Imaginez! Nous sommes en 2073, sur Mars. Une première implantation humaine de 1000 habitants a été construite. Elle est située au Nord de Medusae Fossae, entre Eumenides Dorsum et Gordii Dorsum, près d’un gisement de glace d’eau, pas trop loin de l’équateur (8°N), au pied de la dichotomie crustale et pas très loin des grands volcans. A environ 4 km en-dessous du datum, elle jouit d’une pression atmosphérique relativement élevée (750 pascals en moyenne). Le sol est aussi plat que possible sur une trentaine de km de diamètre. C’est sur cette aire que se développe la Colonie dont elle est le premier élément.

L’implantation est circulaire (plusieurs cercles concentriques reliés par des rayons) pour que les distances de tout point à son centre soient minimisées. Le diamètre de son emprise au sol est d’environ 1 km, maximum 2 km. NB : On peut préciser ces dimensions et ces distances du fait que dans un environnement aussi « dur » que l’environnement martien, nulle construction ne peut être faite au hasard, nulle ne peut être décidée par fantaisie mais elle doit résulter forcément de calculs prenant en compte non seulement les contraintes environnementales mais aussi les possibilités techniques comme par exemple l’approvisionnement en air respirable et les capacités de production locale et de recyclage qui peu à peu augmentent.

Sa circonférence est distante de 12 km de l’astroport, plateforme des lancements et des atterrissages, lui-même d’un diamètre d’environ 2 km. C’est sur cette plateforme qu’arrivent les fusées terrestres ou les véhicules planétaires volants (fusées, hoppers, peut-être même dirigeables à la « belle » saison, c’est-à-dire celle où la pression atmosphérique est la plus élevée) et à partir duquel ils repartent. NB : 12 km n’est pas choisi au hasard. C’est la distance à partir de laquelle les spectateurs peuvent assister sans risque à un lancement à partir du site de Cap Kennedy. Sur Mars le bruit et l’onde de choc seront moins sensibles que sur Terre puisque l’atmosphère est beaucoup plus ténue. Cette distance est donc recommandée davantage pour éviter les conséquences de projections en cas d’accident ou d’un EDL difficile à l’issue duquel le vaisseau s’écarterait un peu de sa cible. C’est aussi le maximum que l’on pourrait raisonnablement parcourir à pied.

Avec le temps, on développera un anneau d’« implantations » (pour ne pas utiliser le terme « village », inadapté car trop « champêtre ») autour de l’astroport. Je pense à six, de telle sorte que chaque implantation soit située à environ 12 km de sa voisine et aussi à 12 km de l’astroport (comme la première) qui sera le centre de la Colonie comme jadis l’église édifiée « au milieu du village ». Le choix est pour moi évident puisque c’est là que le « cordon ombilical » avec la Terre se raccordera à la Colonie. Et ce cordon pendant toute la période de gestation, jusqu’à l’acquisition de l’autonomie fonctionnelle de la Colonie, sera absolument vital. Il faudra même, éventuellement, pouvoir y aller à pied ! Bien sûr c’est en lisière de ce cercle que seront situé les réservoirs d’ergols, oxygène, hydrogène et méthane, (cuves souterraines) et leurs unités de production, bien protégés par une levée de régolithe puis par les stocks de minéraux utilisés comme matières premières, et bien entendu le plus loin possible de la plateforme de lancement.

Entre chaque implantation il y aura une liaison par tunnel (arc de cercle) et entre chaque implantation et la plateforme de lancement, une liaison par un autre tunnel (rayon de cercle). Ces tunnels seront souterrains, creusés dans le sol par tunneliers et ils seront pressurisés avec de l’air respirable (pas de CO2 car il faut éventuellement pouvoir le parcourir sans scaphandre). Ils auront une largeur permettant à deux véhicules de se croiser. Ils formeront d’une part un anneau continu touchant chaque implantation au point de sa circonférence le plus proche du centre et d’autre part un rayon, partant du même point tangent (la « gare »). Ils seront utilisés par des véhicules électriques automatiques* qui feront la navette d’une implantation à l’autre avec un arrêt ou non à chacune ou bien à l’astroport. En cas de besoin (il faut prévoir la panne « impensable »), un homme pourra le parcourir à pied (quatre heures de marche n’étant pas un défi insurmontable, surtout dans un environnement de gravité 0,38g). En cas de dépressurisation deux portes étanches s’abaisseront pour isoler le segment concerné.

