EXPLORATION SPATIALE - LE BLOG DE PIERRE BRISSON

Mon neveu Etienne, jeune adulte bien diplômé et travaillant dans un cadre qui lui donne toutes satisfactions, m’a envoyé au cours d’un échange personnel, le paragraphe que je cite ci-dessous. Je lui réponds ici publiquement car il formule bien ce que beaucoup (jeunes et moins jeunes) pensent à propos de l’installation de l’homme sur Mars et je crois avoir des arguments valables à leur opposer.

« …au-delà de la recherche scientifique et la satisfaction de la curiosité humaine, j’ai du mal à accepter l’exploration spatiale, et encore plus le « tourisme » des ultra riches. Comme beaucoup d’autres, je trouve ça complètement immoral de dépenser des milliards de dollars et émettre tant de CO2 dans l’atmosphère pour un tel caprice. Pour ce qui est de la terraformation de Mars, je suis de l’avis que même si elle était possible, il vaudrait mieux se concentrer sur les problèmes de notre planète. On a du pain sur la planche… »

La préoccupation première d’Etienne est visiblement « les problèmes de notre planète ».

Je pense qu’il a tort de considérer que l’exploration-spatiale ne fait pas partie des solutions à ces problèmes, comme je l’ai d’ailleurs exposé maintes fois dans ce blog. Cette « activité » (l’exploration) est d’abord un stimulus à la recherche-en-ingénierie puisque de nombreuses technologies doivent être sollicitées et améliorées qui pourront avoir un intérêt pour la vie sur Terre, surtout si on envisage que l’exploration soit effectuée avec une participation humaine sur place. Par ailleurs les missions habitées sont un facteur puissant d’amélioration de l’efficacité de la recherche-scientifique.

La mise au point de lanceurs réutilisables va aider à améliorer l’efficacité des transports terrestres, par exemple en permettant d’effectuer des vols « planétaires » des Etats-Unis en Australie en une ou deux heures, avec des fusées de type Starship, comme en a l’intention Elon Musk. Le Starship est prévu pour être propulsé avec du méthane brûlant dans de l’oxygène, ce qui effectivement produit du CO2 mais ces ergols sont conçus pour les missions martiennes afin de pouvoir utiliser le CO2 de l’atmosphère martienne pour les obtenir (réaction de Sabatier). Rien n’interdira pour les vols purement terrestres de brûler de l’hydrogène dans de l’oxygène, moyennant quelques aménagements apportés au Starship, ce qui donnerait de l’eau comme produit de combustion.

Les vols habités lointains vont nous obliger à considérablement développer les technologies de recyclage ou de culture agricole car il s’agit de partir dans l’espace avec le minimum de masse dans un minimum de volume et avec les technologies les plus fiables possibles puisqu’on sera par la force des choses livrés à nous-mêmes pendant une période de temps incompressible et longue. En effet en partant dans l’espace pour des destinations lointaines, comme Mars, où l’environnement ne sera pas viable, il s’agira de recycler aussi parfaitement que possible l’oxygène, l’eau, et nos déchets métaboliques pour faire pousser des aliments dont les déchets seront aussi recyclés dans une boucle aussi fermée que possible (le recyclage devra d’ailleurs être étendu, au-delà des déchets organiques, à tout ce qu’il sera possible de recycler). C’est toute la problématique que traite le Consortium MELiSSA (Micro Ecological Life Support System Alternative) développé par l’ESA (ESTEC). Pour l’efficacité de la production alimentaire, la Start-up Interstellar Lab (Barbara Belvisi et son équipe) développe un projet de culture sous serre avec une productivité extraordinairement élevée et un impact sur l’environnement extrêmement faible (volume clos, intrants totalement contrôlés, recyclage intégral).

Les vols habités vont aussi nous pousser à développer les technologies de protection contre les radiations puisque les voyageurs y seront particulièrement exposés et qu’il faudra absolument en atténuer les effets. C’est dans ce but que la société israélienne Stemrad à mis au point ses gilets de protection astrorad (protégeant notamment les organes producteurs de cellules souches) et bien sûr ces produits vont évoluer et s’améliorer.

Par ailleurs, si l’exploration spatiale peut se faire par vols robotiques, ce ne peut-être qu’à défaut de mieux c’est-à-dire de présence humaine à côté des robots pour qu’ils soient plus efficaces (capacité de réaction, d’adaptation, d’ajustement, à une situation nouvelle). Cette présence humaine est possible pour l’instant sur la Lune et sur Mars mais elle serait surtout indispensable sur Mars puisque la finitude de la vitesse de la lumière fait qu’on ne peut y commander en direct un robot et qu’on est obligé de procéder par courtes séquences avec des intervalles de plusieurs minutes voire dizaines de minutes entre ordre donné et résultat reçu.

La seconde préoccupation d’Etienne est le respect d’une certaine décence.

Comme beaucoup de jeunes, Etienne n’aime pas les « ultra-riches », surtout lorsqu’ils dépensent leur argent pour leur loisir. Mais pourquoi ne dépenseraient-ils pas une partie de ce qu’ils ont gagné pour satisfaire leurs besoins personnels ?! Lui-même, mon cher neveu, fait de même. Bien sûr les ultra-riches disposent de plus de moyens que lui mais le raisonnement est identique. En le faisant, ces riches alimentent l’économie donc la création de richesses pour tous (dans les domaines mentionnés plus haut) puisqu’ils achètent à des fournisseurs, et ils augmentent aussi la base imposable sur laquelle les états vont venir puiser pour effectuer leurs propres dépenses d’intérêt général.

Je ne suis pas d’accord pour dire que l’action des états est plus « noble » et plus « utile » que celle des personnes privées. C’est plutôt le contraire. Les dépenses « publiques » sont assez souvent effectuées pour satisfaire l’égo du décideur politique et/ou pour répondre à un principe idéologique et/ou par pure démagogie. Souvent leur efficacité pour la population est moins bonne que la dépense privée car cette dernière est faite avec plus d’attention (la personne privée perd réellement de l’argent si la dépense ou l’investissement n’est pas adéquat, la personne publique va juste augmenter ou perpétuer les impôts).

