Je publie cette semaine, un article sur la poussière martienne qui m’a été demandé par l’Association Planète Mars (APM) qui est en train de constituer un « Wiki missions martiennes habitées ». Pour ceux qui l’ignore, l’APM (adresse ci-dessous) est l’entité française de la famille des Mars Societies. Elle existe depuis 2000 et son site internet est une mine d’informations, notamment (mais pas seulement) sur l’astronautique.

La poussière ultrafine rend difficile, déjà au stade robotique, l’exploration de Mars. Elle risque de poser de sérieux problèmes aux missions habitées et à la vie humaine. La NASA recherche des solutions pour la Lune dans le cadre de son initiative générale, « LSII ». Ces solutions bénéficieront aussi à l’activité sur Mars car sur ce plan les deux astres sont semblables et la prolongation pour Mars est déjà clairement énoncée. Dans ce cadre, l’Université d’Hawaï, PHU, a proposé un tissu, LiqMEST, qui pourrait empêcher l’adhérence aux surfaces. La NASA elle-même propose, via le Kennedy Space Center, un traitement électronique des surfaces, l’EDS (Electronic Dust Shield Experiment). D’autres solutions sont en gestation, plus ou moins avancée. Elles sont éventuellement complémentaires.

Mais d’abord, qu’est-ce que la poussière martienne ?

Elle est constituée de petites particules minérales riches en fer (mais composées aussi de toutes sortes de minéraux, dont des silicates) qui n’ont pas pu se stabiliser ou s’agglomérer parce qu’il n’y a pratiquement pas d’eau liquide sur Mars, sauf à de rares périodes de plus en plus espacées dans le temps (périodes pendant lesquelles le problème est bien sûr temporairement partiellement résolu et la diagénèse très active). Ces particules résultent soit des impacts de météorites, soit de la décomposition de roches accentuée par l’érosion éolienne, soit in fine de la saltation des grains de sable (c’est-à-dire de la dégradation des plus grosses particules en plus petites du fait de leur déplacement et de leur friction avec d’autres grains, ou la roche, causés par le vent).

Les particules ou grains sont de toutes tailles, mais peuvent être extrêmement petites. On a pu l’observer « de très près » avec le microscope à force atomique FAMARS* embarqué à bord de la sonde PHOENIX en 2007 et qui a étudié l’environnement martien de mai à novembre 2008 par 68° de latitude Nord. Le seuil entre sable et poussière, communément admis en granulométrie, est de 0,0625 millimètres (62,5 µm, micromètres). FAMARS a pu distinguer des particules jusqu’à 0,1 µm et a pu constater la très forte abondance des grains autour de 10 µm. Pour référence, les masques chirurgicaux dont il était recommandé le port pendant la période du COVID devait avoir une efficacité de filtration bactérienne > 98% d’un aérosol de taille moyenne 3 µm. Compte tenu de la faible érosion locale les grains de poussière martiens sont un peu moins acérés que ceux de la poussière lunaire mais quand même très anguleux.

*La thèse de doctorat de Sebastian Gautsch (Université de Neuchâtel, aujourd’hui adjoint au directeur de la section microtechnique de l’EPFL et vice-président de la Mars Society Switzerland) a été consacrée à la conception de cet instrument (voir lien ci-dessous).

Le vent a transporté la poussière partout autour du globe, le sable moins loin en dehors de sa zone de formation, en raison du poids supérieur des grains. Comme les grains sont très petits et très peu massifs, ils sont portés par l’atmosphère, bien sûr quand il y a du vent mais pas seulement ; une certaine quantité reste toujours en suspension dans l’air. C’est ce qui donne la coloration ocre rouge au ciel pendant la journée. Au sol, on trouve cette poussière partout, en couches plus ou moins fines, dissimulant par son ocre rouge, les autres couleurs. Elle a été concentrée dans le creux des reliefs où les endroits protégés qui se prêtaient à son accumulation et le sable supportant davantage une structuration en hauteur, a été aligné en dunes. Il y a beaucoup de dunes sur Mars, mais il y a aussi beaucoup de bancs de « sables mouvants » (poussière) dans les creux du relief. Il est intéressant de noter que le brassage de la poussière au niveau planétaire crée sans doute une homogénéité dans une diversité minéralogique très élevée. Il en est de même, mais dans une moindre mesure localement pour le sable (puisque le sable de par sa masse, voyage moins). Cette poussière et ce sable seront donc une des ressources minérales de la planète, facilement utilisable par l’Homme, puisque facilement prélevable et manipulable.