*On peut aussi imaginer que les véhicules soient des hyperloops dans des tunnels non pressurisés, le quasi-vide martien à l’avant du véhicule n’offrant pratiquement aucune résistance et la sustentation aussi bien que la propulsion électromagnétiques étant envisageables, comme sur Terre. C’est sans doute pour cela qu’Elon Musk en a lancé l’idée.

En lisière de l’astroport, un autre anneau souterrain (de 6,28 km puisque faisant le tour d’un disque de 2 km de diamètre) permettra de desservir ses différents éléments et les équipements de production et de stockage d’ergols (oxygène et méthane) et aussi d’hydrogène et d’azote. Ces installations seront redondantes, par sécurité, complètes pour chaque rayon et protégées de l’aire de lancements par les levées de terre susmentionnées (provenant de l’extraction de régolithe et de roches effectuée par les tunneliers), pour contenir les éventuelles projections en cas de catastrophe lors d’un départ ou d’un atterrissage.

L’énergie sera principalement sourcée dans l’espace par des fermes solaires, développées sur la base des recherches Solaris, de telle sorte que l’accès à la ressource au sol soit quasiment continu. Toujours pour des raisons de redondance (sécurité), on peut imaginer plusieurs fermes (au moins deux) avec chacune sa centrale réceptrice. Accessoirement et toujours pour redondance, l’énergie sera aussi obtenue par des réacteurs à fission nucléaire de type PNP (Portable Nuclear Powergenerator). On peut imaginer qu’un stockage de l’énergie soit pratiqué comme le laisse espérer le concept de la société suisse Energy Vault (voir note ci-dessous) utilisant la gravité et la cinétique. A la place des blocs de béton, on pourrait imaginer, pour que la matière ait une autre utilité, des masses de glace d’eau (dans des sacs bien sûr, pour éviter la sublimation).

Les productions alimentaires seront faites dans les implantations et tout autour d’elles car incorporées aux habitats elles contribueront à les humaniser (et seront toujours immédiatement disponibles de même que des réserves d’eau potable). Les unités de recyclages de type MELiSSA (Micro Ecological Life Support System Alternative) collecteront les matières organiques partout où cela sera nécessaire et possible, et le traitement, notamment la réoxygénation par bacs de spirulines, se fera dans chaque implantation et en plusieurs exemplaires pour limiter les risques de dérèglement des microbiotes en action. Mais les industries, production de fer et d’acier, métallurgie (fonderie), production de verre, production chimique notamment pour les plastiques, pourront être pratiquées un peu à l’écart, le long des rayons. Dans ces ateliers ou usines, seuls les volumes utilisés pour les contrôles de production seront viabilisés, les interventions mécaniques étant effectuées par des robots humanoïdes commandés à distance (et bien sûr doté d’un minimum d’IA!). Le petit artisanat (meubles, objets usuels, petit outillage, vêtements) sera localisé dans chacune des implantations et recourront très largement à l’impression 3D (ce qui implique le stockage de poudre imprimable, obtenue à partir de minéraux, martiens bien entendu). Les vêtements proviendront de fibres végétales récupérées et traitées dans les unités MELiSSA. Le data center sera, lui, dans le sous-sol du dôme central de chaque implantation. Ce sera une source de chauffage (et donc d’économie d’énergie), bienvenu dans cet environnement très froid.