Si une personne est riche, à part le cas où elle a hérité de sa fortune, c’est qu’elle a effectué un travail (production ou service) que ses contemporains, clients et acheteurs, ont apprécié puisqu’ils l’ont acheté. Cette adhésion de fait est aussi « juste » qu’un vote, ou plutôt c’est une sorte de vote et il est effectuée en toute liberté (celle de la décision d’achat).

Enfin les touristes serviront à rentabiliser les installations créées sur Mars ce qui permettra d’éviter que l’Etat donc les contribuables, ait à payer quoi que ce soit pour cet objet. Pour être plus précis, il faut d’ailleurs comprendre « touriste » dans un sens large, plutôt comme « hôte-payant » et ces gens-là ne seront pas forcément des parasites. Ceux qui passeront 18 mois sur Mars, autrement dit qui, avec le voyage aller-retour, passeront 30 mois de leur vie en dehors de la Terre, voudront peut-être (euphémisme pour « très probablement ») en faire quelque chose, une œuvre d’art, tester une innovation, mettre au point un logiciel, etc…Il ne faut pas désespérer de l’humanité et surtout des gens qui ont « réussi » dans leur vie. Bien peu se satisfont du farniente, surtout quand il coûte très cher.

La troisième préoccupation d’Etienne c’est la pollution par le CO2.

On retrouve là l’expression d’une inquiétude générale mais comme beaucoup de contemporains, Etienne ne connaît pas l’importance relative des émissions de CO2 générées aujourd’hui par l’activité spatiale, ou qui le seront « demain ». Il faudrait en effet un nombre énorme de lancements de fusées pour approcher un tant soit peu de la pollution générée par les automobiles thermiques (je ne parle pas des véhicules électriques mais l’extraction du lithium à grande échelle est tout aussi polluante). En 2018 la production anthropique de CO2 a été évaluée à 37,1 Gt (1 Gt = 1 milliard de tonnes), la production de CO2 par un starship interplanétaire brûlant du méthane dans de l’oxygène pourrait être de 715 tonnes (200 tonnes « seulement » pour un starship planétaire, qui n’a pas besoin d’avoir la même puissance pour s’extraire du puits gravitaire terrestre et partir au loin). A raison d’une dizaine de tirs par fenêtre de vols pour aller sur Mars, la pollution occasionnée par l’utilisation du Starship serait de moins de 1 cent millième (0,001%) de la totalité actuelle du CO2 d’origine anthropique (et non pas sur une seule année mais sur plus de deux ans puisque ces vols ne pourront avoir lieu que tous les 26 mois !).

Par ailleurs comme je l’indiquais plus haut, rien ne fait obstacle à ce qu’on propulse nos lanceurs avec de l’hydrogène brûlant dans de l’oxygène. L’Isp (l’efficacité) de ce mélange est excellente. Il suffirait de construire des réservoirs plus gros (la densité de l’hydrogène est la moins élevée des gaz) donc un peu plus lourd et de ne stocker l’hydrogène que peu de temps (pour limiter les fuites car la molécule de ce gaz est la plus petite de tous les autres éléments chimiques).

La quatrième objection d’Etienne c’est qu’on ferait mieux de s’occuper de la planète.

Deux réponses à cela :

Comme je le dis souvent, beaucoup de monde s’occupe déjà de la planète et on ne peut pas tous le faire en même temps (sauf bons comportements civiques, tels que ne pas jeter ses plastiques partout dans la nature ou bien utiliser les bacs de recyclage pour ses déchets). Il faudrait que « tout le monde » soit qualifié pour le faire et qu’il y ait suffisamment d’objets pouvant recevoir de façon réactive les dépenses qu’on y affecterait. N’importe qui ne peut pas s’improviser technicien du retraitement de tel ou tel produit ou producteur d’énergie « décarbonée ». Cette attitude me fait penser à la production d’acier par la Chine pendant le grand-bond-en-avant. Les autorités avaient fixé des objectifs extrêmement élevés. Tout le monde se mit à faire de l’acier même dans les campagnes les plus reculées. Résultat beaucoup fut effectivement produit, les objectifs du plan furent atteints mais une forte proportion du métal était soit de trop mauvaise qualité soit inutilisable tout simplement parce qu’on ne savait qu’en faire. Ceux qui avaient fait cet acier auraient mieux fait, dans l’intérêt de tous, d’avoir une autre activité.

Par ailleurs mieux s’occuper de la planète c’est peut-être aussi chercher une solution de repli pour l’humanité en cas d’échec dans la correction de direction de notre navire planétaire. L’installation de l’homme sur Mars serait un moyen pour l’espèce humaine et la civilisation qu’elle porte, de survivre au cas où la Terre deviendrait invivable ou au cas où nous retournerions dans une sauvagerie digne du Moyen Age. De nos jours, l’un ou l’autre ne sont nullement exclus.

Alors mon cher Etienne, certes nous avons « du pain sur la planche » mais dans ce contexte, l’exploration spatiale n’est pas à rejeter par principe. Tout le monde peut en profiter.

Illustration de titre :

Illustration de la page internet de Stemrad pour son astrorad. Cette veste qui peut protéger un astronaute dans l’espace peut également protéger une personne sur Terre dans n’importe quelle situation qui la mettrait en danger d’être sévèrement irradiée.

Lien :

Stemrad : https://stemrad.com/astrorad-4/

Pour (re)trouver dans ce blog un autre article sur un sujet qui vous intéresse, cliquez sur:

Index L’appel de Mars 22 06 10

39 Responses

  1. Bonjour Monsieur,

    Juste une remarque au hasard de votre argumentaire très développé.

    « Les dépenses « publiques » sont assez souvent effectuées pour satisfaire l’égo du décideur politique et/ou pour répondre à un principe idéologique et/ou par pure démagogie.  »

    C’est parfois vrai, mais oublier que le privé, ( tout spécialement celui des nouvelles technologies ) n’agit pas que dans l’intérêt collectif en mettant de côté egos, nacissismes et avidités , relèverait d’un certain aveuglement idéologique.

