu’il s‘agisse de l’univers ou de notre seule galaxie, n’a donc pas de base scientifique. Aujourd’hui nous n’en savons rien. Y compris pour des vies comparables à la nôtre.

        1. Ce que nous savons c’est que les conditions pour l’émergence de notre LUCA (Last Universal Common Ancestor), procaryote, ont été très précises, très contraignantes et qu’elles n’ont existé que pendant une période relativement très courte puisqu’après LUCA, aucune autre souche de vie n’est apparue sur Terre (ou du moins n’y a fait souche de telle façon qu’on ait pu la déceler à ce jour).
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          Même chose pour notre LECA (dernier ancêtre eucaryote commun). La période et les circonstances pour sa naissance ont été très particulières et n’ont existé qu’un très court moment (nous n’avons aucune trace du passage du procaryote à l’eucaryote).
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          Pour ce qui est des mammifères, ils n’auraient eu aucune chance de développement si la Vie avait continué à être dominée par les dinosaures…
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          Et ainsi de suite.
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          Donc oui, l’évolution jusqu’à l’homme est extrêmement improbable.
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          Comme par ailleurs nous n’avons pas encore reçu de signaux ou de phénomènes exprimant l’existence d’une autre intelligence dans l’Univers, ont peut pour le moins, douter. On peut aussi affirmer avoir une base scientifique, celle de la totalité de nos observations à ce jour.

  3. Bonjour Pierre Brisson
    Tout ce que vous presentez est excellent :il demeure dans mon esprit la question d expliquer le passage d un etre legerement intelligent (« chien par ex. ») a un etre superieurement intelligent (« l homme par ex »); cela n est pas net. La periode dinosaure qui a ete tres longue n a pas montre cette evolution…et donc pourquoi cette evolution aurait elle eu lieu ailleurs ?…et aussi pourquoi une evolution encore plus radicale montrant par exemple des QI moyens de 400 ne pourrait elle avoir lieu ? Tout cela semble s apparenter au hazard qui serait le maitre du jeu par le biais de mutations genetiques imprevisibles.(liees peut etre a des conditions environementales diverses). non decidemment je n ai pas de schema pouvant expliquer l apparition d autres civilisations technologiques ailleurs.

    1. Vous avez raison Niogret, le problème de la complexification se pose à de multiples niveaux.
      Je pense que nous nous trouvons exactement dans une évolution (qui concerne tout élément physique) marquée par le hasard et la nécessité. La nécessité parce que les lois physiques sont ce qu’elles sont, le hasard parce que dans leur cadre une infinité de combinaisons est possible. Parmi les contraintes physiques je place évidemment la flèche du temps et la progression de l’entropie suivant cette flèche. Pour moi cela veut dire que l’on ne revient jamais en arrière.
      La vie est bien apparue sur Terre parce que des circonstances à un certain moment l’ont rendu possible. Ces circonstances ont disparu par le fait même qu’elles ont eu leur influence sur la réalité et qu’elles l’ont transformée.

  4. Oui c est cela; personnellement j en suis arrive a faire un « distinguo » entre le phenomene d apparition de la vie qui m apparait non systematique mais possible ET l apparition d etres superieurement intelligents qui m apparait peu probable. ce dernier cadre m interresse le plus car c est en relation avec le programme seti et nos recherches d etres technologiques et scientifiques.Voila pour moi le contact avec des etres hyperevolues n est pas pour demain et je me fixe sur cette deduction dorenavant jusqu a nouvel « ordre » bien que cela me decoive quelque peu car lorsque j etais jeune j y croyais beaucoup! bien sur lorsque je parle d etres superieurement intelligents , je pense a des etres pysiques organiques comme nous mais bon apres tout il existe peu etre autre chose ?

  5. S’il existe des êtres supérieurement intelligents quelque part, je pense qu’ils sont le résultat d’une longue évolution dans un milieu à la fois favorable et dangereux, obligeant à des compétitions. Une évolution bien plus longue que la nôtre, c’est concevable. Mais, parmi les exoplanètes connues en existe-t-il une présentant exactement les mêmes conditions que la terre? On peut affirmer celle-ci a une atmosphère vivable, celle-là est à une distance comparable de son étoile, celle-là a un diamètre favorable, celle-là a le même âge que la terre… ou alors répondre à ces conditions simultanées est-il encore impossible? Il semble qu’il y ait toujours une différence rédhibitoire. Connaît-on seulement une petite région de l’univers où les conditions physico-chimiques et énergétiques ne soient pas terrifiantes. Même sans se poser la question de la suite d’évènements nombreux et particuliers qu’a connus la terre. Nous n’en savons pas assez et l’induction ou la généralisation ne me semblent pas convenir pour réfléchir à tout cela.