A l’intérieur de chaque implantation, on retrouvera le même urbanisme circulaire. Les habitats seront largement enterrés pour être protégés des radiations* mais il y aura au moins au centre, un vaste dôme (juste mentionné, une vingtaine de mètres de diamètre) largement vitré qui sera ancré au sol par un socle de duricrete (béton créé par adjonction d’eau au régolithe). Ce dôme permettra aux habitants de jouir de la lumière du Soleil tout comme dans les jardins potagers qui entoureront les habitats dans des tranchées circulaires ouvertes (mais couvertes par dalles de verre laminé) qui constitueront le contact de l’une avec l’autre. On pourra suivre pour ce dôme une construction géodésique avec des panneaux de verre laminé, tenus par des poutres, poutrelles, longerons en acier. Pour atténuer le différentiel de pression intérieur / extérieur (et construire plus grand) on peut imaginer recouvrir le dôme d’une enveloppe en mylar (transparent) contenant une atmosphère de CO2 sous pression (de toute façon la pression interne du dôme et des habitats sera moitié moindre que sur Terre avec une proportion double d’oxygène). Cette pression sera autant que pourra supporter le mylar (et cela dépendra de son épaisseur) mais même 3000 pascals donneraient une amélioration importante par rapport au 750 pascals médians en surface locale et elle permettrait aussi par la densité du gaz, un certain freinage des radiations. Comme les dômes ne pourront faire plus de 20 ou maximum 30 mètres (au-delà, le socle de duricrete devrait dépasser les 3 mètres d’épaisseur**), la production de mylar (BoPET pour Biaxially-oriented Polyethylene Terephtalate, (C10H8O4)n), nécessaire ne devrait pas être insurmontable (on trouvera le carbone, l’hydrogène et l’oxygène sur Mars). Afin de « tenir » au vent et pour faciliter l’entretien (les micrométéorites seront toujours possibles) il faudra compartimenter cette enveloppe. On pourrait même la compléter par une autre enveloppe au-dessus d’elle, contenant de l’hydrogène pur. Une vingtaine de cm de ce gaz (obtenu par électrolyse de la glace d’eau) donnerait à l’intérieur du dôme une excellente protection contre les radiations solaires.

Regardant vers l’extérieur de chaque implantation, à l’opposé de la gare, un sas sera équipé pour les expéditions proches ou lointaines, avec rovers non pressurisés ou pressurisés selon la distance à parcourir. Et bien sûr il y aura à côté du sas, garage, atelier de réparation et générateur d’énergie (station électrique ou réservoirs de méthane et d’oxygène).

Les antennes seront, elles aussi, redondantes et situées aux quatre points cardinaux de la Colonie. Elles seront aussi vitales que l’astroport et peut-être même plus vitales puisqu’il ne sera pas question de repartir vers la Terre en dehors des fenêtres de tir qui ne s’ouvriront, pour un mois, que tous les 18 mois. Les ondes seront de ce fait les moyens de communication au jour le jour, en dépit du décalage de temps incompressible de 3 à 22 minutes dans un seul sens (en conséquence de la finitude de la vitesse de la lumière). Elles ne devront pas être trop loin des implantations pour pouvoir être entretenues facilement. Mais elles devront quand même être un peu à l’extérieur de la Colonie pour couvrir un espace aussi étendu que possible…dans le voisinage de la Colonie car faute de couche d’ozone, la transmission en surface de la planète sera mauvaise. Le dispositif sera donc complété par un réseau de 4 satellites en orbite géostationnaire autour de la planète (en relation avec les implantations au sol et avec la Terre), le plus important étant bien sûr celui qui sera situé juste au-dessus de la Colonie. Il sera même lui aussi redondant car il ne sera pas question de « perdre la liaison » et les débits seront vites énormes.

Ces débits seront d’autant plus importants que « tout » sera digitalisé, notamment les données venant des grands observatoires alentour permettant d’observer l’espace dans toutes les longueurs d’ondes du spectre électromagnétique puisqu’il y aura si peu d’atmosphère susceptible de faire écran, et que les télescopes pourront être d’autant plus grands que la gravité sera faible. On captera aussi les neutrinos provenant de l’autre côté de la planète ou les ondes gravitationnelles grâce à une installation telle que notre LIGO terrestre. Ce réseau d’observatoires astrophysiques multimessager sera le complément naturel de l’AMON terrestre et permettra toute sorte de recoupements et de déductions. Je ne veux pas dire par là que la Colonie ne sera qu’une base scientifique car « il faudra de tout pour faire un monde » mais elle sera très largement scientifique car idéalement située par rapport au reste du « monde civilisé » pour devenir ce petit Paradis « terrestre ».

*Je rappelle mon concept d’habitat constitué par une tranchée circulaire délimitant un disque d’une vingtaine de mètres, évidé par un tunnelier, sous un « toit » de deux mètres d’épaisseur, la tranchée de quelques six mètres de largeur étant utilisée pour des cultures (protégées par un plafond de dalles de verre). Ces tranchées seront complétées par des biopods se déployant comme les pétales autour d’un pistil. Voir illustration de titre.

**calcul de Richard Heidmann, polytechnicien (Paris) et fondateur de l’Association Planète Mars.

Les raisons de ce plan urbanistique comportant plusieurs implantations complètes et similaires, séparées les unes des autres par une certaine distance, sont à la fois, sanitaires et sécuritaires.