    Sachant aussi que l’on peut s’enrichir car l’on a eu de la chance. Je connais des investisseurs et créateurs américains , modestes d’esprit, qui reconnaissent qu’ils ne comprennent toujours pas en quoi leurs « inventions » valent le prix que le marché leur confère. ils ne prétendent pas avoir eté brillants ou opportuns, mais juste chanceux dans marché « emballé comme un mustang qui s’enfuit » , pour citer l’un de ces investisseurs.
    Qui bien entendu ne veut pas être nommé, pour ne pas  » se mettre à dos les évangélismes technologiques et financiers à la mode ». Je le cite à nouveau.

    Je souscris pleinement à cette idée de stimulus intellectuel et scientifique que constitue Mars, d’autant que la recherche est transversale et couvre bien des domaines.
    Mais je vous trouve fort condescendant en traitant votre petit-neveu de « bien-pensant ».
    Êtes-vous certain d’avoir le juste raisonnement ?

    Par ailleurs, est-il discourtois et malvenu de vous demander si vous avez des actions de la compagnie Stemrad ?

    Vous remerciant sincèrement pour ce blog où j’apprends toujours !

    1. Merci Sylvain de votre commentaire.
      1) Je vous rassure tout de suite, je n’ai pas d’actions de Stemrad…mais je le regrette.
      2) Je persiste sur le « bien-pensant ». C’est juste une constatation. Etienne est dans les normes et il pense « comme il faut ».
      3) Je vous l’accorde, les privés qui ont « réussi » on souvent également de gros égos. Mais au moins il ne prétendent pas ne penser qu’à l’intérêt général. Le Public c’est en quelque sorte comme le Privé avec l’hypocrisie en plus et l’efficacité en moins (et le très redoutable pouvoir de lever l’impôt, même en cas d’échec). Je préfère donc le Privé. Ceci n’exclut pas que « quelqu’un » s’occupe de l’intérêt général donc qu’il y ait un Etat qui exerce des fonctions régaliennes: maintien de l’ordre, justice. Mais je trouve que l’Etat moderne est envahissant et s’occupe de beaucoup de choses où il est tout à fait illégitime; le principe de son action devrait être la subsidiarité (ne faire que ce que le Privé ne peut pas faire).
      NB: si une personne privée « réussit » sans savoir pourquoi, tant pis (et tant mieux pour lui). Du moins il sert la collectivité puisqu’il a des clients.

      1. Merci pour votre réponse Monsieur.

        Je déduis de celle-ci, sans craindre de me tromper exagérément, que vous êtes certain d’avoir le juste raisonnement.

        Vous n’êtes pas sur Mars mais semblez déjà regarder certains de haut.

        Une anecdote : j’ai « réussi » aux USA dans les nouvelles technologies ,et j’affirme que je n’ai finalement pas servi la collectivité.
        Je m’en suis servie.
        Dois-je en être fier ? Permettez-moi d’humblement m’interroger.

        Quand au débat éculé public versus privé, vivre aux USA m’a appris à cultiver la prudence dans mes affirmations , loin des opinions péremptoires.

        Pour autant, je souhaite sincèrement le succès ,non pas nécessairement de la colonisation de Mars ( en avons-nous le droit du reste) , mais de l’ensemble des recherches scientifiques qui mèneraient à une réussite de ce projet. Les bénéfices collatéraux pour les terriens seront certainement passionnants et d’utililité. L’innovation a ses effets, directs et secondaires. Et il faut que certaines et certains se consacrent aux innovations.

        Puissent des femmes et des hommes de raison arbitrer les situations futures avec un jugement libéré de leurs egos.

        Vous remerciant pour cet espace d’exploration…

        1. Je trouve votre réserve sur la colonisation de Mars pour le moins curieuse (« en avons-nous le droit? »). Mais bien sûr que nous en avons le droit! Pourquoi ne l’aurions nous pas ce droit? Il n’y a pas d’êtres humains (ou équivalents) sur Mars; nous ne prendrons donc la place de personne si nous nous y installons.
          Pour le reste je ne suis pas du tout dans votre état d’esprit de repentance. Je ne vois d’ailleurs pas pourquoi vous regrettez de « ne pas avoir servi la collectivité mais de vous en être servi ». De toute façon la vie professionnelle (et sociale d’ailleurs) est un échange: on donne et on reçoit et on réussit si en face de soi on a un partenaire qui est satisfait de ce que vous lui offrez. La seule chose qu’il faille s’interdire de faire (on pourrait/devrait le regretter), c’est d’être malhonnête en « trompant sur la marchandise » (ou, bien sûr, en vendant de la drogue ou commettant d’autres crimes).
          Enfin, c’est un détail mais je profite de cette conversation pour le dire: je n’aime pas les nouvelles expressions sexistes qui sont apparues dans la langue depuis peu: les « femmes et les hommes » et les « certaines et certains ». Dans la langue française il existe un mode neutre qui se trouve être le même que le masculin, et c’est très bien comme ça.

          1. Sans finir par polluer votre intéressant blog par un propos un peu annexe, je me permets de vous répondre point par point.

            1) ma question sur le droit interrogeait non le droit moral mais seulement le Droit au sens du droit international ( étant un profane) . Pas de réserve simpliste ou curieuse donc, mais une question juridique.

            2) je ne suis point dans la repentance mais dans le questionnement. J’ai ouï dire que questionner notre légitimité permettait, humblement, de nous demander si l’on était faillible. À vous lire, je continuerai avec de plus en plus de fierté à me questionner.

            (Vendre fort cher un algorithme à peu près inutile ( mais tendance) , à des investisseurs grisonnants (mais voulant pathétiquement rester « dans le coup » ) et à des investisseurs jeunes et aussi inexpérimentés qu’exaltés n’est pas un fait d’arme en soi.

            Je l’ai mesuré a postériori en ….me remettant en question.)

            3) j’ai bientôt 57 ans et j’ai toujours utilisé depuis mes 18 ans l’expression  » les femmes et les hommes » sans n’avoir choqué qui que ce soit ( vous êtes le premier ) . Et sans pour autant me préoccuper des nouveautés en vogue.