Cependant la poussière présente plusieurs aspects négatifs : sa capacité à obscurcir l’atmosphère et à pénétrer « partout » à cause du vent, ses formes anguleuses, sa susceptibilité aux forces électrostatiques.

Sur Mars, par rapport à ce qui se passe sur la Lune, le phénomène est aggravé par l’atmosphère. On sait que cette atmosphère est très ténue (pression de 610 pascals à l’altitude « moyenne », équivalente à celle du niveau de la mer sur Terre). Mais comme les poussières sont très petites et très peu massives, elles sont portées par l’atmosphère bien sûr quand il y a du vent mais pas seulement ; une certaine quantité reste toujours en suspension dans l’air. Bien sûr le vent aggrave la situation. Avec la sécheresse ambiante des quantités énormes de grains de poussière et dans une moindre mesure de sable peuvent être emportés dans des « tempêtes de poussière » qui ne sont pas exceptionnelles. Toutes les trois années martiennes environ, elles peuvent devenir planétaires et durer plusieurs semaines en obscurcissant le ciel, limitant fortement sinon empêchant totalement l’utilisation de l’énergie solaire et tendant à pénétrer les rouages des machines ou les interstices de tout volumes qui devraient être clos. Cela a beaucoup gêné la fin de la mission Opportunity. Les deux roues avant du rover avaient été immobilisées, usées certes par les aspérités du sol mais dont les articulations avaient aussi été complètement grippées par la poussière.

Un autre aspect négatif de la poussière est aussi que ses grains ne pouvant être humidifiés (l’humidité très basse empêche l’évacuation des charges électriques), elle est extrêmement sensible à l’électricité statique, donc « collante ». On retrouve donc la poussière sur toutes les surfaces. On a pu constater sur les différents équipements robotiques envoyés sur Mars qu’irrémédiablement et assez rapidement, les surfaces se teintent de cette même couleur. Ceci montre bien que les matériaux les plus lisses ne peuvent éviter d’être revêtus par cette matière diffuse comme s’ils en étaient imprégnés. Pour le moment cela est surtout gênant pour les panneaux solaires dont la capacité de captation d’énergie est altérée. Opportunity a été « tué » par une tempête de poussière qui l’a empêché de recueillir par ses panneaux photovoltaïques totalement enduits, l’énergie minimum qui lui était nécessaire pour passer l’hiver austral martien. Plus tard, quand l’homme vivra sur Mars, il risque de l’importer sur sa combinaison ou ses instruments à l’intérieur des habitats. Une fois son casque de scaphandre retiré, il respirera l’air ambiant. Si sa combinaison n’a pas été impeccablement dépoussiérée, il absorbera des particules car disséminées dans l’habitat, elles seront très difficiles à aspirer mécaniquement. Elles pourraient lui apporter la silicose et gêner le bon fonctionnement de différents appareils indispensables. Il faudra donc impérativement s’en débarrasser, au plus tard dans le sas d’accès.

Tempête de juin 2018 subie par le rover Curiosity. L’énergie reçue par jour est passée de 645 W/m2 le 5 juin à moins de 22 W/m2 le 10 juin. Photos Crédit NASA.

Ci-dessous, photos prises au début et à la fin de la même tempête, le Soleil étant hors champ (à gauche 7 juin, à droite 10 juin). Le contraste est moins marqué et la visibilité faible mais non nulle. Photos crédit NASA (MastCam Curiosity).

On cherche depuis des années les solutions. Celles qu’on envisage aujourd’hui (en dehors des méthodes plus classiques de vibration des surfaces, de soufflage ou d’aspiration) sont de trois ordres : la structure des tissus, le nettoyage par projection de gaz et le nettoyage par polarisation électrique.