Sanitaires parce qu’une prolifération, bactérienne ou virale, peut se manifester dans une des implantations ou une autre. Cette prolifération peut aussi bien concerner l’homme que les animaux, les végétaux ou les algues spirulines (génératrices d’oxygène et fournissant un apport de protéines). Si un dérèglement intervient il sera immédiatement décelé par de très nombreux capteurs car il est important qu’il ne soit pas transmis aux autres implantations et le dérèglement devra être traité au sein de l’implantation. C’est pour cela que chacune doit être aussi autonome que possible que les autres et pas trop proches pour que les contacts ne soient pas indispensables.

Les raisons sécuritaires, ce peut être une défaillance mécanique ou énergétique ayant des conséquences dans le bon fonctionnement du support vie. Ce peut être aussi un micro astéroïde qui cause une fêlure dans un dôme et le fasse exploser. Dans ce cas et généralement si une implantation devient inutilisable, il faut que les autres puissent immédiatement prendre en charge ses habitants (pas de « camping » en plein air possible sur Mars) sans qu’aucune ne souffre trop de la surcharge. Une population de 1000 habitants peut être répartie sans trop de difficultés en cinq groupes, chacun allant vivre dans une des cinq autres implantations.

Pour les mêmes raisons de sécurité, en temps normal les implantations se gouverneront de façon autonome, en coopérant bien entendu. A certaines occasions certains de leurs membres pourront se retrouver et ce sera presque comme un voyage. Mais attention ! Il n’y aura pas de « congrès » de médecins réunissant tous les praticiens de la Colonie (dix* généralistes ou spécialistes par implantation, par redondance et parce que l’homme sera l’« équipement » le plus précieux sur Mars). Imaginez qu’il survienne un accident dans le lieu où ils se trouvent réunis tous ensemble ou bien qu’ils se contaminent avec un virus particulièrement nocif ! Sur Mars comme sur Terre la visio-conférence sera reine.

*Il y a actuellement 4,6 médecins pour mille habitants en Suisse (moyenne 4 pour l’OCDE, Autriche 5,4, Allemagne et Italie 4,5, France 3,2).

En dehors des êtres humains, il faut penser aux robots. Ils seront de tout ordre et pour assurer toute sorte de fonctions puisque le voyage depuis la Terre sera long et difficile et le maintien en vie également complexe et délicat d’autant que l’exposition aux radiations de nos corps fragiles et précieux devra être limitée au maximum. Il y aura donc beaucoup de robots et beaucoup seront humanoïdes pour effectuer un maximum des taches à exécuter à l’extérieur sur un sol non préparé et plus adapté aux déplacements à pied que sur roues. Il faudra les entretenir dans des locaux pressurisés et viabilisés, par facilité pour les humains chargés de leur entretien et par la nécessité de les adapter constamment aux travaux que nous leur confierons. Mais on pourra les stocker, un peu partout puisque les besoins seront multiples, dans des endroits beaucoup moins « confortables » que ceux où vivront les humains.

Liens :

https://www.lesechos.fr/thema/energie-stockage/energy-vault-stocke-lenergie-dans-une-grue-en-beton-1026304

Illustration de titre : Comme je ne suis pas doué en dessin, je ne peux vous présenter le dessin de « ma » Colonie. Je peux cependant vous donner une « piste », l’image de l’habitat « de base » telle que je l’avais fait réaliser en 2006, par l’illustrateur Philippe Bouchet, alias Manchu, pour l’Association Planète Mars.

Pour (re)trouver dans ce blog un autre article sur un sujet qui vous intéresse, cliquez sur :

Index L’appel de Mars 23 10 04

Cet index reprend l’intégralité des articles publiés dans le cadre de la plateforme letemps.ch

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24 réponses

  1. Intéressante vision d’un possible « avenir urbanistique » sur Mars. Même si l’histoire de la conquête spatiale nous a montré que les choses se déroulent rarement comme cela avait été prévu (en particulier pour ce qui est du calendrier de réalisation!), la description présentée paraît à mes yeux rationnelle et convaincante, à l’exception peut-être de la source d’énergie. Personnellement, je parierais beaucoup plus sur l’utilisation de générateurs nucléaires, une source d’énergie plus simple à mettre en place, mieux contrôlable et soumise à moins d’aléas (pensons par exemple aux tempêtes de sable) que des fermes solaires en orbite.

