Le Los Alamos National Laboratory *(LANL), travaille en partenariat avec la NASA sur « Megapower », un nouveau type de réacteur nucléaire qui convient parfaitement aux besoins énergétiques d’un établissement humain sur Mars.
* Appartient au « Department of Energy » (« DOE ») des Etats-Unis.
Megapower est un réacteur extrêmement robuste, aisément transportable et contrôlable. Il pourrait être utilisé dans tous les endroits difficiles d’accès et ne disposant pas d’infrastructures énergétiques préexistantes. On pense évidemment tout de suite à la Lune ou à Mars. Son principe est le même que le réacteur « KRUSTY » (« Kilopower Reactor Using Sterling Technology », présenté en février 2018 dans ce blog) mais il aura une puissance beaucoup plus élevée (jusqu’à 10 MWe* au lieu de 10 kWe*).
*puissances visées par le LANL .
De l’Uranium 235 (235U) sous une forme « légèrement »* enrichi (« LEU » pour « Low Enriched Uranium », 19,75%*) génère de la chaleur par le phénomène de fission généré par l’impact de neutrons provenant d’autres noyaux préalablement fissionnés (2 à 3 en moyenne par fission). L’effet est renforcé par des réflecteurs (en alumine – Al2O3 – ou oxyde de béryllium -BeO) placés autour du cœur et qui renvoient vers l’intérieur de la masse de ce cœur, les neutrons qui auraient tendance à s’en échapper (ce qui permet aussi d’utiliser ce matériau, LEU). La chaleur est conduite par des fluides caloporteurs (sodium dans le cas de KRUSTY, potassium dans le cas de Megapower) circulant dans des tuyaux caloducs (« heat-pipes », conçus par LANL) au dehors du cœur du réacteur, où elle alimente un moteur (Stirling dans le cas de KRUSTY) ou une turbine à gaz (cycle de Brayton dans le cas de Megapower) qui la convertit en énergie mécanique puis en électricité au moyen d’une génératrice couplée au moteur.
*tout près de la limite de 20% qui qualifie cette catégorie; c’est un enrichissement très nettement élevé néanmoins si l’on considère que le combustible des centrales nucléaires n’est, lui, enrichi qu’à 3-4 % seulement.
L’efficacité de conversion en énergie électrique est d’autant plus grande qu’il existe un différentiel de températures important entre la chaleur produite par le réacteur et la source froide extérieure dans laquelle est rejetée la chaleur résiduelle (2ème Principe de la thermodynamique). Lorsque la demande en énergie est forte le fluide caloporteur retire la chaleur plus vite du cœur, le réacteur commence par se refroidir et le combustible se contracte ce qui tend à faire augmenter le nombre de réactions et in fine à provoquer un plus fort dégagement de chaleur (contre-réaction positive). Inversement lorsque la demande d’énergie est moins forte, la chaleur augmente dans le cœur ce qui conduit le combustible à se dilater et les réactions à diminuer, ce qui permet une auto-régulation et un retour à l’équilibre. C’est la grande originalité et le grand avantage de Megapower qui contrairement aux réacteurs nucléaires traditionnelles, n’a pas besoin d’un système complexe de valves et de pompes pour obtenir un refroidissement à partir de quantités d’eau importantes prélevées dans un fleuve, dans un lac ou dans la mer. Par ailleurs, le réacteur dispose à sa périphérie (avant le bouclier/réflecteur d’alumine) de 12 tambours rotatifs revêtus chacun d’un arc de carbure de bore qui peut être plus ou moins exposé vers le cœur pour freiner la réaction, et de deux barres de carbure de bore que l’on peut insérer facilement au cœur du dispositif (le carbure de bore, B4C, est un puissant absorbeur de neutrons) en cas d’urgence pour faire chuter rapidement le nombre de neutrons et donc les réactions de fission. Enfin, comme dans tout réacteur, un évacuateur de puissance résiduelle (« decay heat exchanger ») intégré entre le cœur et l’échangeur primaire de chaleur avec le moteur/convertisseur, permet de dégager de l’intérieur du cœur tout excès de chaleur.