  6. Posons-nous un instant la question inverse.
    Au moins une autre civilisation existerait actuellement qui serait en train d’observer notre Sytème solaire et donc la Terre. Si elle détecte notre civilisation en captant les ondes électromagnétiques de nos radios, TV, radars, etc., elle ne doit pas être éloignée de nous de plus de 129 années-lumière, les premières expériences de Marconi, réalisées à Salvan datant de l’été 1895. Inversement, nous pourrions aussi détecter cette civilisation. Toute autre civilisation au-delà de 129 années-lumière ne nous aurait pas encore détectés.
    Sur les près de 10’000 exoplanètes détectées à ce jour, la moitié sont confirmées dans près de 4’000 systèmes planétaires. Toutes ces exoplanètes sont situées à moins de 400 années-lumière de nous. Pour que nous y trouvions une civilisation à cette distance, son développement devrait être au minimum de 271 ans en avance sur le nôtre. Comme on le voit, la fourchette entre notre détectabilité et celle réciproque est très étroite.
    Certes il y a au moins 100 milliards de planètes dans notre Galaxie, mais leurs distances sont à la fois spatiale et temporelles, toute observation se faisant de plus en plus dans le passé pour les objets de plus en plus lointains. Finalement, on doit en rester au constat issu du principe anthropique, dont on a déjà amplement débattu ici, l’Univers, avec ses constantes fondamentales, est tel (on dira, précisément « réglé »), qu’il a pu conduire à une civilisation (au moins une !) puisque nous sommes ici. On a le droit d’ajouter : si une, pourquoi pas plusieurs ? Mais, très probablement, hors de notre portée observationnelle actuelle.

    1. Vous avez tout à fait raison Monsieur de Reyff. Le problème de la coordination dans le temps se pose compte tenu de la finitude incontournable de la vitesse de la lumière et de l’immensité de l’Univers.
      .
      Dans ce cadre, il n’y a aucune raison pour que la vie intelligente soit apparue à une époque telle que nous puissions en être informée par un contact radio. Qu’est ce que 129 ans par rapport aux milliers d’années lumière avec lesquels on mesure notre galaxie (100.000 années lumière de diamètre!)? Et que serons nous devenus nous mêmes dans 100.000 ans alors qu’il y a à peu près le même temps, notre espèce était dans ses débuts balbutiants (bien loin des premières émissions radio)?
      .
      La seule chance de détecter la vie « ailleurs » me semble être la composition anormale (oxygène libre) de l’atmosphère d’une planète ressemblant à la Terre.
      .
      Pas de possibilité pour une planète orbitant une étoile massive qui a une vie trop courte. Pas de possibilité non plus pour une planète orbitant une naine-rouge car sa zone habitable est trop proche. pas de possibilité pour une planète trop près du noyau galactique (trop d’événements disrupteurs). Si nous détectons cette anomalie on pourra « investiguer » plus loin et peut-être trouverons nous l’équivalent de nos cyanobactéries en surface d’un Océan. Il n’y a ensuite que très peu de chances que la planète soit habitée par des hommes, très peu de chances pour qu’elle soit habitée par des hommes ayant atteint notre niveau technologique ou encore restés à un stade où ils n’auront pas encore dégénérés.

  7. Oui, notre ignorance concernant l’existence d’autres êtres intelligents dans l’univers reste totale et il est malheureusement possible qu’elle soit définitive. A moins que soient vrais un tournant extraordinaire comme les univers parallèles ou un moyen magique de dépasser la vitesse de la lumière, ce à quoi personne ne croit ici, je pense. Ou alors l’intrication quantique nous fera-t-elle des cadeaux un jour?