            4) j’ose espérer que vous ne représentez pas les passionnés de Mars. Ce serait pour eux se voir affligés d’un communicant qui semble peu accessible aux opinions des autres et très convaincu de lui-même ( je peux me tromper, bien sûr, et si tel n’est pas votre caractère profond, veuillez m’excuser )

            En espérant que vous me publierez ,et avec le respect que je dois à une approche différente de la mienne, l’important étant l’option Mars si elle s’avère possible.
            Je le souhaite à la science en tous les cas.

  2. C’est à Etienne que j’ai envie d’écrire un mot et que je félicite de son message d’éveil, tout sauf bien- pensant: Votre oncle vous oppose des arguments tout sauf scientifiques; quant à justifier son point de développement de la recherche par l’utilisation de gilets pare-radiations, cela revient à envisager une guerre nucléaire pour fuir sur Mars… en privilégié, bien entendu! Un livre intéressant rien que pour vous: le recueil de nouvelles de Don DeLillo, L’ange Esmeralda, Actes Sud, Babel poche, 2013. Vous comprendrez pourquoi.

    1. J’ai cité les gilets anti-radiations parce que je les trouvais intéressants (on peut s’en servir dans d’autres circonstances que la guerre nucléaire mais pourquoi pas aussi dans cette circonstance; ce serait assez d’actualité). Je pourrais aussi mentionner les « biopods » d’Interstellar lab (Barbara Belvisi) qui permettront d’augmenter considérablement la productivité agricole en réduisant considérablement la pollution que cette activité peut générer
      PS: vous écrivez que seuls les privilégiés pourront s’enfuir sur Mars. Je réponds: 1) dans l’hypothèse d’une catastrophe planétaire, il vaut mieux que quelques personnes survivent plutôt que personne; 2) dans la même hypothèse, on aura besoin sur Mars de personnes qui auront le maximum de compétences nécessaires pour que la base, très faiblement peuplée, soit viable. Ce seront ces personnes là qui seront « privilégiées ».

  3. C’est une très bonne idée de relancer le sujet au moyen d’une lettre ouverte à votre neveu (et la combinaison en image aussi, elle symbolise beaucoup de choses). Votre neveu lira certainement l’article, et peut-être prendra-t-il connaissance d’un souhait : « Répondez à votre oncle par une lettre ouverte vous aussi ». Cela pourra être un échange plus constructif, entre personnes qui se font confiance, que les dialogues ayant déjà eu lieu dans le blog qui ont donné des cheveux blancs même quand on n’en a presque plus. L’écologie, la richesse financière bien dépensée, le luxe et les premières nécessités… Malgré le solide capital intellectuel des participants et leur puissance de raisonnement, les idéaux se sont affrontés au point de remettre en question l’amitié découverte lors de ces voyages spatiaux entre pilotes installés dans leurs chaises ergonomiques de bureau. La conclusion des passionnés de Mars débattant sur la protection du climat avait été : « Nous ne serions pas choisis pour faire le vrai voyage ensemble ! » Eh bien je pense qu’un oncle et son neveu auraient déjà beaucoup plus de chances, parce qu’affectivement et psychologiquement proches, ou au moins comme passagers dans un blog sécurisé qui a toujours tenu le coup malgré quelques vibrations. Venez, Monsieur le neveu, ce sera positif pour tout le monde !

    1. Vous avez raison Dominic. Quand on n’est pas d’accord, il faut parler…et je ne désespère pas que mon neveu se rende à mes arguments. Je ne lui en veut pas d’avoir les siens, « c’est de son âge » comme on dit.

      1. Encore quelques mots à l’attention d’Etienne: « Pensez au contraste affligeant qui existe entre l’intelligence radieuse d’un enfant en bonne santé et la faiblesse de pensée de l’adulte moyen… » (Freud, L’avenir d’une illusion, 1927). Votre oncle, M. Brisson, est un adulte exceptionnel, qui se rêve Noé procréant scientifiquement parmi les cailloux de la Mars Promise, après que le déluge qui nous guette, nous dont l’âge ne nous permet pas de nous ranger tout de suite à ses arguments, l’aura épargné. Restons des enfants créatifs et cultivons notre jardin, au sens de Voltaire. Bon dimanche et merci de cette opportunité de retrancher un peu de l’illusion d’échapper à notre fin inéluctable. Car Mars ne relève pas de la culture, mais d’un délire narcissique.

        1. Cultiver son jardin, ne veut pas dire ne pas en étendre la surface en acquérant un terrain voisin s’il apparaît qu’il soit possible de le faire. Voltaire prône l’épanouissement personnel dans la tranquillité et la sérénité (et il avait un très beau parc à Ferney). Je ne vois pas en quoi l’expansion de l’homme hors de son berceau nuirait à ce principe. Quant à votre dernière phrase (« Car Mars ne relève pas de la culture, mais d’un délire narcissique »), je ne la comprends vraiment pas.

          1. … parce que le neveu, côté Petit Prince, voit bien que le Monsieur Cramoisi ne sait pas dessiner un mouton et que l’oncle devient un Champignon… qui a oublié toutes les autres étoiles…

          2. C’est curieux comme on peut se tromper (vous, pas moi bien sûr)! Je n’ai pas « oublié toutes les autres étoiles ». J’en ai plein la tête et les yeux…vous n’avez qu’à lire mon blog, vous verrez. Je suis un Petit Prince qui a grandi mais qui n’a pas quitté ses rêves d’enfant. Etienne n’est pas plus jeune que moi, il est différent.

  4. C’est un peu comme dire, les monarques européens ont eu tort de payer des expéditions navales à la découverte de nouvelles routes maritimes parce que le peuple est pauvre.
    Ces pays sont devenus riches et le peuple en a bénéficié.

    Les problèmes ne doivent pas brider les ambitions. Le tourisme spatiale n’est pas de bon goût, mais cela permet à des entreprises de continuer le développement et qui sait, avec des conséquences d’être bénéfique pour des solutions à des problèmes actuels.