La structure du Megapower est complexe, pour exploiter le plus efficacement possible la source de chaleur et assurer la bonne maîtrise du dispositif. C’est un monobloc d’acier inoxydable dans laquelle sont installés en hexagone autour d’un vide central lui-même hexagonal, six secteurs de cœur de réacteur couvrant chacun 60° de celui-ci, dans chacun desquels courent un grand nombre de de tubes verticaux (2112) remplis de pastilles de LEU entre lesquels s’insèrent de nombreux tubes verticaux caloporteurs (1224). Comme indiqué ci-dessus, les tubes de LEU ne sortent pas du cœur du réacteur (il comporte à ses extrémités deux blocs réflecteurs); seuls les tubes caloporteurs se prolongent en dehors pour conduire la chaleur jusqu’au dispositif de conversion en électricité, en passant ensuite par l’évacuateur de puissance résiduelle.
Le tout donne un ensemble cylindrique de 4 mètres de long et de 1,5 mètres de diamètre qui devrait peser entre 35 et 45 tonnes (dont 3 tonnes de combustible). Ce n’est ni léger ni tout petit mais un vaisseau spatial du type Starship de SpaceX devrait pouvoir déposer 100 tonnes sur Mars et ni le volume ni le poids de Megapower ne devraient donc poser problème.
Le transport entre la Terre et Mars de tels réacteurs est donc possible. Un village martien d’un millier d’habitants comme il est envisagé d’en établir une vingtaine d’années après le 1er vol habité vers la quatrième planète, pourrait fonctionner avec quatre ou cinq d’entre eux, avec en complément plusieurs réacteurs KRUSTY pour donner de la flexibilité et peut-être équiper quelques sites éloignés de la base et du fait que KRUSTY sera aisément transportable d’un endroit à l’autre. Il ne faut pas oublier qu’il n’y a aucune infrastructure sur Mars et qu’il faudra tout installer et tout construire, y compris des unités d’industrie lourde pour produire acier, verre, aluminium, éthylène, polyéthylène, méthanol, engrais, etc…On aura donc besoin de beaucoup d’énergie dès le « début ». On commencera sans doute par expédier deux réacteurs avec la première mission habitée (redondance minimum nécessaire) puis on expédiera un réacteur lors de chaque fenêtre de tirs (tous les 26 mois). On aura ainsi toujours plus de puissance disponible, en parallèle avec la croissance des possibilités de l’utiliser. Comme pour d’autres produits sophistiqués, il ne peut être question au début de fabriquer ces réacteurs sur Mars. Il faudra en continuer l’importation depuis la Terre pendant la durée nécessaire, pour en augmenter le nombre et renouveler régulièrement ceux qui arriveront en fin de vie car ils ne devraient maintenir leur puissance nominale que sur une dizaine d’années. Progressivement, il faudra s’efforcer de produire sur Mars les éléments les plus massifs ou dont le transport pourrait poser problème. Il faudra s’y appliquer dès le début car pouvoir réduire le transport de volumes et de masses depuis la Terre sera une des premières conditions d’une installation pérenne, compte tenu du coût élevé du transport, des limitations en volume des soutes des vaisseaux spatiaux et de l’espacement des fenêtres de tirs.
On voit bien les avantages de ce type de réacteur pour l’installation de l’homme sur Mars. Le Soleil sera certes également une source d’énergie. Il serait stupide de ne pas en tirer profit mais il est impossible de compter dessus pour satisfaire l’ensemble des besoins. L’irradiance solaire varie de 492 à 715 W/m2 à la distance de l’orbite martienne contre 1321 à 1413 à la distance de l’orbite terrestre, l’efficacité énergétique des panneaux photovoltaïques est (aujourd’hui) au maximum de 40% et bien sûr, les panneaux solaires ne fonctionnent pas la nuit, moins bien si on s’éloigne de l’équateur et plus du tout pendant les tempêtes de poussière ! Donc l’énergie solaire ne pourra être qu’un appoint et, comme il n’y a ni charbon, ni pétrole, ni eau courante, les autres sources possibles d’énergie se réduisent à la géothermie, si l’on trouve des points chauds offrant avec la surface un différentiel de températures intéressant.