  8. À côté du « principe anthropique » existe encore le « principe copernicien », selon lequel nous, la Terre, n’occupons pas une place particulière de l’Univers. Rien ne distingue notre étoile ou notre galaxie de celles d’autres régions dans la gigantesque toile cosmique formée de centaines de milliards de galaxies sur des milliards d’années-lumière, cette toile étant bien une structure homogène. Ce qui conduit aux divers énoncés de « principes cosmologiques » d’homogénéité, d’isotropie, d’équivalence, etc . Et cela est très certainement aussi vrai au-delà de notre horizon cosmologique, la limite, pour nous, au-delà de laquelle le noir de la nuit trouve sa source.
    Pour ce qui est du surgissement de la vie sur Terre, rappelons que la Terre a 4,567 milliards d’années et que la vie y est apparue très tôt, déjà entre 3,5 et 4 milliards d’années. Cette courte période de 650 millions d’années est étonnante, et elle a suffi pour que la vie apparaisse en une émergence due à des conditions exactement favorables en un processus, encore inconnu, mais absolument efficace. Pourquoi cette efficacité extraordinaire n’aurait-elle pas aussi pu être mise en œuvre ailleurs dans l’Univers ? Finalement, une chose est d’être assuré que la vie existe ailleurs, autre chose que nous la détections et encore tout autre chose que des civilisations réparties dans l’Univers puissent jamais entrer en contact entre elles.
    Pour les amateurs de cosmologie, je recommande la lecture d’un ouvrage fort bien écrit, « À la recherche de l’Univers invisible — Matière noire, énergie noire, trous noirs », par David Elbaz, astrophysicien au CEA (Odile Jacob, 2016, Odile Jacob Poches, 2022, 205 pages). C’est seulement en préambule à son livre qu’il traite aussi de cette question dont j’ai simpement repris ici quelques éléments.

  9. Bonjour
    Je suis tente d ajouter que si le passage d etres faiblement intelligents a des etres superieurement intelligents est lie a des mutations portant sur quelques genes alors nous prenons conscience de la grande fragilite de notre statu d etres superieurement intelligents: il n en faudrait pas beaucoup pour que nous retournions a notre etat « primaire » .

  10. En effet les mecanismes de mutation sont connus, le therapie genique consiste a remplacer un ou des genes defectueux, et d autre part une grande part de notre genome heberge de l adn d entites virales ayant dans le passe infecte nos ancetres : c est le process de l evolution .Parfois c est « tout benefice » (amelioration de l espece) , parfois c est « tout mauvais » (par ex cancer…).Donc notre programmation est tres fragile.
    D ou l imperieuse necessite de maitriser la genetique afin de nous « soigner » si quelque chose de mechant nous arrivait. Et aussi (on entre ici dans l ethique) de nous ameliorer ????….

  11. Imaginez de mechants extraterrestres arrivant :ils pourraient tous nous aneantir sans avoir recours a des bombes OU BIEN tous nous reduire en esclaves bien obeissants …ils pourraient meme nous consommer…

  12. Est-ce que je me trompe en disant que vous fondez votre conviction de l’existence d’autres vivants sur une généralisation= puisque j’existe, d’autres semblables à moi plus ou moins existent forcément quelque part? J’en reviens à la pensée du kangourou qui se dirait: puisque j’existe en Australie (en Asie …) des kangourous vivent forcément en Europe, en Amérique. Comparer notre étoile aux autres: il faut préciser sur quel plan parce que les trous noirs il y en a beaucoup et je ne suis vraiment pas sûr de leur non-dangerosité. Il y a les étoiles qui explosent ou entrent en collision, les rayonnements dont beaucoup d’endroits ne sont pas protégés, les astéroïdes… Je me demande s’il existe un endroit à peu près secure pour la vie dans l’univers, en connaît-on un même si on ne peut pas vérifier qu’il est occupé? (En écrivant cela j’espère ne pas vous offenser).
    Toumaï daterait de 7 millions d’années. Mais s’il existe quelque part d’autres êtres intelligents, pourquoi leur évolution n’aurait-elle pas commencé 100 millions d’années plus tôt? Cela dépend de la date de naissance de leur étoile. Dès lors, quid de leur niveau technologique, de leurs voyages? Mais c’est vrai aussi que « il n’en faudrait pas beaucoup » pour que nous n’existions plus. Une seconde de distraction d’un technicien atomique ou d’un président… un astéroïde, une épidémie, un volcan. Le remède est de coloniser d’autres planètes, d’où l’intérêt de Mars. Multiplier nos chances de nous en sortir.

  13. Très intéressant! Je n’avais jamais lu sur la « coévolution ». Il y a un article sur le website ‘Wait But Why’ que parle du paradox de Fermi (aussi très intéressant, en anglais. De noter que quelque fois ce n’est pas écrit d’une façon très polis…) A certain moment il écrit brièvement de ‘Rare Earth Hypothesis’ que je pense être le sujet de votre article. Merci!