    L’humain a survécu parce qu’il cherche diverses solutions et non une seule. L’obsession CO2 pousse à choisir qu’un chemin alors que le bon sens est de ne pas brider les ambitions.

    L’impact CO2 du spatial est faible à l’échelle planétaire, le prétexte CO2 est hypocrite parce qu’avant il faudrait interdire les avions, voitures, …

    Dans la balance des effets positifs et négatifs, le spatiale est en équilibre.

    Face au CO2, c’est justement la diversification des recherches de pointes qu’il faut encourager même si il y a des effets négatifs.
    Comme parabole j’utiliserai l’image du poison. Le poison peut aussi guérir.

    En résumé, qu’on veuille limiter le CO2, c’est normal, mais la pire erreur c’est de brider la recherche et le développement de pointe.
    S’occuper de notre planète oui, mais en aucun cas, ça ne doit éliminer d’autres options complémentaires. Je ne vois pas l’intérêt de terraformer Mars, mais je ne serai pas opposé. Il suffit d’une météorite ou d’un super volcan pour rendre la Terre invivable.

    La question des milliards pour le spatial est aussi vieux que le spatial. Pourtant le bénéfice en valait la peine. Se priver du spatial par morale, c’est comme se priver de vacance parce que les ukrainiens sont sous les bombes. L’argent dans le sport est moins « morale » que pour le spatial.
    Le spatial attire les médias donc les critiques alors que d’autres domaines, à l’ombre, sont très néfastes.

  5. Bonjour,
    Et si vous lui parliez de l’expérience Biosphere II ?
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Biosph%C3%A8re_II
    Ce fut un échec entaché de mensonges, d’erreurs mais on apprend de ses erreurs. Pourquoi ne pas recommencer l’expérience sur une plus petite échelle et avec un suivi scientifique constant et rigoureux et s’assurer que l’oxygène ne manque pas? Cela servira aux terriens et à tout habitant de lieux en-dehors de la Terre. L’espèce humaine a exploré les fonds sous-marins, la surface de l’eau, des terres, les airs et l’espace. Bientôt aussi d’autres corps célestes! Pourquoi? Parce qu’il est curieux! Pas seulement de ce qu’on va y trouver mais aussi de ses capacités à relever des défis technologiques et scientifiques, de ce qu’il faut faire pour survivre dans les conditions les plus hostiles qui soient !
    Refuser de répondre aux besoins de curiosité ne peut pas permettre à l’homme de trouver des solutions aux problèmes qui lui tombent dessus par sa faute ou non.

    1. Vous avez tout à fait raison M. Lannoy. On apprend de ses erreurs. D’ailleurs MELiSSA qui est une organisation (ESA/ESTEC) qui travaille sur le recyclage intégral (Micro Ecological Life Support System Alternative) visant une boucle de vie fermée, est très consciente de l’échec de Biosphere II et a beaucoup construit sur cette base. Je me souviens d’une rencontre sur ce thème en 2017 à l’UniL ou était invité un des membres de l’expérience et ou les organisateurs étaient revenus précisément sur ce qu’il convenait de ne pas refaire (comme erreurs).

  6. Cher Monsieur,
    Je vous trouve bien omniscient envers la nouvelle génération – représentée par votre neveu – et qui devraient se rallier à votre opinion – représentée par votre savoir –
    Pourtant, l’histoire des sciences et plus globalement des connaissances humaines montre que les avancées se font à travers le regard renouvellé de personnes jeunes.
    Je n’adhère donc pas à votre vision condescendante de l’avenir et souhaite aux jeunes génération de trouver des solutions et de ne plus attendre sur les structures existantes, dirigées par des personnes peut-être trop agées pour générer le changement – la révolution – dont le monde d’aujourd’hui a besoin.

    Courage et ténacité à votre neveu!

    1. Il s’agit ici de continuer dans un projet, l’installation de l’homme sur Mars, ou d’y renoncer en fonction de l’urgence à accorder au sauvetage de la planète Terre. C’est une question de choix et bien sûr les générations futures le feront mais comme je suis encore en vie, je tiens à les influencer pour qu’elles fassent le bon choix, c’est à dire qu’elles ne sacrifient pas « tout » au profit d’une cause certes louable mais qui ne saurait être exclusive.

  7. Ne pas savoir estimer la vie, toute la vie, ne pas savoir la comprendre , ce n’est pas mériter la vie.
    Leonard de Vinci

        1. Si vous voulez mais je ne vois pas en quoi elle me concerne ni en quoi elle concerne mon article. Je répondrai donc que la communication c’est d’abord tenter de se faire comprendre par celui à qui on s’adresse.

          1. Si vous voulez aller répandre la vie sur Mars, la vie sur terre devrait vous intéresser.

          2. Ne vous inquiétez pas sur mon compte, la vie sur Terre me passionne. Je suis en même temps très inquiet sur le passage par l’humanité de son pic de population. Plus de 10 milliards d’habitants (avec plusieurs hypothèses) va être très difficile compte tenu de nos ressources et de la très difficile répartition.

  8. @ Aline / 9 juillet 2022, 22h24.
    Léonard de Vinci hier et aujourd’hui

    « La science » recouvre un domaine très vaste où le savoir véritable n’est pas accessible à tous, mais les représentations évoluent et cela a une incidence sur la vie de tous les jours, y compris dans les rapports humains. Les connaissances scientifiques en chimie et physique se dirigent bien vers la compréhension de la vie, mais ne répondent pas à elles seules comment nous voulons et pouvons vivre. Les sciences humaines ne sont pas plus humaines que la biochimie sans laquelle la médecine actuelle n’existerait pas. Le médecin, le neurologue, le chercheur en histologie et embryologie, ou génétique travaillent en plein la vie, et pour eux la transmission des connaissances est essentielle, celles dans le présent bien sûr, mais avant cela celles acquises au cours du temps. Les savoirs du passé ne se dérobent pas sous les échafaudages des centres de recherche, la science grandit, elle a un âge qui se calcule sur le calendrier, exemple : la génétique a 70 ans. J’ignore l’âge de Crick et Watson quand ils ont fait leur découverte, leur regard était à ce moment certainement pétillant, mais peut-être avaient-ils déjà leurs premiers cheveux gris… Alors en disant plus simple, je ne crois pas que les regards jeunes soient le puissant moteur des grandes avancées en science ! Le regard jeune nous offre sa vision de la vie qu’il espère ou exige pour le futur, et en 2022 même dans l’immédiat, ce qui nécessite immanquablement de commencer par briser afin de pouvoir librement reconstruire. Casser les entreprises trop prospères telles que les Pharmas qui « rendent malade » et tout le reste que nous avons acquis « pour notre malheur ».