Les recherches sont menées par la NASA (plus précisément son Space Technology Mission Directorate) dans le cadre de la LSII (Lunar Surface Innovation Initiative) par l’intermédiaire du LSIC (Lunar Surface innovation Consortium) dirigé par le John Hopkins University Applied Physics Laboratory (JHU/APL). La LSII a été créée en 2019. Il s’agit de stimuler l’intérêt et l’innovation dans les technologies de l’exploration lunaire par missions habitées (identification des besoins et évaluation des travaux, recommandations, centralisation des données et des résultats). L’action est menée via des partenariats ou des « collaborations » auxquels participent la NASA au côté du JHU (financièrement comme techniquement). Mars est clairement déjà nommée comme l’étape où les technologies découvertes et devenues opérationnelles seront mises en œuvre après la Lune. L’on espère aussi des retombées sur les activités terrestres. Bien sûr la « dust mitigation », que l’on pourrait traduire par « atténuation des nuisances de la poussière », n’est pas la seule ligne de recherches (« key capability areas ») mais c’est l’une des six* que l’on a décidé d’entreprendre.

*Les autres sont (2) l’ISRU (In Situ Resources Utilization) bien connue des membres de la Mars Society puisque le concept en revient à son fondateur, Robert Zubrin ; (3) l’énergie (« surface power ») ; (4) l’extraction des minéraux et la construction (« excavation and construction ») ; (5) l’adaptation de l’homme et de ses équipements à l’environnement extrême (« extreme environment ») et (6) la capacité d’accès aux sites difficiles (« extreme access »). La LSIC n’est pas une petite organisation puisqu’elle comporte 2400 participants actifs au sein d’un millier d’institutions ou établissements présents dans tous les états américains et une cinquantaine de pays étrangers.

Première solution, la structuration des tissus.

Un tissu répulsif (« self-cleaning ») a été conçu (publication en février 23) par l’Université du Texas à Austin (UTA) avec la société Smart Material Solutions Inc. L’équipe a modifié la géométrie des surfaces planes pour créer un réseau serré de structures pyramidales nanométriques. Ces structures, angulaires et pointues, empêchent les particules de poussière d’adhérer au matériau. Ne pouvant coller à ce support, elles s’agglomèrent entre elles pour rouler ensuite en surface et tomber au sol sous l’effet de la gravité.

Deuxième solution, le nettoyage par projection de gaz ultra-froid.

Un spray a été conçu (février 23) par l’Université de l’Etat de Washington (WSU). Il s’agit de projeter une pulvérisation d’azote liquide (forcément très froid) sur un tissu relativement beaucoup plus chaud que le gaz. Le nettoyage va se faire par effet Leidenfrost. NB : Cet effet peut être observé lorsque de l’eau froide est versée sur une poêle à frire chaude et qu’elle perle puis se déplace à la surface de la poêle. Par analogie, lorsque de l’azote liquide est pulvérisé sur une combinaison spatiale (même s’il y a isolation thermique, sa température est très largement plus élevée que celle du gaz), les particules de poussière sont extraites par le jet, s’accumulent sans pouvoir attacher et s’éloignent du tissu en flottant avec la vapeur d’azote.

Troisième solution, nettoyage par polarisation électrique.

Un tissu très réceptif à la polarisation et en même temps souple et extensible a été conçu (Octobre 23) par l’Université d’Hawaï Pacifique (PHU). Lorsqu’il est activé, ce « LiqMest »*, doit générer un champ électrique qui empêche la poussière d’adhérer à sa surface. Son concepteur le Professeur Arifur Rahman de l’Université de Bangkok a obtenu une subvention de 50.000 dollars de la NASA pour présenter un prototype dans le délai d’un an (mai 24). Le tissu pourrait être utilisé pour la mission Artemis III (mi 2027)…mais aucun rapport sur le sujet n’apparait encore en décembre 2024.

*Liquid Metal Electrostatic Protective Textile.

Une variante de cette dernière technologie est l’EDS (Electronic Dust Shield Experiment). Il s’agit de déstabiliser et dégager les poussières des surfaces à l’aide d’un champ électrique dynamique (avec plusieurs électrodes, chacune donnant une impulsion différente pour créer comme un mouvement de vagues). La technologie est étudiée au sein de la NASA (Kennedy Space Center). Elle vise la prévention de l’empoussiérage et le dépoussiérage de toutes sortes de surfaces solides : radiateurs thermiques, panneaux solaires, lentilles d’appareil photo et autre matériel nécessitant une protection contre la poussière. Elle a été testée en 2019 dans l’ISS dans le cadre de la série de tests MISSE-11 (Materials International Space Station Experiments)*. Des essais au sol avant le vol avait montré que des électrodes posées sur des plaques de verre pouvaient éliminer « plus de 98 % de la poussière dans des conditions de vide poussé ». L’expérience dans l’ISS a confirmé l’intérêt du processus. Elle a fourni des données utiles sur les performances des électrodes, des revêtements et des composants électroniques qui lui sont propres. Une seconde expérience dans l’espace devrait partir sur la Lune en janvier 25 avec la « Blue Ghost Mission 1 (TO 19D) » de la société Firefly Aerospace (concepteur et producteur d’atterrisseurs lunaires) qui doit être lancée par un Falcon-9 de SpaceX.