LANL espère que ses réacteurs seront prêts dans 5 ans, c’est juste ce qu’il nous faut puisque le premier voyage avec le Starship d’Elon Musk devrait avoir lieu en 2024 ! Il ne reste qu’à souhaiter plein succès aux ingénieurs qui travaillent à résoudre les dernières difficultés techniques levées par l’« INL » (« Idaho National Laboratory ») qui appartient aussi au DOE et qui a été chargé par ce dernier de faire une étude critique du projet.
Image à la Une : Un réacteur Megapower dans son camion de livraison. Cela donne une bonne idée des dimensions. Crédit LANL
Image ci-dessous : volumes principaux d’un Megapower (crédit LANL).
Images ci-dessous : coupe horizontale du réacteur (crédit LANL). On y voit les six segments de cœur du réacteur, en acier inoxydable, traversés par des tubes où sont empilées les pastilles LEU de 235U, entourées par d’autres tubes remplis de potassium, tout autour les 12 tambours de contrôle portant leurs arcs en carbure de bore et au centre la cavité hexagonale dans laquelle peuvent être introduites les barres en carbure de bore. Le cercle jaune extérieur est le bouclier/réflecteur en Alumine.
Image ci-dessous : coupe horizontale de l’un des six segments du cœur du réacteur (crédit LANL). Chaque tube de combustible (« fuel », couleur pourpre) de LEU est entouré de trois conduites de transport de chaleur (blanc).
Image ci-dessous à gauche: un des six segments du cœur du réacteur (crédit LANL) et, à droite, une coupe verticale de ce segment (crédit LANL).
Des précisions / corrections ont été introduites après relecture par le Dr Pierre-André Haldi (directeur du Master of Advanced Studies en énergie, à l’EPFL)
Références :
article dans 1663 (la revue du LANL) : https://www.lanl.gov/discover/publications/1663/2019-february/_assets/docs/1663-33-Megapower.pdf
Proposition alternative de l’INL : https://ndiastorage.blob.core.usgovcloudapi.net/ndia/2017/power/Ananth19349.pdf
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18 Responses
Très intéressant. Les besoins énergétiques de notre planète terre vont devoir être adaptés en raison des conséquences polluantes des énergies d’origine thermiques sur notre environnement et sur la santé publique. Le mix énergétique à court et moyen terme devra à mon avis majoritairement inclure nucléaire et renouvelable pour faire face aux besoins. Des lors pourquoi ne pas prendre en considération ces nouveaux réacteurs nucléaires civiles prévus pour Mars ? Je n’aborde pas ici le problème des déchets nucléaires qui sont de faible quantité mais leur neutralisation spontanée très longue.
A peine débarqué sur Mars qu’on y dépose des déchets nucléaires ! voilà bien le signe de notre empreinte indélébile et notre manque de conscience . Il faudrait au contraire ne penser qu’au renouvelable parce qu’il faudra bien remettre du combustible de temps en temps ce qui nécessitera d’une part de renvoyer régulièrement des recharges en uranium (fossile pas éternel) et les compétences pour maintenir ce système et par conséquent démontre que la survie sur Mars dépendra des ressources terrestres , le contraire d’une « colonie » indépendante !
Pour l’envoi de starship en 2024, vous encore rêver , cette fusée n’est pas encore née et le problème après 2020 jusqu’en 2030, les voyages vers Mars dureront plus longtemps du fait de l’éloignement cyclique entre les 2 planètes .
La première mission habitée ne pourra commencer que vers 2033 , échéance de la NASA .