  14. Life on Mars? Résultats de la NASA fascinants:

    https://www.nasa.gov/missions/mars-2020-perseverance/perseverance-rover/nasas-perseverance-rover-scientists-find-intriguing-mars-rock/

    Des fossiles microbiens sur Mars? De la vie actuellement sur Mars? Quelles conséquences pour l’avenir de l’Humanité? Point de vue astro-microbien:

    Les analyses préliminaires de possibles fossiles martiens sont impressionnantes. Si elles sont confirmées, elles expliqueraient pourquoi les plus anciennes roches terrestres sont porteuses de traces biologiques alors que la Terre au moment de leur formation était bombardée de planétésimaux gigantesques dont les chocs stérilisaient la surface de la Terre en profondeur.

    En outre, si une vie microbienne a existé sur la surface de Mars, tout porte à croire qu’elle existe actuellement dans les profondeurs de la croûte planétaire sur Mars comme sur la Terre.

    Une vie martienne demande le respect car une colonisation de la planète rouge mêlerait cette forme de vie martienne avec la vie terrestre importée. Un tel contact pertuberait la connaissance que nous pourrions acquérir sur l’origine de la vie martienne comme sur celle de la vie terrestre. Par exemple, ces deux formes de vie ont-elles une origine commune due à un échange entre planètes par fragments de surface spatialisé après un impact de météorite (par ex de quelques km de diamètre)?

    Si la vie microbienne est abondante dans l’Univers, cette abondance serait la clé du paradoxe de Fermi qui pointe sur l’absence de contact entre notre civilisation et d’autres civilisations extra-terrestres.

    Ces dernières, si elles existent et si elles perdurent, ont eu tout le temps nécessaire pour évaluer les risques que feraient subir un contact de leur vie planétaire avec la nôtre. Une telle hybridation entre deux formes de vie de planètes différentes serait source de nouveaux organismes capables d’infecter les êtres humains, comme de perturber les cycles géobiochimiques terrestres. Les derniers épisodes vécus de maladie virale ne seraient qu’un délicat préliminaire comparé au chaos monstrueux induit par un contact biologique extraterrestre.

    Une continuité de civilisation terrestre ou extra-terrestre n’est garantie que si les responsables atteignent un niveau de réflexion suffisant, supérieur à celui atteint actuellement par l’industriel de la voiture électrique qui soutient l’ancien président qui se représente à la prochaine élection présidentielle américaine. Cet industriel rêve certainement d’installer une dystopie politique extrême sur Mars à l’image de son favori à la prochaine élection présidentielle.

    Si l’industriel de la motorisation électrique persiste dans ses dystopies de colonisation martienne alors qu’une forme de vie autochtone existe sur Mars, il est temps de l’empêcher de nuire pour protéger Mars comme la Terre en saisissant son parc de fusées.

    1. Cher Monsieur Roten, je pense qu’en matière exobiologique, il ne faut pas trop extrapoler par rapport à ce qu’on a aujourd’hui, c’est à dire bien peu de chose.
      La vie martienne si elle existe n’est certainement pas florissante parce qu’elle est extrêmement discrète. Quant aux autres civilisations, on en parle mais malgré des recherches sérieuses depuis des décennies on n’a eu aucun indice sérieux qu’il en existe.
      Pour ce qui est d’Elon Musk, je vous trouve bien désagréable à son égard. Ce n’est certainement pas un scientifique mais c’est un bon ingénieur et surtout un excellent chef d’entreprises. Il a donc des qualités d’organisation et de gestion qu’il faut lui reconnaître.
      Et pour ce qui est de la pollution de Mars par ce Monsieur, il faut bien voir (1) qu’il y aura des missions robotiques avant la première mission habitée (qu’on pourra donc retester sur le plan biologique le sol où l’on aura l’intention de se poser), (2) que cette mission devra se protéger de l’environnement martien et que pour cette raison il n’y aura que des interactions très limitées entre les éléments biologiques terrestres et cet environnement, (3) que toute matière organique sera précieuse et devra être recyclée (donc non dispersée dans la « nature »).
      Enfin je vois mal comment cette très hypothétique vie martienne qui aurait très largement évolué en dehors de tout contact avec la vie terrestre sauf peut-être à l’origine, pourrait interagir avec cette vie. Surtout que si à une époque elle a pu se développer en surface de la planète, elle a pu ensuite avec la dégradation de la viabilité en surface, suivre l’eau et fuir les radiations jusqu’à une grande profondeur (le gradient de températures du sol martien est très raide). Je doute aussi qu’une vie qui aurait prospéré sans oxygène (il n’y en avait certainement pas sur Mars au début de son histoire et il n’y en a pas plus aujourd’hui) pourrait supporter d’être confrontée avec un tel poison (pour elle) dans l’environnement duquel la vie humaine importée devrait baigner en permanence.