*Le programme MISSE existe depuis 2001 (c’est tout l’intérêt de l’ISS).

Avec ces technologies on a de bonnes probabilités d’obtenir une solution au problème de la poussière, non seulement pour les vêtements mais aussi pour les équipements. Si on développe un jour l’astronomie sur Mars, l’EDS sera incontournable (elle est spécifiquement prévue pour maintenir la propreté des optiques). Mais on peut aussi concevoir de mettre les différents équipements dont on aura besoin sous une bâche de liqMEST ou peut-être de nettoyer périodiquement les dômes et les surfaces vitrées avec un spray d’azote liquide*. Le nettoyage effectué par des robots équipés d’une caméra sera par ailleurs l’occasion de vérifier l’état du dôme ou des baies vitrées des habitats. Pour les combinaisons spatiales on utilisera probablement les trois technologies ensemble.

*L’impact du gaz sur la surface vitrée (plaques laminées de 1,5 x 2 cm d’épaisseur) serait extrêmement bref, mais les lecteurs physiciens pourront sans doute dire si le choc thermique serait ou non supportable (ou à quelles conditions elles le seraient).

Mes meilleurs vœux à tous pour 2025!

Liens :

La tempête de 2018:

https://ntrs.nasa.gov/api/citations/20190027303/downloads/20190027303.pdf

LSII :

https://www.nasa.gov/space-technology-mission-directorate/lunar-surface-innovation-initiative/

https://ntrs.nasa.gov/api/citations/20220012324/downloads/DARPA%20NOM4D%202022.pdf

Tissu répulsif :

https://interestingengineering.com/innovation/new-tech-solve-lunar-dust-problem

https://www.eurekalert.org/news-releases/980467

https://news.utexas.edu/2023/02/22/anti-dust-tech-paves-way-for-self-cleaning-surfaces/

Microscope FAMARS à force atomique :

https://citeseerx.ist.psu.edu/document?repid=rep1&type=pdf&doi=15eb88aa339e4f766ade40475a6458af47f246ef

LiqMEST :

https://www.space.com/moon-spacesuit-dust-static-electric-field-hawaii-pacific-university

https://www.phonandroid.com/la-nasa-travaille-sur-des-combinaisons-spatiales-a-champ-electrique-pour-lutter-contre-les-poussieres-lunaires.html

https://www.hpu.edu/about-us/the-ohana/article.php?nid=nc10162301

https://interestingengineering.com/innovation/this-liquid-metal-fabric-will-protect-astronauts-from-lunar-dust

Pulvérisation d’azote liquide :

https://news.wsu.edu/press-release/2023/02/28/liquid-nitrogen-spray-could-clean-up-stubborn-moon-dust/

Electrodynamic Dust Shield, EDS :

https://www.nasa.gov/humans-in-space/science-in-space-week-of-sept-22-2023-exposing-materials-to-space/

https://ntrs.nasa.gov/api/citations/20150016160/downloads/20150016160.pdf

https://nssdc.gsfc.nasa.gov/nmc/experiment/display.action?id=BLUEGHOST-07

https://nssdc.gsfc.nasa.gov/nmc/spacecraft/display.action?id=BLUEGHOST

https://en.wikipedia.org/wiki/Firefly_Aerospace_Blue_Ghost

L’ISS comme laboratoire scientifique :

https://www.nasa.gov/mission/station/research-explorer/investigation/?#id=8033

Site Association planète Mars : https://planete-mars.com/

Illustration de titre : tempête de poussière sur Mars, vue d’artiste : https://www.tomsguide.fr/mars-la-nasa-observe-des-tempetes-de-sable-la-taille-de-leurope/

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22 réponses

  1. La question des poussières, que ce soit sur la Lune ou sur Mars , pose en effet des problèmes délicats tout particulièrement dans la perspective des prochaines missions habitées de longue durée sur ces astres. Les astronautes des missions Apollo ont déjà été confrontés à ces difficultés. La poussière lunaire s’est révélée particulièrement abrasive et adhérente, de sorte qu’elle était même parvenue à percer partiellement le revêtement externe des gants de leurs combinaisons. Elle avait également encrassé leurs outils, et par ailleurs les équipements noircis par la poussière absorbant d’autant plus le rayonnement solaire, ils avaient tendance à surchauffer !