    Revenons sur ce que l’on inclut dans « les sciences », et parlons du « regard jeune », par exemple sur la psychologie faisant partie des « sciences humaines ». Y a-t-il eu de grandes découvertes en psychologie, faites par des personnes jeunes de notre époque ? Non, il y avait dans ce domaine des pionniers déjà très anciens qui n’étaient pas écoutés, ou même moqués parce qu’ils heurtaient les solides représentations largement admises. La compréhension de la psychologie de l’enfant à laquelle nous adhérons sans peine aujourd’hui rejoint les théories de quelques psychologues impopulaires des années trente. Le rouleau compresseur des détracteurs a mis beaucoup, beaucoup de temps pour s’alléger et finalement sortir de ses ornières. Ce ne sont pas les psychologues, à leur époque, qui ont « fait l’école », ni eu une prise positive sur les familles ayant besoin d’aide, ils étaient trop en amont et ignorés des acteurs directs pour avoir l’espoir de mieux éclairer les esprits. On peut comprendre que la psychologie, qui n’est pas vraiment une science (les théories ne sont pas démontrables), fasse l’objet de beaucoup de mises en doute. Pourquoi donc la véritable science, s’appuyant sur des démonstrations, semble n’inspirer à l’heure actuelle pas plus confiance… J’estime que le mouvement écologiste en est largement responsable,

    L’écologie est-elle une science ? Sans les sciences que je cite plus haut, l’écologie ne pourrait s’appuyer sur rien, mais comme elle vise à dévorer la personne humaine pour en créer une nouvelle depuis le cerveau jusqu’aux pieds qui marchent, le terme « science » s’étend à tout ce qui nous fait vivre, illusions incluses. Le mot d’ordre est : « Soyons sains sur une terre saine, marions-nous avec la nature ». Et l’on montre du doigt les dissidents dans ce climat totalitaire d’apprentis de la vie, ou de largués qui veulent reprendre pied dans une nouvelle société où pouvoir espérer se sentir plus à l’aise.

    C’est une bonne chose que vous ayez songé à Leonard de Vinci, artiste et précurseur de l’anatomie. Il s’est précisément heurté aux détenteurs du savoir en sciences humaines, il y a 500 ans. Pas besoin de remonter si loin dans le temps pour comprendre que les scientifiques n’ont de nouveau pas la vie facile : leur savoir fait du tort, il faut s’en détourner, la nature nous offre ses fruits qu’il suffit de cueillir…

    (M. Brisson : À vous de choisir si ce long commentaire présente un intérêt, je comprendrai si vous estimez qu’il est trop lourd.)

    1. Merci Dominic. J’aime bien votre « je ne crois pas que les regards jeunes soient le puissant moteur des grandes avancées en science ». Je pense exactement la même chose. Une idée, un raisonnement, ne sont pas bons, à adopter ou à développer parce qu’ils sont portés par un jeune plutôt qu’un vieux (ou une femme plutôt qu’un homme, ou un noir plutôt qu’un blanc).
      Je crois aussi qu’on ne peut rien construire sans avoir en tête ce qu’on a fait dans le passé. Même si l’on veut changer les choses, il faut pouvoir le faire après avoir acquis la connaissance du sujet que l’on veut traiter. Une étude critique du passé est certes nécessaire pour éviter de continuer dans des ornières mais je ne vois pas en quoi faire différemment serait forcément mieux et avant de faire « différemment » il faut d’abord savoir ce qui a été fait.
      J’ai vécu quelques temps en Corée, pays imprégné de culture confucéenne où l’on a le respect des anciens. Je pense que cette attitude n’est pas incompatible avec le progrès mais un progrès solide car ancré dans le passé. Les Coréens ont amplement démontré qu’ils étaient à la fois totalement modernes et très solides sur leurs fondements. Cela leur évite sans doute de s’égarer dans le marais de tout ce qui est « nouveau » qui serait de ce seul fait, « mieux » (ce qui n’exclut pas que les Coréens vivent avec leur temps).

  9. Vous parlez du Starship comme d’une solution pour se déplacer d’un point de la Terre à un autre , plus facilement et plus rapidement qu’en avion !?
    Mais , c’est une erreur , une hérésie , parce que le problème comme nous l’ont montré les derniers tests avec le starship , c’est que l’on envoie pas une fusée comme un avion, des conditions bien plus drastiques doivent être remplies avant d’avoir le feu vert pour partir , alors , vous pourriez attendre des jours sur un pas de tir avant de vous envoler , ruinant cette option pour des vols intercontinentaux !!!
    Des avions hypersoniques sont déjà à l’étude pour succéder au défunt concorde avec bien plus de chance de succès que les fusées d’Elon Musk …
    De plus, la rentrée dans l’atmosphère serait une épreuve réservée aux personnes en très bonne santé , pas une majorité …
    Il ne faut pas confondre l’exploration spatiale et l’aviation , mais je n’irais jusqu’à freiner la première pour espérer accélérer la défense de la biodiversité , parce qu’on sait toutes les technologies qu’elle nous a apportées indirectement pour la transition énergétique et technologique en général …

    1. Le 27 mai 1905, lors du premier vol avec moteur, contrôlé, par Ferdinand Ferber bien peu d’êtres humains n’imaginaient que l’avion devienne un moyen de transport banal. De même avec le train dans les années 1840.