  2. En 2073 tout cela est concevable. Je vois avec le plus grand plaisir qu’après des considérations sur l’univers vous revenez au sujet brûlant: les mondes proches qui sont un avenir réaliste tels que la lune et Mars voire peut-être plus tard des astéroïdes riches en minerais vitaux. Je trouve qu’il faut pousser la prudence encore plus loin. Bien avant 2073 on peut espérer qu’il aura une petite colonie destinée à discerner les dangers imprévus ou d’intensité mal mesurée préalablement, à tester et parfaire nos connaissances du milieu martien . Mais pour ces premiers pas, prudence absolue, ne laisser aucune chance à des malheurs, à des ennuis: tempête de sable plus violente ou s’insinuant dans le moindre défaut des machines ou du dome en situation de test.. ou autre chose d’inattendu. C’est pourquoi, dans un premier temps, je suis pour une sorte de sous-marin atomique caché dans une caverne ou dans un trou creusé, constitué d’éléments amenés par morceaux. Tout cela étant bien protégé d’éventuels sursauts de radiations et à une certaine profondeur. Monsieur Haldi a raison sur ce point: il faut des générateurs nucléaires. Les panneaux solaires à l’extérieur ne seront qu’un apport et une précaution, une diversification. On a beau nous dire qu’on connait mieux Mars que le fond de nos océans, je ne suis pas convaincu et il faut mettre toutes les chances de notre coté surtout au début, expérimenter avec un grand sentiment de sécurité malgré l’inconfort. Pour la médecine il existe des logiciels de diagnostic tels que watson d’IBM qui ont fait leurs preuves mais peu utilisés car chers et capables de concurrencer les humains
    https://theconversation.com/etude-de-cas-le-pari-dibm-watson-dans-la-sante-94385

  3. Pierre, pas sûr d’avoir tout suivi depuis le début, mais quid du traitement de TOUS les déchets produits par l’homme? Incinération?

      1. Vous savez Serge, BARD ne sait pas tout. Il ne sait que ce qu’on lui a mis dans la tête et il faut savoir qui les lui a mis dans la tête.
        L’intelligence artificielle c’est bien mais il faut s’en servir avec un esprit informé et critique.

        1. Absolument, cela n’empêche pas d’être curieux et de voir l’évolution de l’IA.
          Au début, on pourrait demander si l’œuf de la vache était plus gros que celui de la poule et il répondrait, bien sûr, l’animal est plus gros. Cette époque est révolue depuis longtemps et les réponses seront de plus en plus pertinentes : je suis curieux de voir ces changements.

    1. Surtout pas l’incinération! Bruler dissocie les atomes composant les molécules organiques et puisque très probablement il n’y a jamais eu de vie sur Mars, il y a peu de molécules organiques sur Mars et elles sont peu diversifiées.
      Le recyclage c’est l’évolution des molécules organiques existantes, leur accompagnement vers la recombinaison utile, en évitant la destruction.
      Lisez les articles MELiSSA dans ce blog.

  4. Une petite réflexion supplémentaire à propos de: « Ils (note: « les tunnels ») auront une largeur permettant à deux véhicules de se croiser ». Cela ne me semble pas nécessaire. Il sera plus simple et plus économique étant donné la configuration en « roue à rayon » de l’implantation d’avoir une circulation des « trains » dans un seul sens (par exemple, sens des aiguilles d’une montre) dans les tubes en circonférence, avec une circulation supplémentaire (navette) vers le « moyeu » (astroport) selon les rayons. Cela permet d’avoir à creuser/installer seulement de simples tubes circulaires, d’un diamètre raisonnable. Et dans tous les cas la distance à parcourir pour aller d’un emplacement à un autre sera au plus de 2 x 12 km environ en transitant par le « moyeu » (12 km seulement si on se rend à l’emplacement le plus voisin par le tube périphérique). Quand je travaillais pour le « Swissmetro », l’importance de chercher à minimiser les travaux de « tunnelage » nécessaire avait souvent été mise en avant pour des considérations économiques; pas de raison qu’il en aille différemment sur Mars.

    1. Excellente idée! Cela fait effectivement beaucoup moins de travaux de terrassement et d’étayage. Cela fait aussi un volume moindre de gaz respirable à produire et à recycler. Et cela fait moins de matériel de transport à produire, monter, entretenir. En fait c’est un excellent exemple de ce qu’il faudra faire sur Mars: sans cesse rechercher la solution la plus économique, la plus rationnelle, la moins consommatrice d’énergie et de matière.