    Un problème particulièrement crucial qui va se poser lors de longs séjours sur la Lune ou Mars est celui des sorties en scaphandres même fortement améliorés (en particulier pour ce qui concerne la qualité des tissus utilisés) sur ce plan par rapport à ceux des missions Apollo. Quelles que soient les techniques de « dépoussiérage » mises en œuvre, l’introduction de scaphandres « contaminés » dans les structures habitées risque bien à la longue de créer des problèmes ingérables. A mon avis, il serait préférable d’éviter que ces scaphandres pénètrent jamais à l’intérieur des locaux habités, ou des véhicules pressurisés utilisés pour les déplacements (même au travers d’un sas). Pour cela, une solution serait de concevoir des scaphandres dans lesquels on pénètre par une ouverture à l’arrière. Ces scaphandres restant en permanence à l’extérieur, connectés de manière étanche pour y entrer ou en sortir à une « porte » ad-hoc érigée sur la paroi de la base ou du rover pressurisé. Cela éviterait de devoir dépoussiérer des scaphandres entiers avec toutes leurs « aspérités » et protubérances à l’intérieur d’un sas, opération qui restera forcément imparfaite, avec des résidus poussiéreux qui finiront inévitablement à l’intérieur de la base. Il sera beaucoup plus facile et efficace d’éliminer les poussières sur la seule surface (plane a priori) qui viendra en contact avec la « porte » sur la paroi de la base ou sur celle d’un véhicule. On me dira « et les équipements de survie en principe installés sur la partie dorsale des combinaisons ? ». Je pense qu’on peut trouver des solutions, par exemple en mettant ces équipements dans une sorte de sac à dos, relié au scaphandre par les tubes et connexions électriques nécessaires, qui sera déposé de côté avant de connecter la partie arrière du scaphandre à la « porte » mentionnée plus haut. Ou d’autres solutions du même genre.

    1. Oui, la solution du scaphandre restant à l’extérieur de l’habitat et accessible de l’intérieur, est une bonne piste. Elle a été considérée et je pense qu’elle devra s’imposer.
      La pièce par laquelle on accéderait aux scaphandres serait le sas, pièce bénéficiant déjà d’une isolation et qui pourrait être équipée de toutes sortes d’engins de dépoussiérage (au cas où ils seraient nécessaires).

      1. Dans le cas de la base, la « pièce de réception » sera évidemment elle-même aussi isolée que possible du reste de la station pour ce qui est d’éventuelles poussières résiduelles, mais ce ne sera pas un sas au sens habituel du terme dans ce contexte (elle restera à la pression atmosphérique « normale »).
        Par contre, je ne pense pas que cela sera possible dans un véhicule, faute de place (c’est là que la solution des « scaphandres restant à l’extérieurs » montre particulièrement son intérêt d’ailleurs)..

  2. Bonjour
    Alors la oui c est un gros probleme et en plus il y aura probablement a l interieur des starship des systemes de filtrage qui vont s obstruer et la poussiere pourrait aussi atteindre des parties vitales comme les moteurs…et gener leur fonctionnement…et sans oublier les astronautes qui vont surement en respirer quelque peu et ca c est pas bon…et puis chaussures et combinaisons risquent de s user, et les visieres risquent de se depolir ou de se rayer.
    car dans le cas de Mars on va rester sur la planete plusieurs mois et non pas deux ou trois jours comme sur la Lune lors des missions apollo.

      1. Au dernière nouvelle, le lancement de New Glenn ne devrait pas avoir lieu avant vendredi au plus tôt. Espérons que Blue Origin ne se mette pas à imiter Boeing 🙂 !
        Si cette date est confirmée, et aussi celle du 7ème vol d’essai du Starship, on ne saura plus où donner de la « tête spatiale » le 10 janvier prochain!