La durée du voyage vers Mars suit effectivement un rythme de 15 ans en fonction de l’évolution de la position de chaque planète sur son orbite et compte tenu de l’excentricité de l’orbite de Mars. Mais cela ne veut pas dire que les voyages soient impossibles pendant la moitié de ces quinze ans (ni que l’on passe du jour au lendemain d’une durée optimale à une durée intolérable – ce qui ne sera jamais le cas). Ils sont simplement un peu plus long ou plus coûteux en énergie. Si l’on veut aller plus vite (rester dans une duree de voyage de 6 mois) on donne une impulsion plus forte au départ et on freine un peu plus fort à l’arrivée; on s’éloigne un peu de la trajectoire de Hohmann. Mais ce n’est pas pour autant que la mission deviendrait impossible. On transporterait moins de masse utile (« payload ») avec les astronautes et on compenserait en envoyant plus de masse utile dans le vol cargo qui, lui, suivrait strictement sa trajectoire de Hohmann. Les départs vers Mars auront toujours lieu tous les 26 mois.
Autre remarque:
Je n’ai jamais prétendu que la Colonie martienne deviendra immédiatement autonome. Le processus sera effectivement long puisqu’il faudra longtemps importer de la Terre ce qu’on ne pourra produire sur Mars. Il faudra donc dès le début produire sur Mars tout ce qu’on pourra et s’efforcer de le faire de plus en plus. Autant commencer tout de suite!
Autre remarque :
Vous faites partie de ceux pour qui l’opposition au nucléaire est une sorte de religion. Libre à vous mais si vous êtes opposé au concept de Megapower, merci d’avancer des arguments rationnels.
Etant donné que selon toute vraisemblance Mars est une planète sans aucune activité biologique à l’heure actuelle, je ne vois pas bien qui sera dérangé par ces « déchets nucléaires », par ailleurs produits en très faible quantité pour des réacteurs de la puissance évoquée et facilement stockables. Par ailleurs, l’uranium n’est PAS un combustible FOSSILE (!) et il existe potentiellement autant de ressources en uranium sur Mars que sur la Terre, ces deux planètes ayant été formées à la même époque et avec les mêmes matériaux de base.
Par contre, je vous rejoins sur le fait que la date de 2024 pour un Spaceship sur Mars me paraît aussi TRES optimiste, mais pour des raison de temps de mise au point, le plus grand éloignement de Mars n’ayant guère d’impact significatif.
Que représentent 10 MWe ? Est-ce réaliste pour une colonie sur Mars ? Quelques réflexions…
Un petit réacteur nucléaire Megapower fournissant cette puissance en continu pourra produire 87,6 GWh par an. S’il s’en trouve un jour 4 à 5 sur Mars, cela fera entre 350 et 440 GWh d’énergie électrique produite par an. Cela est à mettre en regard de la demande en énergie d’un premier peuplement des quelque 1’000 premiers habitants mentionnés, en supposant que soit la seule source d’énergie, en tout électrique, donc. Pour faire des comparaisons plus faciles, on ramène cela à une puissance continue par tête (en divisant l’énergie par 8’760 heures par an et par 1’000 personnes), soit ici entre 40 et 50 kW/cap. N’est-ce pas excessif ?
Prenons, par exemple, la situation du canton de Genève avec quasiment 500’000 habitants. La statistique cantonale nous dit que la consommation totale d’énergie (finale et non pas primaire) du canton est de 35 PJ (chiffre 2017, alors qu’elle avait atteint un maximum de 42 PJ en 2005), soit une puissance continue de 2’220 watts par tête, soit 2,22 kW/cap (la société à 2’000 watts n’est pas loin, du moins en énergie finale, car en énergie primaire c’est tout autre chose !). Si l’on est intéressés aux détails, on peut décomposer cette demande par source d’énergie : 432 W/cap pour les carburants, 422 W/cap pour le mazout, 722 W/cap pour le gaz naturel et enfin 645 W/cap pour l’électricité.