      1. « …bien peu d’êtres humains n’imaginaient que l’avion devienne un moyen de transport banal. »

        Bien peu d’êtres humains n’imaginaient que l’avion, comme la sacro-sainte bagnole, devienne un moyen de transport aussi polluant, eux non plus.

        Mais on n’arrête pas le progrès.

        Bien sûr, je vous taquine, cher Monsieur Brisson. Vous allez me remonter les bretelles comme il se doit, je n’en doute pas. Peut-être me direz-vous même que l’avion ne pollue pas plus qu’Internet, que nos ordinateurs et nos smartphones et vous sauriez sans doute raison. Mais quand même…

        Combien de gens n’ont-ils jamais pris ‘Easy Jet’ sans en faire un drame pour autant? Et avec une personne sur six menacée de pauvreté en Suisse, selon les derniers chiffres de l’Office Fédéral de la Statistique (OFS), combien peuvent-ils même ne serait-ce que rêver d’avoir une voiture ou de s’offir quelques jours de vacances?

        Mais peut-être devrais-je poser cette question à Etienne, dont je salue au passage le sens ethique, qui n’a rien à mon avis de « bien-pensant » – au moins votre neveu a-t-il le mérite de penser… Ne nous rappelle-t-il d’ailleurs pas les questions que nous nous posions à son âge?

        1. Merci A.Ldn. Non je ne vais pas vous remonter les bretelles. Vous avez raison sur la descente en pauvreté. Ce n’est pas un sujet de dérision car c’est une perspective tragique pour certains. Je pense cependant que ce ne sont que les économies libérales qui peuvent limiter ce risque, en favorisant le travail conduisant à une offre objet d’une demande, donc à l’accroissement de la richesse pour tous (et à l’adoucissement des difficultés de la vie pour les plus pauvres).
          Vous n’allez peut-être pas me croire mais j’ai été « de gauche » dans ma prime jeunesse (je ne me souviens plus très bien mais ce devait être avant que j’atteigne les 20 ans). Ensuite j’ai voulu comprendre et j’ai appris l’économie. J’ai même écrit ma thèse sur les tentatives de réformes en Union Soviétique (Evsei Liberman). Ca change les perspectives en montrant qu’en voulant faire le bien, on fait souvent le mal.

          1. Merci à vous. Si, je vous crois d’autant plus volontiers que J’étais étudiant et journaliste stagaire en Californie au milieu des années soixante quand la révolte estudiantine a éclaté au campus de Berkeley en décembre 1964. Mais les révoltés des années soixante étaient en majorité des « fils et filles à Papa » qui ne se privaient pas de cracher dans la soupe des bourgeois qui les nourrissaient, tout au contraire de la génération précaire des étudiants d’aujourd’hui, obligés pour trois-quarts d’entre eux de travailler à temps partiel à côté de leurs études pour subvenir à leurs besoins et sans autres perspectives d’avenir que celles, futiles, que font l’école et l’université aux pauvres de l’ère technologique, comme dirait Ivan Illich.

            Pour en venir à votre thèse, avec Evsei Liberman vous avez choisi un sujet non seulement passionnant, j’en suis certain, mais aussi essentiel pour comprendre la période post-stalinienne jusqu’à la perestroïka de Gorbatchev, me semble-t-il. Permettez-moi d’évoquer un souvenir personnel à ce sujet:

            En été 1974, je me trouvais à Khabarovsk, dernière grande ville de l’Extrême-Orient russe où la liberté de ton critique des représentants officiels (Intourist, administration, etc.) envers le pouvoir centralisé de Moscou, qui gouvernait à huit fuseaux-horaires de là, et en particulier de Leonid Brejnev, alors chef de l’Etat, m’avait étonné. Nul ne cachait sa déception de l’économie planifiée et centralisée, ni ses aspirations au consumerisme à l’occidentale – que la jeunesse américaine et européenne rejetait alors. Si les réformes proposées par Liberman n’ont pas été suivies, n’est-ce pas en grande partie à cause de Brejnev et des caciques du parti communiste, qui y voyaient une menace pour l’économie centralisée d’état?

            Après la mort de Brejnev, Iuri Andropov, alors à la tête du KGB, avait ordonné une étude secrète sur les répercussions qu’auraient eues les réformes d’Evseï Liberman sur l’économie du Plan. Or, elles se sont toutes révélées négatives. C’est ce qui aurait amené Gorbatchev à adopter les propositions de Liberman pour lancer la Perestroïka, dont Alexandre Zinoviev disait pourtant qu’elle était « un parangon de farce stalinienne ».

            Oui, l’enfer est pavé de bonnes intentions. Et celui de l’avenir radieux et des lendemains qui chantent ne tourne-t-il pas vite, comme disait Zinoviev (encore lui) en « avenir du saucisme et des lendemains qui sentent »?

            Cordialement,

            A. L.

          2. Dans le monde réel, ce qui est terrible c’est que ces « Messieurs de l’Etat » comme disait Frédéric Bastiat, ont tendance à penser qu’ils doivent et peuvent tout organiser. De ce fait ils corsettent la vie économique et la momifient car ils sont incapables de la saisir dans toute son ampleur et de s’adapter en fonction des besoins des gens et des changements technologiques. Ils ont donc tendance à fausser les systèmes de production et de diffusion des biens et services, empêchant les mutations et courant après les désastres qu’ils ont créés pour les réparer. Leur entreprise est d’autant plus vaine que leurs directives sont profondément transformées au travers des diverses strates administratives qu’elles doivent franchir entre le sommet et la base.
            La Perestroïka n’a pas marché parce qu’elle n’allait pas assez loin dans la responsabilisation des agents économiques par rapport à l’administration. Mais de toute façon il me semble qu’il était impossible de sortir sans casse du système économique totalement faussé dont avait hérité Gorbatchev.
            Aujourd’hui l’interventionnisme d’état en France tend à revenir à ce système, en partant de l’autre côté. A mon avis, cela présage des moments très difficiles localement, avec hélas des conséquences graves pour les voisins européens.