      1. A noter en matière d’économies qu’on pourrait même se passer de la liaison en ceinture périphérique (on aurait alors un réseau en « étoile », plutôt qu’en « roue à rayons »). Il peut néanmoins être intéressant de garder cette ceinture périphérique (avec circulation dans un seul sens ou éventuellement en sens alternés) pour des raisons de redondance de liaison et de trajet raccourci vers la station la plus voisine. On pourrait même envisager de lui conférer un intérêt « touristique », en prévoyant des ouvertures latérales (afin de garder une protection contre les rayonnements vers le haut) en des lieux où le paysage est particulièrement spectaculaire (pour les Suisses: soit une sorte de « MOB-GoldenPass Panoramic » 🙂 !).

  5. Désolé mais c’est complètement stupide alors que l’on sait que
    1) la survie est évaluée à quatre ans à cause des radiations.
    2) obligation de vivre en confinement permanent !
    3) quant a construire des cités avec quoi ? Acheminer les matériaux avec quoi et en combien de temps à quels prix ?

    1. Vous êtes parfaitement désagréable Monsieur Latini. Sur ce blog les intervenants entretiennent des relations courtoises même si leurs opinions sont différentes. J’ai hésité pour cette raison à publier votre commentaire.
      Je l’ai finalement fait car j’ai pensé que c’était quand même utile puisque par votre véhémence, sans argument, vous apparaissez comme la carricature des personnes opposées par principe à l’installation de l’homme sur Mars.
      Sur le fond :
      J’ai tout à fait conscience des dangers des radiations mais dire que la survie de l’homme sur Mars serait limitée à quatre ans est (comme vous dites) »complètement stupide », ne serait-ce que parce que l’intensité des radiations solaires (non les galactiques) varient beaucoup avec le temps et bien sûr l’exposition au Soleil (pas de radiations solaires la nuit !). Par ailleurs, pour mitiger ces radiations, on pourra porter des protections (astrorad vous ne connaissez probablement pas) et protéger surtout les habitats (par de la glace d’eau ou du régolithe, comme dans mon concept). Et l’on n’est pas obligé d’être « dehors » plusieurs heures par jour (on ne l’est pas sur Terre, personnellement je le suis rarement plus de deux heures).
      L’intérêt principal d’être sur Mars, c’est de pouvoir commander en direct des flottes de robots (vous savez sans doute que c’est impossible depuis la Terre) à partir d’un habitat protégé et de faire lorsque nécessaire, des excursions à l’extérieur (dans des rovers pressurisés et protégés).
      Quant aux constructions sur Mars, évidemment qu’on ne va pas transporter des matériaux depuis la Terre! On utilisera des minéraux martiens (c’est ce qu’on appelle l’ISRU) et l’on trouvera de ce point de vue tout ce dont on aura besoin pour réaliser sur place les mêmes constructions et les mêmes équipements que sur Terre. Même si pendant longtemps certains équipements nécessitant une industrie très complexe, devront être importés depuis la Terre; certainement tout ce qui est massif, volumineux et peu sophistiqué pourra être très vite produit sur Mars.
      Mais je ne vais pas vous exposer pendant des pages ce que vous devriez savoir ou feignez d’ignorer. Lisez mon blog si cela vous intéresse et plutôt que de lancer des « impossibilités » en l’air essayez d’être précis et factuel, ce sera beaucoup plus difficile.

    2. De tous temps, des « négativistes » ont décrété impossibles certaines nouvelles avancées humaines, mais comme l’a si bien exprimé Mark Twain en se référant à des pionniers audacieux ayant réussi: « Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait » 🙂 !

    3. On trouvera les solutions techniques, en tout cas pour 2073 (le coût est une autre affaire).

      Plus pertinent est l’argument du confinement. C’est en effet une épreuve vite insupportable. Elle pose la question des contreparties susceptibles de le justifier, c.à.d. des missions de cette implantation. S’il s’agit d’observation astrophysique comme il est mentionné, n’y a-t-il aucun moyen plus simple ? Le contrôle en boucle serrée de robots martiens, également cité, sera-t-il encore utile à l’ère de l’IA ? Envisage-t-on d’autres emplois et lesquels ? Est-ce par exemple un moyen réaliste d’assurer la survie d’une humanité qui, dans son immense majorité, n’aspire pas à vivre cloîtré et encore moins à l’imposer à sa descendance ? Quelques soient ces missions, la justification d’une base permanente croit avec l’espacement des fenêtres de tir. Mais sera-t-il toujours de 18 mois à l’ère de la propulsion nucléaire? Etc.