Pour cette dernière, il est intéressant de regarder sa nécessaire production : 482 W/cap proviennent d’en dehors du canton et 183 W/cap du canton-même. Plus finement, on peut voir que, grosso modo, Verbois contribue pour 100 W/cap, Chancy-Pougny pour 50 W/cap, les Cheneviers pour 20 W/cap, le Seujet pour 5 W/cap et tous les autres auto-producteurs pour 8 W/cap. Étant donné que la population est d’environ un demi-million, on voit que la production électrique effective de l’usine d’incinération des Cheneviers à elle seule (environ 60 MW thermiques qui fonctionnent avec un rendement de conversion d’environ 33% durant environ 50% du temps), correspond à une puissance électrique continue de 10 MW, soit exactement à celle d’un Megapower.
En conclusion, il faut mettre en regard les 2,22 kW/cap de la demande actuelle des Genevois et les 40 à 50 kW/cap des futurs « Marsonautes » (nom provisoire de ces habitants…) dont, de façon étonnante, les besoins en énergie sembleraient être de 18 à 23 fois plus élevés que ceux des Genevois… Quelles sont les justifications ?
@Christophe de Reyff. Je n’ai pas étudié les chiffres, mais vous faites fausse route en comparant la consommation d’une colonie qui doit 1) maintenir toute une infrastructure qui n’existe pas sur terre (purification et recyclage de l’eau, recyclage de l’oxygène) ou qui n’est que partielle (recyclage des déchets). Rien que pour maintenir le minimum vital, une infrastructure consommant de l’énergie devra être mise en place. Et 2) qui devra produire toute les matières premières et produits semi-finis qui actuellement se sont plus produit à Genève. Quelle est la consommation d’un haut-fourneau pour purifier du fer ou extraire de l’aluminium ? Et celle du cimenterie pour produit le ciment ? Et je ne parle pas de toute la production chimique notamment pour produire le carburant des engins de transport ? A moins que vos chiffres inclus la fameuse énergie grise que personne ne veut voir en Suisse, il est fort à parier que vous comparez ce qui n’est pas comparable.
Réponse à crerat :
J’ai justement pris cette comparaison pour savoir ce qu’il faudra encore prendre en compte. Concernant l’énergie grise due à toutes les importations non explicitement énergétiques, on l’estime au moins au triple des 2 kW. Il y a encore une marge avec le facteur 18 à 23 !
Je retiens l’existence d’un réacteur nucléaire « mobile » alimenté de son « combustible » spécifique, capable de produire une quantité définie d’électricité, pour une consommation maximale et générant une quantité minimale de déchets nucléaires. Le tout disponible dans 5 ans. Ces recherches fort intéressantes peuvent avoir des retombées pratiques autres que martienne. Revenons donc sur notre planète Terre et ses problèmes environnementaux actuels et en devenir.
Question pragmatique: est il imaginable d’ envisager un usage multisite (cantons, communes ?) de ce type de nouveau réacteur nucléaire en lieu et place de gros sites (Beznau etc.) comme actuellement, et assurer de façon flexible et décentralisée, pourquoi pas (?), nos besoins énergétiques en complément des ressources techniques du renouvelable (solaire, vents, barrages, marémotrice, etc.) tout aussi indispensables et aussi en disposition multisite.
Les recherches scientifiques dans un domaine peuvent souvent avoir des retombées inespérées et finalement utiles dans d’autres domaines.
@DELAPLANETE: Il y a de nombreux projets en développement actuellement de réacteurs nucléaires « terrestres » de petites et moyennes puissances , qui devraient être à la fois plus efficaces, plus sûrs (sécurité dite « intrinsèque »), générant moins de déchets (voir même capables de « brûler » les déchets déjà produits par d’autres réacteurs en en tirant de l’énergie) et produisant de l’électricité à moindre coût. Le problème est justement peut-être qu’il y a en a trop (de projets) et qu’aucun n’a vraiment émergé jusqu’ici. Mais en tout cas, l’option de réacteurs « modulaires » de plus petites puissances serait, comme vous l’écrivez une solution très intéressante pour un pays comme la Suisse, des centrales de plus de 1000 MWe provoquant des « sauts » de puissance trop important au moment de leur mise en service puis de leur démantèlement.
Merci Pierre-Andre Haldi pour votre réponse. Reste à savoir quand et qui en Suisse va prendre en main ces options nucléaires civiles de façon raisonnée, car avec le discours omniprésent des antinucléaires on va aussi dans le mur.