  3. Autre événement intéressant cette semaine (demain en principe):
     » On Tuesday (Jan. 7), NASA’s top brass will hold an audio-only press conference to update the public on its Mars sample return program. The media briefing will begin at 1:00 p.m. EST (1800 GMT), and you’ll be able to listen in online via NASA’s website ».
    A voir pour quand le retour de ces fameux échantillons sera annoncés; si ça tarde trop encore, ce sont les premiers astronautes à fouler le sol martien (Américains, … ou Chinois!) qui les ramèneront dans leur poche au retour sur Terre :-).

    1. Merci du rappel!
      Je trouve plus que surprenant que la NASA ait lancé ces prélèvements d’échantillons sans avoir un back up pour leur envoi sur Terre.
      Malheureusement elle ne l’a pas fait et c’est un beau gâchis car n’importe quelle mission habitée pourra en rapporter d’avantage. Sans compter qu’il aurait été utile d’analyser les échantillons avant d’envoyer des hommes.
      Par ailleurs a-t-on pensé à l’évolution chimique éventuelle que pourrait subir la matière enfermée dans les capsules (privée de son atmosphère de gaz carbonique) avant qu’on les récupère, et à la déformation de la réalité qui pourrait en résulter?

  4. on annonce aussi le prochain essai de la fusee MAIA…mais pas de date…et peut etre aussi cette annee ARIANE 6 qui devrait subir des evolutions …
    Tout cela va etre tres interressant.

  5. J’ai failli tomber de ma chaise quand la porte-parole de la NASA a annoncé qu’avec le programme Mars Sample Return révisé l’agence espérait pouvoir retourner les échantillons martiens sur Terre … avant 2040 (et en tout cas pas avant 2035, probablement en 2039)!
    Et après tant d’années, pourquoi est-il nécessaire de modifier à ce point la structure de cette mission?! Et de décider (soi-disant la « final décision »!) pour la nouvelle approche (« innovation new design ») seulement en 2026?
    Tout cela ne fait pas très sérieux et ne donne guère confiance dans la réalisation finale de ce programme.
    Et qui croit encore vraiment que des humains pourraient fouler le sol martien déjà au début de la décennie suivante dans ces conditions? Ou alors les responsables de la NASA sont des parfaits incapables, qui se lancent dans des programmes qui seront complètement dépassé avant d’être réalisés.

  6. « Mars aux Calendes grecques », voilà ce qui pourrait être le titre d’un prochain blog sur ce site!
    J’ai été effaré hier soir (et passablement déprimé je dois le dire) d’entendre la porte-parole de la NASA dire que l’agence ESPERAIT, avec le programme Mars Sample Return révisé, rapatrier les échantillons martiens AVANT 2040 (au mieux en 2035 selon l’administrateur)! Autrement dit « aux Calendes grecques » (et pour Pierre et moi, cela revient en fait probablement à « jamais », de notre vivant 🙁 ). Et s’il faut attendre aussi longtemps pour le « simple » rapatriement robotique de quelques échantillons de sol, qu’en sera-t-il alors de mission habitées?!
    Les programmes spatiaux « américains » me semblent être en train de « cafouiller » complètement. L’élan n’y est plus, or la dynamique est fondamentale pour que des programmes de ce type aboutissent. Cela a été le génie de Kennedy dans son discours de 1961, confirmé en 1962, de fixer un calendrier très audacieux, mais restant à la limite du possible, pour la réalisation de son pari lunaire. Aurait-il, plutôt, prudemment fixé la fin des années 1970 pour le premier débarquement sur la Lune qu’on l’attendrait sans doute encore! Surtout aux Etats-Unis, avec les changements fréquents d’administrations qui n’ont rien de plus pressé que de remettre en cause par esprit partisan ce que la précédente a décidé quand celle-ci n’était pas du même bord. De ce point de vue, Musk a fait à mon avis un erreur grossière en se « profilant » de manière trop marquée derrière Trump. Le boss de SpaceX (et ses projets) risque de le payer cher au prochain retournement de majorité aux Etats-Unis (qui. rappelons-le pourrait se produire dans deux ans déjà, surtout que Trump pourrait bien décevoir ses électeurs, avec les promesses inconsidérées qu’il fait et qu’il ne pourra pas tenir, comme entre autres le fameux mur payé par les Mexicains lors de son premier mandat!).
    Reste à espérer que, peut.être, les Chinois …