      En un mot, pour juger d’une cité martienne, y compris sur le plan technique, il faudrait d’abord savoir ce qu’en attendent ses 1000 habitants. Une implantation qui ne sert principalement qu’à assurer son propre fonctionnement et la survie de ses occupants ne présente guère d’utilité.

      1. Pour moi, la possibilité de créer une colonie humaine hors de la Terre, représente un intérêt incommensurable et impératif.
        .
        Pour jouer ce rôle, qui ne pourrait l’être que sur Mars, seul planète accessible disposant d’eau, d’une atmosphère, d’une journée de près de 24 heures, d’une gravité acceptable et de ressources minérales proches des nôtres, nous avons besoin de quelques milliers de personnes (les 6000 que j’évoque dans cet article). Et nous avons besoin que la collectivité de ces personnes devienne autonome aussi rapidement que possible (ce qui sera dans leur intérêt pour des raisons de sécurité puisque les voyages ne pourront intervenir que lors de fenêtres courtes et très espacées dans le temps). Ce pourrait être vu comme une « capsule civilisationnelle ».
        .
        En dépit de la dureté de l’environnement, la vie sur Mars me semble préférable à la vie en beaucoup d’autres endroits de la Terre. Et l’environnement humain (riche en ingénieurs, scientifiques), bien contrôlé sanitairement et impérativement sécurisé socialement, me semble très séduisant.

  6. Quand même prudence! Et ce d’autant plus que la moindre catastrophe risquerait de retarder les envies d’exploration sur Mars. Les radiations solaires sont sujettes à des sursauts complètement inattendus et intenses. On s’attend à une tempête solaire capable de perturber les télécommunications. Et les taches solaires peuvent surprendre. D’un autre côté des phénomènes ultrapuissants se produisent dans l’univers lointain. Quelque chose de mal connu pourrait envoyer des radiations intenses. Dans ces cas, le fait de créer des établissements biens séparés les uns des autres ne sauverait pas. Je crois plus à la sécurité apportée par une épaisseur de roche que seuls les neutrinos peuvent traverser. Du moins dans les premières années, afin de se rassurer et de s’organiser, d’apprendre avec un sentiment de sécurité. Pour ce qui est des dangers microbiens, la peste dans les temps anciens se propageait malgré les rares contacts entre l’Extrême Orient et l’Europe. Là, je crois plus à un traitement par la médecine de type moderne. Désolé d’être aussi pessimiste mais il s’agit d’un inconnu bien plus menaçant que l’Amérique de Christophe Colomb. On s’étonne qu’on commence par l’exploration de la lune mais il s’agit peut-être du désir de procéder par étapes, progressivement. L’astrorad n’y sera testé qu’en 2024

  7. Magnifique votre illustration de cette installation Martienne : on a envie d y aller ! Mais ce n est pas pour l immediat : au debut nous aurons juste de toutes petites structures adaptees au court sejour d un petit nombre d astronautes et cela dans quelques annees disons dix ans.

  8. il y a un probleme : 3 etoiles reperees en 1952 ont disparu et il y a quelques mois les astonomes se sont rendu compte qu en comparant avec d anciennes plaques photographiques plusieurs centaines d etoiles avaient disparu !!! Le « peintre » a t il modifie sa toile ?

    1. Cette compétition est déjà bien amorcée. Et au train où vont les choses, avec des programmes « américains » (pourquoi les habitants des Etats.Unis n’ont-ils pas un nom qui leur soit propre?!) qui « cafouillent » passablement, et les incertitudes liées aux fréquents changements d’administrations et de leurs priorités (les Républicains cherchant par principe à défaire, y compris dans le spatial, ce que les Démocrates auraient pu décider et réussir à faire, et vice-versa), je ne serais pas étonné que les prochains humains à fouler le sol lunaire viennent de l’Empire du Milieu, … et on ne parle même pas de Mars!

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À propos de ce blog

Pierre Brisson, président de la Mars Society Switzerland, membre du comité directeur de l’Association Planète Mars (France), économiste de formation (University of Virginia), ancien banquier d’entreprises de profession, planétologue depuis toujours

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