Ma question concerne la souce foide;pour un réacteur lunaire on ne peut avoir qu’un radiateur evacuant l’energie par rayonnement, il faut qu’il soit tres grand ou accepter une source froide a temetaure élevée ce qui diminue lme rendement de cycle.il faut également qu’il soit autonettoyant
Merci de votre question. Elle est effectivement très importante et j’étais surpris qu’on ne me l’ait pas posée quand mon article est paru. Je ne vous répondrai pas pour la Lune qui m’intéresse moins que Mars (vous l’aurez compris).
Pour Mars donc je pense que le besoin de chaleur sera considérable et presque constant (longue période d’hiver austral, nuit très froide et journée peu chaude, sol gelé). On devra établir la base près d’un inlandsis compte tenu des besoins important en eau, tout en veillant à éviter que cette eau se sublime dans l’atmosphère raréfiée (au datum, altitude moyenne, 610 pascals, point triple de l’eau).
Le réacteur nucléaire type Megapower devrait donc être une partie intégrante de l’infrastructure pour la production de chaleur nécessaire au « village » et çà tombe bien puisque nous avons besoin d’une source froide pour qu’il fonctionne (produise de l’électricité). La source froide pourrait donc être constituée par l’eau circulant en circuit fermé, revenant des habitats, des serres, de tous les lieux viabilisés où elle aurait « déposé » la chaleur qu’elle aurait prélevée au réacteur (ce qui suppose évidemment une certaine « tuyauterie » avec pompes et valves) et qu’elle aurait aussi « perdue en chemin » (entre le réacteur et les zones viabilisées) du fait d’une isolation de la tuyauterie forcément (ou volontairement*) insuffisante. *On pourrait en effet réguler les excès de chaleur par des passages de la tuyauterie en dehors de l’isolation en cas de consommation insuffisante par le village mais il y aura aussi des besoins de chaleur pour des productions industrielles comme par exemple celle du duricrete (équivalent béton) utilisé pour la construction.
NB :
(1) la question ne se pose pas pour le Kilopower, plus petit, l’ombrelle que l’on voit sur les illustrations en est le radiateur (3 mètres de rayon) qui a été estimé suffisant pour dissiper la chaleur. Mais sur Mars, il serait bon également de pouvoir en récupérer la chaleur plutôt que de la dissiper dans l’atmosphère (donc eau en circuit fermé).
(2) sur Mars il y a une atmosphère, donc du vent mais la densité de l’atmosphère est certainement insuffisante pour emporter la chaleur produite par un réacteur de type Mégapower.
Si Pierre-André Haldi, qui connait bien le sujet, veut apporter ses commentaires/correctifs, il est évidemment le bienvenu!
Cet article a au moins un aspect intéressant qui télescope l’actualité, à savoir: pourquoi l’homme est incapable de prendre des mesures raisonnables pour faire face à un problème incontournable.
Avant même de savoir quelle énergie pour quel projet d’implantation, ni même comment transporter une centrale nucléaire sur Mars (le réacteur n’en est qu’une petite partie, mais il fait déjà la taille d’un camion), on est déjà en train de s’intéresser à une solution sale, mais surpuissante.
Tout l’intérêt du projet martien est là: démontrer notre surpuissance.
Bravo messieurs pour ce test psychologique. Vous avez lamentablement échoué à entrer dans le 21ème siècle.
Vous avez tort de réagir comme cela à la présentation de ce très beau projet.
Précisément Megapower est la preuve que la technologie des réacteurs nucléaires peut évoluer et ce projet porte l’espoir qu’un jour très prochain on réalise des réacteurs véritablement « propres ». Déjà des progrès importants ont été accomplis: utilisation d’uranium enrichi à 20% (on ne parle pas de HEU ni de plutonium!), maniable sous forme de petites pastilles, isolation de la masse de combustible en de multiples fractions réparties dans des tubes séparés, renforcement de la réaction par des réflecteurs qui sont en même temps des boucliers (alumine et oxyde de béryllium), possibilité de faire varier la production de neutrons et de les faire absorber en cas de besoin par des barres d’oxyde de bore, système de transfert de chaleur simple, sans aucune pièce mobile, aucun refroidissement à l’eau.