      NB: Elon Musk n’est pas « l’industriel de la voiture électrique », il est avant tout l’industriel des fusées de SpaceX, dont la remarquable Falcon-9 dont il a voulu la réutilisabilité et qui est un vrai succès tant technologique que commercial.

      1. Je maintiens mon avis sur l’industriel de l’électrique. A ma connaissance, le secteur de la mobilité électrique contribue plus à la fortune de l’industriel sud-africain que le spatial.

        Concernant ses capacités de management, elles me laissent songeur. Par exemple, son action sur tweeter laisse un bilan chaotique. Et je ne parle pas de la voiture électrique qui suscite bien du dépit parmi ses clients et les investisseurs. La grande force de cet industriel est de transformer oar son discours un bilan mitigé en un bilan intéressant.

        Ses choix politiques sont intriguants. L’industriel de la voiture électrique marque un soutien fort pour le candidat non réélu à la présidence en 2020, alors que ce dernier a promis de tout faire pour bloquer la voiture électrique.

        L’industriel de l’électrique marque un intérêt pour une politique libertarienne. Il se rapproche du tsar de Moscou. Est-ce le modèle politique du non-droit qui va l’emporter sur la planète rouge?

        Son projet martien de colonisation à tout prix, sans appréciation des risques est une injure à l’histoire de l’exploration spatiale.

        Il est clair que matériellement, l’industriel de la mobilité électrique a les ressources pour aller sur Mars. Son projet qui peut faire rêver dans un premier temps, devient repoussant quand on évalue son management: prise de risques insensés qui risque avec la forte probabilité d’échec, de renvoyer à la fin du siècle, le projet martien.

        Vos précisions développant que les missions robotiques prépareront le terrain, que les interactions biologiques seront limitées, et que la matière organique sera recyclée, sont des développements intéressants. Cela intéresse les agences nationales, mais pas notre industriel de la mobilité électrique.

        Pour être rigoureux, il faut transformer un site d’aterrissage en un laboratoire P4. Nous ne savons pas le faire actuellement. Même une sonde automatique envoyée sur Mars n’est actuellement pas complètement stérile. Nous sommes incapables actuellement de faire une barrière étanche sur Mars qui empêcherait un contact biologique entre une possible vie nartienne et un équipage vivant sur Mars et ses résidus de vie.

        Quant à votre dernier argument, l’oxygène de notre planète, il fonctionne pour un échange entre planètes par météorite, mais pas pour des transferts de vie par le microbiote de touristes spatiaux: notre microbiote vit dans des conditions anaérobes et sa diversité permet au microbiote d’un individu d’ensemencer la vie sur une planète stérile.

        Alors si la vie existe sur Mars comme semble suggérer les fossiles qui seraient révélateurs d’une vie souterraine sur Mars comme celle souterraine florissante sur Terre, alors si cette vie existe, elle sera de facto en contact avec les colons, et de facto avec la Terre par le tourisme spatial.

        Si nous souhaitons une exploration de la planète rouge, pouvons-nous prendre le risque de rendre la Terre invivable, pour quelques expériences de colonisation martiennes sans garde-fou rationnel?

        1. Je pense que les microbiotes ne seront pas répandus dans la nature martienne mais soigneusement retraités dans des cuves ou des récipients hermétiques (circuits de type MELiSSA) à l’intérieur des bases, elles-aussi hermétiques; encore une fois parce que toute matière organique sera rare et précieuse (outre qu’elle puisse être dangereuse pour l’environnement).
          Quant au tourisme spatial, il sera précédé par des missions techniques de personnes formées et précautionneuses (car il en ira de leur survie pendant la longue période où ils ne pourront pas revenir sur Terre compte tenu des différences des positions des planètes sur leurs orbites). Par mi ces personnes il devra y avoir des médecins et notamment des biologistes compte tenu des enjeux pour la vie humaine et l’éventuelle vie martienne (avec interaction possible des deux).

  15. Monsieur Brisson, chacun porte un microbiote depuis sa naissance. Il est d’origine maternelle et subit les contacts avec l’environnement de son porteur au cours de la vie. Je vous garantis que sur Mars les colons de Musk ne vont pas vivre en condition P4, car même les agences spatiales en sont incapables.