  10. Estimer l’impact CO2 d’un starship ou n’importe quelle autre mission spatiale en ne tenant compte que du carburant qu’on met dans le lanceur c’est comme mesurer l’impact de la formule 1 en ne mesurant que l’essence brulée en course et en oubliant celle des 100’000 spectateurs qui viennent au Grand Prix. La conception, la construction, la validation et les opérations de ces lanceurs nécessitent des milliers de meeting auxquels les personnes se rendent en général en avions, les matériaux et les processus très spécialisés utilisés dans le spatial sont aussi très énergivores (notament les fibres de carbone), de même que les opérations des salles blanches climatisées, ventilées, filtrées et tous leurs « consommables ». Et il faut compter aussi l’énergie nécessaire à la production des carburants et comburants qui vont remplir les réservoirs du lanceur. Un bilan sérieux et objectif mérite d’être fait

    1. Certes Monsieur Wildi, il y a des dépenses que je qualifierais d' »annexe ». Mais ce que vous dites est vrai du développement initial de toute nouvelle technologie. Il faut raisonner « toutes choses égales par ailleurs » autrement on défavorise l’objet auquel on affecte toutes ces « annexes ».
      Il faut aussi considérer une nouvelle technologie sur ce que pourra être sa « vitesse de croisière », lorsque les process seront rodés et l’utilisation aura augmenté de telle sorte qu’on puisse profiter des économies d’échelle.
      Il faut encore ne pas désespérer du progrès. Ainsi, une startup récemment remarqué par l’ESA-BIC (dont je parlerai la semaine prochaine) a conçu un système pour produire de l’hydrogène dans des conditions très économiques en utilisant l’énergie solaire.
      Pour terminer je ne sais pas si vous avez remarqué mais les gens se déplacent moins et travaillent beaucoup à distance, grâce à des technologies qui requièrent certes de l’énergie mais moins qu’un déplacement en avion.

  11. Peut-être faudrait-il préciser ici que le trafic aérien ne compte que pour 2,5% dans les émissions anthropiques mondiales de CO2, et pour 3,8% pour ce qui est de tous les GES (gaz à effet de serre), principalement le méthane, CH4, et les divers oxydes d’azote, NOx, dont particulièrement le protoxyde d’azote, N2O, qui est près de 300 fois plus « efficace » que le CO2 en PRG (potentiel de réchauffement global).

    Pour la Suisse en particulier, le bilan est tout à fait différent, car, dans leur calcul, les émissions des vols au départ de la Suisse (le plein est fait en Suisse pour le trafic aérien international) sont comptés jusqu’au prochain atterrissage (!), selon les conventions internationales de calcul. Ainsi pour le CO2 dû à l’aviation c’est 13,5%, et 11% pour tous les GES. Pour l’année 2019 (dernière année dite « normale »), sur les 42,5 MtCO2 (millions de tonnes de CO2) émis par la Suisse, 5,8 MtCO2 sont dues à l’aviation, et sur les 52 MtCO2éq (millions de tonnes en équivalent CO2 pour tous les GES), 5,9 MtCO2éq.
    Ces chiffres se trouvent dans une étude récente de la SCNAT (Académie suisse des sciences naturelles) :
    https://scnat.ch/fr/uuid/i/81d6af2e-432d-5dff-b961-b50e788704e8-Emissions_des_transports_aériens_et_leur_impact_sur_le_climat

    Pour être complet, et en ne comptant pas le trafic aérien international, les vraies émissions « nationales » de CO2 étaient de 36,85 MtCO2 et celles des tous les GES de 46,09 MtCO2éq (dont 2,99 MtCO2éq dues au N2O !) en 2019, selon l’OFEV (Office fédéral de l’environnement, publication du 6 juillet 2022, état avril 2022) :
    https://www.bafu.admin.ch/dam/bafu/fr/dokumente/klima/fachinfo-daten/CO2_Statistik.pdf.download.pdf/CO2_Publikation_fr_2022-07.pdf

  12. Cet échange m’a bien fait sourire.
    Incroyable de voir à quel point le monde occidental abrite un nombre important de gens qui votent à gauche, qui ont toutes les meilleures intentions et les meilleures valeurs du monde, qui réclament du capitalisme vivant dans des pays capitalistes, le ventre bien plein, mais n’iront jamais vivre leur bonheur socialiste/communiste dans des pays tels le venezuela, ou la rumeur court qu’il n’y aurait plus de chiens de rue car ils ont tous été mangés.
    Alors, autant je ne suis pas d’accord sur l’interprétation de votre neveu sur les fameux riches, ou super riches.
    Autant je trouve qu’il a raison sur un point.
    Il y a énormément à faire ici bas.
    On attend toujours que le cancer soit vaincu, parkinson, et autres maladies qui font des ravages par millions dans le monde.
    C’est un débat qui a eu lieu entre elon musk, dont je suis pas spécialement un grand fan, avec un milliardaire chinois dont j’ai oublié le nom.
    Ce dernier rappelait à musk que lui son combat était pour que les gens vivant sur terre puissent avoir une meilleure qualité de vie tandis que musk lui voyait ce qui pourrait arriver à la planète terre, qui sera détruite par le soleil, d’ici plusieurs millions d’années.

    En ce qui concerne ce vieux débat public/privé je dirais juste ceci.
    Il est très facile de promettre monts et merveilles avec de l’argent qui ne vous appartient pas.

  13. Selon l’ESA, l’Europe démocratique et occidentale fera partie du 1er équipage sur MARS APRÈS 2030, grâce aux gouvernements PUBLICS (comme le succès du télescope spatial James-Webb) et tirant les lessons du programme lunaire d’ici a 2030…
    https://www.esa.int/Science_Exploration/Human_and_Robotic_Exploration/Exploration/Terrae_Novae_Europe_s_exploration_vision

    En attendant d’être sur Mars, nous pouvons régler la question du changement climatique et mettre au pas les dictateurs qui violent le droit international en créant d’amples sanctions…

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À propos de ce blog

Pierre Brisson, président de la Mars Society Switzerland, membre du comité directeur de l’Association Planète Mars (France), économiste de formation (University of Virginia), ancien banquier d’entreprises de profession, planétologue depuis toujours

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