Bientôt nous serons capables, au delà du retraitement des produits de fission, de transmuter les éléments les plus gênants (cesium 137 et strontium 90).
Il ne faut pas désespérer des capacités de l’homme à progresser et nous avons besoin d’énergie pour survivre sur Terre comme nous en aurons pour vivre sur Mars. Le nucléaire présente des avantages par rapport à d’autres sources soit-disant propres qui comportent aussi des inconvénients (par exemple les fameuses terres rares employées pour les éoliennes, ou le lithium pour les batteries des voitures électriques).
Par ailleurs, je ne vois pas du tout pourquoi vous considérez qu’aller sur Mars « démontrerait notre surpuissance ». Je ne pense pas une seconde que cette démonstration soit le but de la quasi totalité des gens qui veulent que l’homme s’installe un jour sur Mars.
Nous sommes dans le 21ème siècle, vous êtes resté dans le 19ème, au mieux au début du 20ème siècle.
A la lecture de cette article, il me vient une idée à l’esprit :
Un tel réacteur pourrait assurer lui même les besoins énergétiques de son transfert Terre – Mars en alimentant un gros propulseur ionique, plasmique ou magéto-plasmique comme « VASIMR »
Autre remarque :
Le Megapower, avec une masse de 35 Tonnes, est environ 30 fois plus lourd que le « KRUSTY » pour une puissance 1000 supérieure. Quitte à envoyer une source d’énergie nucléaire sur la Lune ou sur mars, autant optimiser le rapport poids puissance. D’autant plus qu’il est probablement possible de l’expédier en plusieurs tronçons.
Je n’ai pas la compétence pour répondre à la première question mais a priori cela me semble une bonne piste. Je ne vois aucune raison pour laquelle Megapower ne fonctionnerait pas dans l’espace. Bémols cependant: (1) la masse du Megapower me semble très importante comme adjonction à un moteur VASIMR; il faut quand même monter tout cela en orbite; 2) il faut aussi obtenir une impulsion (Isp) forte et rapide pour s’élancer vers Mars et traverser très vite la Ceinture de Van Allen.
Pour ce qui est de la deuxième question, je pense que KRUSTY serait un bon complément à Megapower. En effet il peut fournir un complément aux unités déjà sur place sans augmenter d’un seul coup l’ensemble du dispositif d’une puissance de 10.000 kWe. Surtout il peut servir pour équiper les refuges qu’il faudra construire un peu partout dans les environs* de la base (à utiliser en cas de tempête solaire ou si pour une raison une autre le retour à la base n’est pas possible).
*à quelques km ou le long d’une route menant à un site où les Martiens se rendront souvent.
Question à M. Brisson : quels sont les risques pour l’atmosphère terrestre, respectivement l’atmosphère martienne, d’une destruction en vol, soit au départ soit à l’arrivée, du cargo transportant un réacteur nucléaire ?
Bonjour et merci de votre commentaire. Les risques sont quasiment nuls car pendant le transport le réacteur ne sera pas activé. Pour être plus précis, tant que le réflecteur d’alumine/bérylium n’est pas posé et tant que par surcroît une barre de carbure de bore restera dans le dispositif, il y aura très peu de réactions (de neutrons libérés spontanément par quelques noyaux venant heurter d’autres noyaux d’atomes). Il n’y aura pas non plus de produits de fissions libérés par le réacteur puisqu’il n’aura pratiquement jamais fonctionné (à par quelques réactions tenant à la nature légèrement instable de l’uranium). Enfin de l’uranium 235 n’est pas du plutonium et plusieurs barres d’uranium 235 ne constituent pas une bombe (enrichi à 90%). Je vous envoie un petit article très bien fait (à mon avis) sur la radioactivité de l’uranium: http://www.laradioactivite.com/site/pages/uranium238et235.htm