    Si un effort colossal n’est pas fait, le contact du microbiote anaérobe des colons avec une vie martienne, si elle existe, est programmé, et très rapidement. Il suffit d’être en contact avec de la poussière de Mars et/ou des gaz martiens.

    Vos considérations d’ingeniering sont donc du pur wishful thinking d’un point de vue astro-microbien.

    Au vu d’un tel acharnement, une colonisation façon western planétaire dystopique libertarien doit être débattue publiquement et doit être soumise à la sanction d’un vote populaire au vu des enjeux sanitaires soulevés.

    Quant au tourisme martien, honneur à l’imdustriel de l’électrique. Il sera le premier à vouloir laisser son nom dans l’histoire au laissant ses traces dans la poussière de la planète rouge, et le premier à fuire si cela tourne mal.

    Qui l’empêchera de revenir sur Terre, alors qu’il a les ressources en transport d’aller sur Mars et d’y revenir? Son favori à cela présidentielle américaine 2024 qui est supporté par le Sud-africain mensuellement à raison de 45 millions de dollars, c’est-à-dire le président non réélu en 2024, qui pourrait être réélu en 2024, voire à vie comme il vient de le laisser entendre?

    Faut-il un dictateur comme c’est surnommé le président non-réélu en 2020, candidat de la mobilité électrique pour le projet martien suicidaire façon western planétaire? Cette question n’est pas sans résonnance avec les premières conquêtes aérospatiales soviétiques qui sous un angle scientifique cachait des ambitions militaires: par exemple, le recyclage des capsules Vostok (mission Gagarine) en satellites militaires et celui des fusées en lanceurs de missiles nucléaires.

    Ce spatial militaire doit disparaître pour offrir l’espoir d’une survie de l’Humanité.

    1. Cher Monsieur Roten, ne vous inquiétez pas, la NASA a dans son organisation un « Planetary protection officer » (« PPO » nommé par le Chief of Safety and Mission Assurance). Le PPO actuel Nick Bernardini, a un Ph.D. en microbiologie, molecular biologie moléculaire et biochemistry de l’Université d’Idaho. Bien sûr les responsables changent en fonction des changements politiques mais les choix à ces postes-là sont toujours fait très soigneusement en suivant des procédures très strictes.
      Par ailleurs, les Etats-Unis sont une démocratie, avec séparation des pouvoirs, et votre crainte que Donald Trump s’il est élu pourrait faire tout ce qu’il voudrait est infondée. Mais de toute façon, je ne vois pas a priori pourquoi il ferait n’importe quoi.
      Enfin je serais très étonné qu’Elon Musk s’embarque dans le premier vol habité pour Mars. Son intention est certes d’y aller mais très certainement il laissera d’abord des techniciens et des professionnels utiles sur place, faire le voyage avant lui.

      1. Monsieur Brisson, je n’ai pas peur de la NASA. Elle prendra un maximum de précaution.J’ai peur de l’industriel de la mobilité électrique, capable de créer une tribu libertarienne façon compte X (appréciez svp la différence entre Twitter et X) où pour s’assurer un peu de chiffre d’affaire (le Sud-africain en a perdu appréciablement) X propage du Porn et de la politique extrême. Cela me rappelle les rédacteurs de QAnon: 4chan, 8kun.

        Quel profil pour marquer l’Histoire. Cet industriel sans frein est capable du tout, surtout du pire, au profit de son seul portefeuille: dernièrement 40 à 50 milliards de détournement sur la capitalisation de sa voiture électrique.

        Certains crient au voleur! Aux US, les risquent sont plus élevés si l’on vole un oeuf de moins de $1 que des actions pour des dizaines de milliards de dollars.

        L’industriel de l’électrique n’a pas peur d’étaler ses choix les plus débiles: spatialiser une bagnole par exemple. Je ne lui fait donc aucune confiance. Il veut aller sur Mars, il ira. Avec ou sans la NASA, pour installer un site de non-droit, avec si possible l’aval d’une présidence aussi extrême que lui, qui a le seul mérite de présenter son programme non-droit de façon explicite.

        Personnellement, je ne veux pas de ce programme infernal qui, par sa grande probabilité d’échec, va enterrer à mon regret l’abandon pour longtemps d’une exploration scientifique de la planète rouge.

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À propos de ce blog

Pierre Brisson, président de la Mars Society Switzerland, membre du comité directeur de l’Association Planète Mars (France), économiste de formation (University of Virginia), ancien banquier d’entreprises de profession, planétologue depuis toujours

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