    1. Merci Pierre-André.
      Moi aussi ça me déprime!
      Ceci dit je pense que le problème c’est surtout que la NASA ronronne dans son cocon. C’est pour cela que je pense que l’arrivée d’Elon Musk peut avoir l’effet salutaire de l’ouverture du cocon (ou du retrait de la couette). Pour redynamiser la NASA, il faut vraiment l’empêcher de continuer à dormir et de financer le SLS (par exemple).
      Tous les passages politiques aux Etats-Unis ont été des moments dangereux et ont plusieurs fois eu des effets spectaculaires. Cette fois-ci sans doute plus que jamais mais ils sont aussi plus que jamais nécessaires. Par ailleurs, heureusement, il y a les Chinois!

  7. Oui Pierre Andre Haldi je crains que vous ayiez raison : c est deja mon inquietude depuis quelques mois que la NASA perde la foi…de plus il me semble que le patron de la NASA vient d etre remplace…c est un peu la foire en ce moment. et par dessus le marche en France nous sommes avec ARIANE 6 qui presente « comment dire  » un retard ou qui souffre d une » erreur de choix technique » des le depart…

    1. je pense aussi qu un chef d entreprise doit se concentrer sur son entreprise c est deja suffis. difficile

  8. Ce problème causé par la poussière me semble être un argument de plus pour mettre du temps à explorer Mars à l’aide de robots, préalablement à l’arrivée d’humains. Il serait intéressant de découvrir des grottes facilement accessibles et utilisables plutôt que de s’acharner à concevoir des habitats à l’extérieur, exposés à cette poussière, à son abrasion, aux radiations. Dès lors, faire atterrir les vaisseaux transportant des hommes au plus près de l’une de ces grottes permettrait de les mettre à l’abri au plus vite dans une grande cavité équipée à l’avance par des robots. Trouver ce type de refuge risque de ne pas être facile, c’est pourquoi il me semble nécessaire de mettre au point un hélicoptère à très long rayon d’action et capable de voler longtemps. Je crois que les Américains y pensent et veulent perfectionner Ingenuity . Cela pose bien des problèmes pour « refaire le plein » en électricité. A quand un hélicoptère avec une micro-centrale nucléaire? On a peur d’un accident au départ de la terre mais le voyage vers les étoiles, lui, me semble inconcevable sans la fusion atomique. Que la NASA « perde la foi » hum! j’en doute! Et les Chinois prendront le relai avec passion. Quant à l’Europe, a-t-elle « perdu la foi » maintenant, elle?

  9. D’après les dernières nouvelles:
    « Le lancement inaugural de la New Glenn de Blue Origin a été repoussé à ce dimanche 12 janvier à 7h (heure française), tandis que le tir du Starship de SpaceX, dans sa nouvelle version V2, est maintenu au lendemain, le 13 janvier à 23h (toujours heure française). Ce calendrier est évidemment soumis aux aléas techniques et météo »,
    Bon, apparemment, « l’encombrement du 10 janvier » n’aura pas lieu. Et dire que certains se plaignent quand l’horaire des trains n’est pas respecté à la minute près (et je pense en écrivant cela aussi aux deux astronautes qui ne devaient passer que 8 jours dans l’ISS et qui y sont toujours 7 mois après)! 🙂

    1. Dans la situation présente il faut toujours avoir une solution de rechange. Je vous ai donc préparé pour demain un article dans lequel je parle d’autre chose.
      Dimanche est un autre jour!
      .
      PS: J’ai pu constater ce matin lundi 13, après m’être levé à 06h30 pour assister au lancement de la New Glenn-1 (déjà différé mais pour des raisons de météo) que « dimanche était vraiment un autre jour ». Je comprends que Blue Origin n’ait pas voulu perdre son vaisseau « tout neuf et tout beau » mais je regrette le décalage entre l’annonce très fleurie et la réalité de l’événement. C’est bel et bien raté avec, pour le moment, « avantage SpaceX ».

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À propos de ce blog

Pierre Brisson, président de la Mars Society Switzerland, membre du comité directeur de l’Association Planète Mars (France), économiste de formation (University of Virginia), ancien banquier d’entreprises de profession, planétologue depuis toujours

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